La motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier a été adoptée ce mercredi 4 novembre 2024, au soir, à l’Assemblée nationale. Conséquences directes de ce vote : le projet de loi de financement de la sécurité sociale n’a pas été adopté, ni le projet de loi de finances pour 2025 dans son intégralité. De quoi impacter directement le fonctionnement des entreprises. En Haute-Garonne, à 45 minutes au sud de Toulouse, Delphine Balerdi est directrice d’une clinique privée à Verdaich depuis une dizaine d’années. Une clinique qui emploie 220 salariés et génère un chiffre d’affaires annuel de 19 millions d’euros, mais son directeur affirme « très très inquiet » pour l’année à venir.
“Je ne sais pas si je peux équilibrer les dépenses”
“C’est l’Etat qui fixe aujourd’hui à ma place mes ressources financières, via un objectif de dépenses, indique Delphine Balerdi. Et cet objectif de dépenses ne tiendra pas compte des effets que nous avons pu avoir sur l’inflation au cours des deux dernières années, ainsi que de la possibilité de voir une augmentation salariale adaptée pour nos employés. J’ai à peu près triplé le montant du budget énergétique entre 2022 et 2024. Mes prix ont augmenté de 1% depuis 2020. Les marges que nous générons n’étaient déjà pas très importantes, et elles ne vont pas nous permettre aujourd’hui de tout prendre en charge. ces augmentations sont liées à l’inflation. Je ne sais pas si je pourrai équilibrer aujourd’hui les dépenses que j’ai engagées pour prendre en charge les patients qui nous ont été confiés au cours de l’année 2024. »
Mathieu Dumas est directeur général du Groupe Crespy, une entreprise de construction présente à Toulouse, Revel et Carcassonne et spécialisée dans la rénovation de bâtiments. Cette entreprise emploie 90 personnes, mais son dirigeant doit déjà faire des choix vitaux pour la maintenir en vie. « Ces deux ou trois dernières années, nous avions entre 40 et 50 intérimaires. Pour les six prochains mois, je n’ai que deux intérimaires, puis je n’en ai plus du tout pour les six derniers mois de 2025, car je n’ai plus de travail aujourd’hui, donc tous les intérimaires se retrouveront au chômage.»
« Une vision sur 6 mois, contre habituellement un an »
« J’arrive à préserver mes salariés pour les six prochains mois et il y a deux ou trois ans, j’avais une vision d’environ un an de carnet de commandes. Aujourd’hui, cela ne fait que six moisdéplore Mathieu Dumas. Cela représentera donc une baisse d’environ 30% de mon chiffre d’affaires. Plus le gouvernement tarde à décider, plus la crise durera. Là, cela va durer plusieurs trimestres, voire des semestres et peut-être que cela va durer plus d’un an. Si la situation perdure encore six mois, la crise sera encore plus dure, avec encore plus de faillites et de chômeurs.prévient le gérant.
Mathieu Dumas précise également qu’en 2024, la situation était déjà difficile, avec à peine 250 000 mises en chantier contre 360 000 lancées en 2023. 2025 approche “encore pire”selon le patron du Groupe Crespy.