Ils furent menacés d’expulsion et leur lieu de résidence de destruction. Mais, après trois reports des délibérations lors des conseils municipaux de Rouen (Seine-Maritime) et une rencontre avec le maire socialiste de la ville, Nicolas Mayer-Rossignol, les habitants d’origine sénégalaise et mauritanienne du Foyer Moïse, soutenus par les Associations Échelle Inconnu et Solidarité des Résidents et Protection des Foyers de Migrants (Soresfom) ont obtenu la suspension du permis de démolir le logement, qui aurait été remplacé par une résidence sociale.
Ces résidents ressentent toujours la pression du gestionnaire, Coallia, qui « après des années d’abandon du site, continue sa volonté d’expulser les résidents », explique Julie Davainne, membre d’Échelle Inconnue. Le groupe « met des croix rouges sur les portes comme des arbres à abattre et condamne brutalement les portes. Les habitants ont donc voulu se mobiliser pour montrer qu’ils vivent toujours ici. Qu’ils sont chez eux. » Ainsi, ce samedi 30 novembre, une cinquantaine d’habitants, anciens locataires, leurs familles et amis sont venus participer à l’opération « Prévention, premiers secours et gestes de sauvetage ».
Il s’agit de la première étape d’un plus vaste projet de réhabilitation, qui a été présenté au maire de Rouen lors de son assemblée. « Déjà, le maire a reconnu que ça ne coûtait pas plus cher qu’une démolition/construction, mais seulement que le financement était plus difficile à trouver », se réjouit Yann Mouton, membre de Soresfom. « Au bout de trois heures, il a décidé de suspendre la décision de démolir. Il nous a dit qu’il n’était pas pour l’une ou l’autre option, mais qu’il fallait objectiver tout cela. Nous allons donc monter avec les associations un projet de co-construction sur le plan financier, architectural et managérial. Nous proposons des chambres et un tiers-lieu. Et ce ne seront pas des bulldozers ! »
Ainsi, pendant une journée entière, la cinquantaine de bénévoles se sont mobilisés au réfectoire, sur les paliers, dans les salles d’alphabétisation et de réunion ainsi qu’en cuisine « lors d’ateliers de réhabilitation symbolique », reconnaît Yann Mouton, qui insiste : « Une journée de nettoyage ne pourra pas compenser 15 ans d’abandon de la part du gérant. »
Cependant, l’espoir se lisait sur les visages des participants, à l’image du délégué Moussa Dia, l’un de ceux qui étaient présents à la rencontre avec le maire. « Cela fait des années que nous demandons des réparations et de l’hygiène », souligne-t-il. « Nous avons été abandonnés et là, des jeunes ont répondu à l’appel pour nous aider. Cette opération montre que nous pouvons prendre soin de la maison. Nous avons même reçu le soutien d’un jeune entrepreneur indépendant du nettoyage, neveu de l’international Ousmane Dembélé. Il venait de Gaillon (Ton) avec son équipe, son matériel et nous a proposé les produits. C’est ça la solidarité ! »