un habitat aristocratique médiéval restauré à Châtillon-sur-Indre

un habitat aristocratique médiéval restauré à Châtillon-sur-Indre
un habitat aristocratique médiéval restauré à Châtillon-sur-Indre

La restauration du patrimoine architectural médiéval est cruciale pour préserver l’histoire et la culture d’une région. À Châtillon-sur-Indre, la réhabilitation de la maison Pierre de la Broce illustre parfaitement cette nécessité. Cette demeure, construite au XIIIe siècle par Pierre de la Broce, conseiller du roi Philippe III le Téméraire, est un remarquable exemple d’architecture aristocratique médiévale.

Les travaux en cours, supervisés par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), s’appuient sur des diagnostics archéologiques approfondis pour restaurer et valoriser ce monument historique. Ils ont également permis de découvrir de nouveaux éléments architecturaux et des vestiges datant du IXe siècle. Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus large de conservation du patrimoine en France, permettant de redécouvrir et de préserver des vestiges historiques essentiels.

La construction et l’histoire tragique de Pierre de la Broce

Pierre de la Broce était une figure influente de la cour du roi Philippe III le Téméraire au XIIIe siècle. Conseiller intime du roi, il jouit d’une position privilégiée qui lui permet de se lancer dans des projets architecturaux ambitieux. Entre 1274 et 1280, il fait construire la demeure Brosse à Châtillon-sur-Indre. Cette grande demeure aristocratique est un exemple typique de l’architecture médiévale de l’époque. Il était destiné à refléter le statut et la richesse de son propriétaire.

La construction a commencé avec une aile basse à un étage, suivie d’un bâtiment central à deux étages. Cette dernière constituait le cœur de la résidence. Une chapelle fut ajoutée au sud, complétant ainsi l’ensemble architectural. Les techniques de datation modernes, telles que les études dendrochronologiques de la charpente et les analyses au carbone 14, ont confirmé la période de construction de ces structures.

Par ailleurs, le sort de Pierre de la Broce reste aussi tragique qu’intrigant. Malgré son influence et sa proximité avec le roi, il fut accusé de trahison et pendu à la potence de Montfaucon en 1278. Sa chute dramatique laissera une marque indélébile dans l’histoire de la maison. Ce lieu continue de fasciner les historiens et les archéologues. La grande terrasse de la maison, surplombant la rivière Indre, est particulièrement remarquable et symbolique. Il n’avait aucune fonction défensive. Il représentait plutôt un espace de détente et de contemplation, illustrant le style de vie raffiné de l’aristocratie de l’époque.

La datation de cette terrasse est antérieure à la construction du logis château de Loches, édifié au XIVe siècle par Louis d’Anjou. Ce qui fait de Châtillon-sur-Indre un « prototype oublié des châteaux de la Loire » selon les mots de l’historien Jean-Pierre Ravaux.

Une restauration minutieuse pour le Logis de la Brosse

Depuis mars 2024, la restauration du Logis de la Brosse est entrée dans une phase décisive et ambitieuse. En effet, les premières interventions visaient principalement à sécuriser les remparts du château. Cette nouvelle étape du projet vise à redonner à la maison son état médiéval d’origine. Les travaux sont soigneusement encadrés par des experts de l’Inrap et bénéficient du soutien de la commune de Châtillon-sur-Indre.

Les équipes sur place ont entrepris des fouilles approfondies et des diagnostics techniques pour garantir la précision et l’authenticité des restaurations. Ils ont ainsi pu découvrir des éléments architecturaux jusqu’alors inconnus. Les fenêtres étaient cachées sous un escalier construit à l’époque moderne. La maçonnerie médiévale a été cachée sous des ajouts ultérieurs.

Localisation des différents ensembles composant la loge Brosse sur un plan de la fin du XVIIIe siècle Plan du Château de Châtillon réalisé par Pierre Delalande, an III (1794-1795). © Archives départementales de l’Indre

Ces travaux de restauration ne se limitent pas à la simple préservation des structures existantes. Ils visent également à redonner une nouvelle vie à l’ensemble du site en lui redonnant son aspect et son atmosphère d’origine. Les découvertes ont permis de mieux documenter les différentes phases de transformation de la maison au fil des siècles. La suppression d’une cantine construite dans les années 1970 contre le corps central a révélé des détails architecturaux anciens et raffinés. De même, les travaux sur la façade ouest ont mis en valeur des interventions de restauration antérieures, notamment celles réalisées par l’architecte Albert Laprade au XXe siècle.

Des baies bouchées ont été redécouvertes lors du chantier de restauration du corps central en 2023. © Inrap

De grandes découvertes archéologiques au Logis de la Brosse

Des fouilles archéologiques ont donc mis au jour des vestiges insoupçonnés dans la cour basse du château de Châtillon-sur-Indre. Parmi les découvertes les plus remarquables figurent des murs et des pavés datant de l’époque moderne, qui fournissent de précieux renseignements sur les évolutions ultérieures du site.

Les archéologues ont également retrouvé des maçonneries plus anciennes, témoignant d’une occupation continue et évolutive du site au fil des siècles. Un élément particulièrement remarquable est la découverte d’un silo de stockage, à partir duquel des échantillons de charbon seront analysés pour une datation précise. Ces vestiges révèlent l’importance de la basse-cour comme espace fonctionnel et résidentiel.

Vue en coupe d’un silo probablement médiéval creusé dans le substrat géologique de la place du Vieux Château en mars 2023. © Inrap

Les archéologues de l’Inrap, dirigés par Thomas Pouyet, ont souligné que ces découvertes enrichissent la compréhension de l’évolution du site. Selon eux, les murs et structures retrouvés montrent que le site était déjà occupé bien avant la construction de la maison au XIIIe siècle. Cela remonte peut-être au 9ème siècle. La découverte de ces vestiges a également permis de sauvegarder des données autrement perdues lors des travaux de restauration. Ils offriront de nouvelles perspectives sur la vie quotidienne et les pratiques architecturales des époques médiévales et modernes.

Grâce à ces efforts de restauration, le Logis de la Brosse pourra bientôt retrouver toute sa splendeur médiévale. Il offrira aux visiteurs un témoignage vivant de l’histoire aristocratique de Châtillon-sur-Indre.

Source: Inrap

 
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