En Haute-Vienne, les élections municipales se jouent derrière les législatives : « Si on se retire, le RN passe »

Ce lundi, les candidats de l’Alternative républicaine sont partis en force. Derrière ce choix, 2026 commence déjà à s’écrire.

“Nous sommes les faiseurs de rois, nous allons être très demandés.” La scène est un peu incongrue. Dimanche soir, alors que les résultats ne sont pas encore connus, Benjamin Battistini, remplaçant de la candidate Modem Marie-Ève ​​Tayot, passe devant la salle Jean-Pierre-Timbaud, où sont rassemblés les Insoumis. La discussion commence.

« C’est toujours important de se parler », plaisante l’élu LR Limougeaud. Comment lui donner tort, alors que le RN pourrait remporter une voire deux circonscriptions en Haute-Vienne ?

« Si on se retire, c’est le RN »

Cette situation politique pose sérieusement la question du maintien des candidats de l’Alternative républicaine, arrivés en troisième position, dans les trois circonscriptions.

« Parlez-vous sérieusement ou faites-vous de l’humour », demande Gilles Toulza, candidat dans le nord du Département, en référence à Jacques Chirac, lors de sa campagne pour la présidentielle de 1995 ? Bien sûr, je tiens bon. 15 000 électeurs m’ont fait confiance et ils ne veulent ni du RN ni de LFI. »

Sa collègue de la 1re circonscription, Isabelle Négrier, a donné la même réponse, la référence historique en moins. « Je suis toujours dans le même état d’esprit, explique l’adjointe au maire de Panazol. Nous sommes toujours dans une stratégie de défense des valeurs républicaines. » L’élue n’a donc pas entendu l’appel de Damien Maudet dimanche soir. « Guillaume Guérin et ses candidats pourront-ils regarder les vétérans de Mont Gargan s’ils élisent le RN ? »

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Cette possibilité est surtout très prégnante dans la deuxième circonscription, où le RN est arrivé en tête avec 19 voix d’avance sur le socialiste Stéphane Delautrette. Contrairement à l’assurance de ses collègues, Marie-Ève ​​Tayot a choisi de « prendre le temps de la réflexion », explique-t-elle. Au MoDem, deux lignes cohabitent : retrait ou maintien. « La décision doit être cohérente avec nos alliances locales et mon parcours », explique l’élue limougeaude, victime d’insultes depuis dimanche soir.

Quelles sont les conséquences d’une éventuelle maintenance ?

Le discours de Gabriel Attal depuis Matignon a mis la pression sur les élus locaux, qui pourraient se retrouver, du moins temporairement, à contre-courant de l’Histoire.

Mais en Haute-Vienne, ce n’est pas Gabriel Attal qui décide, mais Guillaume Guérin. «Pour l’instant, les trois tiennent bon», explique le président de Limoges Métropole, alors que la date limite de dépôt des candidatures est prévue mardi à 18 heures. Au Modem, la situation ne pose pas trop de difficultés.

“Il y a des circonstances locales qui peuvent nous amener, non pas à dévier, mais à ajuster les positions nationales”, explique Vincent Jalby, premier adjoint Modem au maire de Limoges.

Paradoxalement, le maintien des candidats de l’Alternative Républicaine n’offre pas seulement des désavantages à la gauche. À Panazol, où Isabelle Négrier a gagné, le maire Fabien Doucet veut alerter la gauche. « Si on se retire, c’est le RN qui passe. »

C’est un peu la même chose dans la troisième circonscription, mais le faible écart entre Manon Meunier et le RN ne constitue pas une garantie suffisante pour éviter qu’un report de voix, notamment dans le secteur agricole, ne donne la victoire à Albin Freychet.

Dans le sud du département, Stéphane Delautrette pourrait également bénéficier de reports, même si le candidat du Modem reste.

Limoges 2026 ?Les candidats de gauche ne sont pas sûrs de bénéficier du retrait de leurs adversaires républicains

Derrière ces positions, l’écriture du scénario des élections municipales de 2026 a déjà commencé et l’objectif pour le bloc central est d’afficher son unité et sa cohérence. C’est une guerre de positions qui se joue.

A Limoges, la gauche a rassemblé plus de 20 000 voix, dont plus de 16 000 pour les candidats insoumis, ce qui offre à Guillaume Guérin d’importantes occasions de division parmi ses adversaires.

Dix ans après l’élection d’Émile Roger Lombertie, Limoges est-elle devenue une ville de droite ?

Il n’empêche que le bloc d’extrême droite (RN + Debout la France) rassemble 14 000 voix, soit une centaine de plus que l’espace central. La question se pose de savoir qui phagocytera l’autre.

Après avoir joué le triangle aux législatives, la droite entendra-t-elle le tocsin ou les trompettes de la gloire ?

En Haute-Vienne, où se profilent trois courses à trois, le maintien des candidats de droite pose question

Sébastien Dubois

 
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