L’incendie s’est propagé d’un navire à l’autre en raison des forts vents qui soufflaient sur l’archipel. « Le vent venait du sud, a expliqué le maire des Îles-de-la-Madeleine, Antonin Valiquette. S’il était venu de l’autre côté, les flammes auraient pu se propager au reste du parc, où se trouvent une centaine de bateaux. Ça aurait pu être bien pire et ça aurait aussi compliqué l’intervention des pompiers. »
Plus de trois heures pour lutter contre l’incendie
Une trentaine de pompiers ont été appelés en urgence lorsque l’alarme a été donnée à 4h20 du matin. L’appel d’urgence a été lancé par des pêcheurs qui se trouvaient sur le quai. «Au début, le feu était plus petit», raconte M. Valiquette. Puis, avec le vent, cela s’est rapidement enflammé de manière incontrôlable.
Selon lui, les pompiers ont dû éviter de prendre des risques afin d’assurer leur sécurité. « Ils ont dû arroser les bateaux sur un quai qui a également été endommagé par l’incendie », précise-t-il. L’événement a nécessité un gros travail de coordination de la part des différentes casernes de pompiers de l’archipel. Il a fallu plus de trois heures aux pompiers pour maîtriser les flammes. L’incendie a été circonscrit vers 7h30. Par la suite, les pompiers ont dû surveiller les points de combustion dans la structure portuaire pendant plusieurs heures.
« Je tiens à souligner l’excellent travail des pompiers », a déclaré le maire Valiquette, d’autant plus que les vents violents, la pluie et le froid n’ont pas facilité leur combat.
La cause de l’incendie est inconnue pour le moment. Une enquête va tenter d’en déterminer la cause exacte. « Tout porte à croire qu’il s’agit d’un accident, précise Antonin Valiquette. Selon les premiers témoignages et les caméras de surveillance du quai, le feu aurait démarré dans un bateau. Puis, avec le vent, les flammes se seraient propagées aux autres bateaux. »
De lourdes pertes
Les cinq bateaux sont une perte totale. Deux carcasses complètement carbonisées flottent encore et trois épaves encore amarrées ont coulé. Le désastre représente de lourdes pertes pour leur propriétaire et son équipage. «Pour les cinq capitaines et les aides-pêcheurs qui travaillent sur ces bateaux, c’est un coup dur», confirme M. Valiquette. « C’est leur gagne-pain et c’est l’investissement d’une vie pour les capitaines. Et cela arrive avant la fin de la saison.
Même si les capitaines-propriétaires sont normalement assurés, il n’en demeure pas moins que c’est leur entreprise qui est partie en fumée. « Ce sont des investissements de plus d’un million de dollars par bateau, évalue celui qui est également président de la Communauté maritime des Îles-de-la-Madeleine. Au-delà de ça, pour plusieurs Madelinots et pêcheurs, un bateau, c’est pratiquement un membre de la famille ! Ils y mettent tellement de temps, d’énergie et de sueur qu’on peut presque parler d’une parenté entre les pêcheurs et leur bateau ! » Selon M. Valiquette, une grande vague de solidarité et d’entraide déferle sur les cinq capitaines-propriétaires, leurs membres d’équipage et leurs familles.
Des intervenants interrogés
Le ministère de la Sécurité publique du Québec et Environnement Canada sont intervenus sur les lieux. Des drones ont été envoyés survoler la zone pour avoir un aperçu de l’étendue de la marée noire. Des barrages flottants ont été placés autour du quai pour contenir le pétrole. Des pompes et des aspirateurs ont également été installés pour aspirer le diesel qui flottait à la surface de l’eau et éviter qu’il ne se disperse dans le lagon.
La Garde côtière canadienne et Pêches et Océans Canada, propriétaire et gestionnaire du quai, ont également été appelés à procéder à une inspection du quai ainsi qu’à une évaluation des réparations à effectuer. Il faudra également récupérer les ruines des navires calcinés. « L’enjeu est aussi d’attacher solidement les carcasses au quai sans les abîmer pour qu’elles ne s’enfoncent pas davantage et ne cassent pas d’autres choses, tout en laissant suffisamment d’espace à la manœuvre des autres bateaux pour qu’ils puissent sortir demain matin pour continuer leur saison. , explique M. Valiquette. Pour les prochains jours, nous devrons certainement limiter l’accès à la partie du quai qui a brûlé.»
Réveil brutal
« Le réveil a été brutal ce matin, raconte Antonin Valiquette. En me levant, dès que j’ai appris la nouvelle, je me suis habillé, j’ai pris mon char et je me suis rendu à Grande-Entrée avec le directeur général de la municipalité et le directeur du service d’incendie et de sécurité publique. Nous avons constaté les dégâts sur place. »
Les capitaines n’avaient plus qu’une semaine de pêche et ont tout perdu dans l’incendie.
« J’imagine qu’avec la solidarité traditionnelle des pêcheurs, certains iront lever leurs casiers qui sont au large et qu’ils pourront les récupérer, espère le maire. Mais, ils perdent quand même une semaine de pêche. »
Réactions
La députée fédérale de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine et ministre des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier, a confirmé qu’elle se rendrait sur l’archipel lundi matin pour constater les ravages.
D’ailleurs, le député provincial a réagi sur ses réseaux sociaux. “Ces bateaux en proie aux flammes, des images déchirantes pour les pêcheurs et les familles sinistrées”, écrit Joël Arseneau. Un feu qui donne des frissons quand on sait le très grand nombre de homardiers qui ont Grande-Entrée pour port d’attache.
La députée fédérale d’Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia a également exprimé sa désolation, elle qui se présentera pour la circonscription de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine aux prochaines élections. «Drame au port de la Grande-Entrée, qui possède la plus grande flotte de homardiers aux Îles-de-la-Madeleine», raconte Kristina Michaud. Mes pensées vont aux capitaines et à leur équipage.
