Certes, les électeurs de la troisième circonscription ont placé Boris Vallaud en tête des voix de ce premier tour des législatives avec 37,10% des voix (26.235 voix). On ne peut toutefois pas dire, ce dimanche 30 juin, que la tradition soit respectée dans ce bastion de la gauche depuis 1978, qui n’a cessé de se renforcer sous l’ère d’Henri Emmanuelli. Seulement 1.070 voix séparent le député sortant et la candidate du Rassemblement national, Sylvie Franceschini, qui a récolté 35,59% des voix (25.165 voix).
»> Retrouvez tous les résultats des élections législatives dans le département des Landes
Le parti de Jordan Bardella, qui avait obtenu 18,78 % aux législatives de 2022, a réalisé une percée sans précédent.
Dans plusieurs communes, la candidate du RN est même arrivée en tête, notamment à Aire-sur-l’Adour, où elle a obtenu 35,49% contre 34,91% à Boris Vallaud. Dans les autres anciens chefs-lieux de canton, le scénario a été le même : 33,56% à Amou (33,33% pour Boris Vallaud), et 34,32% à Pouillon (33,48% pour le député sortant). A Tartas, elle a pris une avance encore plus large avec 39,94% contre 33,62% à Boris Vallaud.
50% à Mugron
Il n’y a qu’à Mugron, fief d’Henri Emmanuelli, que Boris Vallaud est loin devant, avec 50% des voix, contre 32,55% pour Sylvie Franceschini. A Saint-Sever, commune où le candidat du Nouveau Front populaire a son bureau, il est en tête avec 37,71% contre 32,28% pour le Rassemblement national.
Nouveau Front populaire et Rassemblement national sont donc au coude à coude dans cette circonscription ancrée à gauche et jusqu’ici imprenable. Sylvie Franceschini propose une explication : « Les Landais ont été déçus par M. Vallaud, réagit-elle. M. Emmanuelli était un grand homme, qui a fait beaucoup pour son territoire, contrairement à son successeur qui se lie d’amitié avec LFI. Les Landais veulent préserver leur territoire, leur culture, leurs traditions et je me bats pour cela. »
“Je tends la main”
Désormais engagés dans un duel, les deux candidats affûtent déjà leurs armes. « Si je suis en tête au premier tour, ce n’est pas non plus par hasard, c’est parce que les électeurs me connaissent depuis sept ans. J’ai rencontré des milliers de Landais, j’en ai reçu des centaines dans mon bureau », souligne Boris Vallaud. Qui lance déjà un tacle à son adversaire du second tour : « C’est une candidate dont les Landais ne connaissent ni le visage ni la voix, qui a fui les débats, qui a refusé de répondre aux préoccupations des agriculteurs. Elle n’est pas disponible pour les électeurs dans cette campagne, elle ne le sera évidemment pas après. »
« Je tends la main car je sais qu’il y a beaucoup à réparer dans cette société »
Reste que les voix des autres candidats de cette circonscription, notamment Tom Gillet Duffrechou (Ensemble !, 16 %) et Brice Saint-Cricq (Les Républicains, 7,8 %), pèseront aussi au second tour, en fonction du panier dans lequel ils se situeront. « Marie-Laure Lafargue et Jean-Marc Lespade ont dit se retirer au profit des candidats des Républicains Geneviève Darrieussecq et Lionel Causse, poursuit Boris Vallaud. J’attends des candidats des Républicains qui se présentaient dans cette troisième circonscription pour la majorité présidentielle ou Les Républicains qu’ils disent clairement aujourd’hui qu’ils me soutiennent. Je tends la main car je sais qu’il y a beaucoup à réparer dans cette société. »
Un appel entendu par Tom Gillet Duffrechou, qui totalise 11 310 voix (16 %). Il a déclaré dimanche soir « tous les Républicains doivent réagir. J’appelle évidemment à faire barrage à l’extrême droite. » Mais pas par Les Républicains : « On ne peut jamais appeler à voter pour des candidats de gauche ou soutenus par la gauche car cela reviendrait à cautionner les propos de M. Mélenchon, qui a revendiqué encore cette semaine le droit de rire de la mort d’un policier, d’un gendarme ou d’un militaire, car là, la ligne rouge est franchie. »
