Un an après la crue torrentielle de Notre-Dame-de-Briançon en Tarentaise, les cicatrices des inondations sont toujours là. Et dès que de fortes pluies sont annoncées, les anciennes victimes recommencent à s’inquiéter. Dans la nuit du 14 au 15 novembre 2023, les eaux de la Fougère se déchaînent, une énorme coulée de boue et de rochers envahit le cœur du village et notamment la rue des acacias. Une centaine de logements ont été touchés.
“La nuit, on a les angoisses qui reviennent”
Il y a un an, Catherine et son mari avaient les pieds dans la boue, confiaient-ils à France Bleu Pays de Savoie : «il nous reste encore plus de deux mètres de limon. Là où nous sommes, des quantités monstrueuses de décombres ont été enlevées», déploraient-ils à l’époque. Aujourd’hui, le torrent des Fougères en contrebas de la maison de Catherine est complètement calme, comme si elle avait fait un cauchemar. Et pourtant, le traumatisme est là. “La nuit, nous avons de l’anxiété et des pensées qui reviennent. Nous n’avons pas oublié et c’est toujours difficile un an après. Nous avons pu réemménager dans la maison, mais comme vous pouvez le constater, le sol de la cuisine est à refaire. Nous avions 1,90m d’eau et les escaliers menant à la cave étaient entièrement détruits.», raconte Catherine.
Les traces de la crue torrentielle d’il y a un an sont toujours là, explique cette habitante de Notre-Dame-de-Briançon. “D’ailleurs, même dans notre village, on voit encore les blessures dans les jardins qui ne sont plus là, il y a des murs détruits, des portails arrachés encore posés au sol. Tout n’est pas réparé et nous aurons encore des mois et des années à venir« .
En alerte dès qu’il commence à pleuvoir
Et dès qu’il pleut, toutes les anciennes victimes de la rue des Acacias sont en alerte. Comme Isabelle qui a dû quitter son domicile pendant sept mois. “Nous restons traumatisés, d’autant plus que nous avions passé la nuit chez nous, donc nous avons vu l’eau monter petit à petit. Et aujourd’hui, chaque fois qu’il pleut, comme fin septembre – début octobre, le torrent monte à nouveau, et l’angoisse revient. Nous recommençons à nous lever à 6 heures du matin pour déplacer les voitures. Tout ce qui se passe aussi en Espagne à Valence nous fait revivre ce que nous avons vécu« .
Des victimes comme Gérard, son voisin de 73 ans. Depuis cette nuit, il a beaucoup de mal à dormir. “Je me réveille tout le temps à 3h30 du matin, je n’en reviens pas. C’est très, très dur.« Les blessures sont encore vives. Isabelle ne peut empêcher ses larmes de couler lorsqu’elle parle de sa maison.Au début, pendant la catastrophe, je me suis dit : prenons nos valises et partons. Mais nous avons toujours notre vie ici, c’est notre maison, donc c’est notre cocon, c’est le cocon familial. Tout comme Catherine, qui ne veut pas lâcher prise, même si sa maison borde le torrent. “Nous sommes ici depuis 47 ans. Nous aimons notre maison et ce serait un crève-cœur de devoir partir. Quand le torrent est en crue, on entend les rochers frapper la maison« .
Plus de deux millions d’emplois
Toutes ces anciennes victimes vivent dans la peur que ça recommence. Le maire de La Léchère, Dominique Colliard, tente de les rassurer, même s’il y a une chose qu’il ne peut contrôler, c’est le déchaînement des éléments. « Aujourd’hui, un an plus tard, des souvenirs reviennent, des images me viennent à l’esprit. C’est un hameau dévasté, entouré d’eau et de gens en déroute. Je pense à une personne qui restait 12 heures sur une chaise avec de l’eau à dix centimètres de ses pieds“, a également vécu.
“Ce qui a été fait depuis, c’est assainir, effacer les cicatrices de ces inondations, et aujourd’hui sécuriser le cours d’eau de la Fougère. Des travaux ont été réalisés pour renforcer le lit du cours d’eau suite aux dégâts et à la crue qui ont emporté une partie des berges. Si l’on prend deux millions de travaux, il faudra au moins cinq à six ans pour pouvoir financer l’ensemble des travaux de rénovation, avec une priorité donnée aux accès au cœur du village, dont Notre-Dame-de-Briançon. C’est une des priorités. »conclut le maire. Des études sont en cours pour sécuriser les cours d’eau de la vallée.