Unanimité. Lorsque Jérôme Dumont, le président du conseil départemental, a demandé qui approuvait la motion qu’il venait de présenter, toutes les mains se sont levées. Enfin, pour bien montrer la détermination des élus face à la direction du Crédit agricole de Lorraine et son projet de suppression du site des Roises, à Bar-le-Duc. Le sujet continue de susciter des réactions de toutes parts.
Une fermeture impensable pour l’assemblée départementale, qui dans son texte parle d’une « décision brutale », « incompréhensible », « prise sans concertation ». Elle estime que cela va à l’encontre des valeurs mutualistes de la banque. Et même ses engagements, donc celui de « contribuer à la revitalisation des territoires les plus fragiles et à la réduction des inégalités sociales en matière économique ». Cette décision est d’autant moins acceptée au vu des près de 70 millions d’euros de résultats obtenus en Meuse, des « résultats historiques ». La communauté espère que le conseil d’administration, qui doit encore l’approuver, pourra dire non.
Remboursement des actions demandé
« L’esprit mutualiste ne correspond plus du tout au message que transmet aujourd’hui la direction régionale », observe Pierre Burgain (Revigny-sur-Ornain). C’est un signe fort que pour un certain nombre de dirigeants, qu’ils soient régionaux ou nationaux, c’est la mort des petites zones rurales et notamment de la Meuse. »
Pour Sylvain Denoyelle (Saint-Mihiel), « on est carrément dans un déni, un écart complet entre ce qui est dit et une position prise. »
Ancien président de la banque locale Spincourt, Benoît Watrin (Bouligny) ne cache pas son « agacement » face à cette situation. Il reconnaît que « c’est difficile de se faire entendre » par la direction. Il estime que le Crédit Agricole « qui a tout son rôle à jouer dans le développement régional… n’a pas à se désengager de cette manière ». Il a annoncé avoir fait le choix « de demander le remboursement de mes actions, j’ai demandé à ma caisse locale, par mail, de faire de même ».
Il se dit en colère contre ses confrères de Moselle et de Meurthe-et-Moselle car, s’il ne doute pas que les banques locales de Meuse souhaitent conserver un siège en Meuse, il n’est pas sûr que dans les départements voisins, ce soit le cas. cas : « Peut-être qu’ils pensent que la Meuse est le connard du monde. Je suis fier de vivre sur ce territoire. »
« Les arguments sont indignes pour justifier cette trahison »
Martine Joly n’en est pas moins bouleversée. « Le Crédit agricole bafoue l’ADN de sa structure en abandonnant la Meuse », estime l’élu barisien. Elle dit : « [Son] La réalisatrice pense que nous n’en valons pas la peine », au vu des échanges qu’elle a eus avec lui samedi dernier.
Elle « évoque les arguments honteux avancés pour justifier cette trahison » : perte d’habitants, difficultés de recrutement, rôle que va jouer l’intelligence artificielle. « C’est absolument scandaleux de la part d’une banque mutualiste qui veut juste redorer son blason lorsqu’elle se dit attentive à la redynamisation des territoires. »
«Ça va faire sensation chez les élus»
Elle confronte les administrateurs à leurs responsabilités : « Ils doivent prendre conscience de l’importance de leur vote. » Visiblement ému, le maire de Bar-le-Duc a confirmé que « nous continuerons à nous battre, à être fiers, à défendre nos territoires. J’ai été élu pour cela, pour démontrer que la Meuse a un avenir. Ce département n’entend pas se laisser enterrer par ceux qui devraient au contraire participer à son élan. »
Diverses interventions appréciées de Jérôme Dumont, qui se dit convaincu que “ça va provoquer un sursaut chez les élus, chez les Moussiens… Ils ne s’attendaient pas à cette réaction, la décision ne peut pas être cette fermeture”.