à Laval, une convention citoyenne pour « améliorer la vie » dans les quartiers populaires

à Laval, une convention citoyenne pour « améliorer la vie » dans les quartiers populaires
à Laval, une convention citoyenne pour « améliorer la vie » dans les quartiers populaires

Dans le quartier de la Coconière, en bordure du centre-ville de Laval, l’ancien immeuble qui bordait le périphérique a laissé place à une résidence moderne, agrémentée d’appartements en duplex. Les parkings ont été enterrés, des jardins privés ont été créés au rez-de-chaussée et les halls d’entrée des bâtiments donnaient sur la rue. Difficile d’imaginer qu’avant les travaux, ce site enclavé abritait un point de deal et avait une très mauvaise réputation.

Cette transformation exemplaire, qui allie espaces privatifs et parties communes paisibles, a été menée par la ville et son bailleur social, Méduane Habitat. Elle s’inscrit dans un vaste projet de rénovation urbaine dans les quartiers populaires de Laval, qui concerne 1.700 logements, pour un budget de 200 millions d’euros.

La Coconière avant l’opération de réhabilitation. / Hôtel de ville de Laval

Il y a un an, ces quartiers avaient été les premiers en France à connaître une poussée de fièvre après le décès de la jeune Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine). Dans la soirée du 28 juin, un centre de loisirs du quartier des Fourches et un fast-food du quartier Saint-Nicolas ont été incendiés. La tension retombe assez vite mais son intensité surprend.

«Laval connaissait des émeutes depuis 1995, après la mort d’un jeune homme de Saint-Nicolas alors qu’il était sous garde policièrerappelle Florian Bercault, maire de Laval depuis 2020. Mais autant de tirs de mortiers pendant des heures, de pompiers lapidés et l’effet boule de neige des réseaux sociaux, c’était du jamais vu. »

Favoriser l’émancipation des habitants

Plusieurs mesures à court terme ont été prises pour ces quartiers qui combinent chômage, pauvreté et taux élevé de familles monoparentales : vidéosurveillance, présence accrue d’éducateurs de rue, signalement des situations difficiles via les directeurs d’école, allongement des horaires des adolescents. centres le soir… A plus long terme, la mairie envisage d’implanter une ferme urbaine à Saint-Nicolas, une société de gestion de quartier aux Fourches pour créer des emplois en apportant des services aux habitants, ou encore un commissariat mobile en camion. destiné à rétablir des liens étroits avec la police.

« Juste après les émeutes, les élus faisaient du porte-à-porte par binômesrappelle le maire. De ces échanges est née la volonté de consulter directement les citoyens pour favoriser leur émancipation. » Accompagnée de deux cabinets d’experts pour garantir son impartialité, la mairie a réuni après un tirage au sort une convention citoyenne de 52 habitants aux profils variés (dont une trentaine issus des quartiers populaires). Ils ont notamment bénéficié d’une formation préalable, se sont réunis pendant trois week-ends entre avril et juin et ont reçu deux anciens ministres : Jean-Louis Borloo et Emmanuelle Cosse. La Convention citoyenne a déposé son manifeste aux élus lavallois le 26 juin et en fera une présentation publique le 9 juillet, après les élections législatives.

Sécurité et vivre ensemble

Plusieurs thématiques sont abordées, comme la sécurité, la jeunesse et la parentalité, les services de proximité et le vivre ensemble. « La sécurité est clairement apparue comme une question centraleconfie Franck Fardella, responsable informatique chez Lactalis, le premier employeur de la ville, choisi au hasard. Même si nous sommes conscients que nous vivons bien à Laval, nous sommes représentatifs de villes moyennes qui ne veulent pas changer. »

À Laval, 52 habitants réfléchissent à des propositions pour améliorer les conditions de vie dans le quartier. / Martin Cotta / Radio France/Maxppp

Annabelle Monthé-Lopez, 39 ans, adjointe dans un syndicat agricole et résidente du quartier Saint-Nicolas, a elle-même posé sa candidature au congrès. « C’est formidable de s’exprimer en dehors des élections, surtout quand on voit les derniers résultats dans notre quartier : ce sont les candidats d’extrême droite puis d’extrême gauche qui arrivent en tête. »

Elle retient de cet ouvrage des chiffres marquants sur la pauvreté et l’importance de parler ensemble. « Je souhaite à tous de vivre cette expérience humaine et intellectuelle. Nous ferions mieux d’en faire davantage, à condition de ne pas être aussi déçus que les anciens de la convention climatique !glisse-t-elle, en référence à l’initiative d’Emmanuel Macron de 2019. Le maire promet aussi un plan d’action issu du manifeste de septembre.

Allisson, mère célibataire de six enfants qui vit dans la résidence Coconière rénovée, n’a pas du tout entendu parler de cette démarche. Ses idées pour vivre mieux ? « Plus de parcs de jeux pour les enfants et de convivialité entre les gens : on ne parle pas assez entre voisins… » Preuve que l’urbain n’est rien sans l’humain.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Tour de France – 16th stage. Gruissan – .
NEXT un village entier dénonce sa conduite jugée dangereuse, le conducteur condamné