Francisation compromise pour « des milliers » d’étudiants

Francisation compromise pour « des milliers » d’étudiants
Francisation compromise pour « des milliers » d’étudiants

Les nouvelles règles budgétaires sèment la consternation parmi les organismes de francisation. Alors que les besoins ont grimpé en flèche ces dernières années, ils affirment ne plus pouvoir accueillir de nouveaux étudiants à l’automne prochain. «Un problème créé par le gouvernement fédéral», selon Québec.

«Il y a beaucoup de gens qu’on ne pourra pas franciser l’année prochaine», déplore Carl Ouellet, président de l’Association québécoise du personnel en gestion scolaire (AQPDE). Ce dernier estime que « des milliers » d’étudiants en francisation seront concernés.

Interrogé par Le devoirle gouvernement se défend en invoquant « la pression exercée par l’immigration temporaire sur les services publics ».

«Nous consacrons déjà plusieurs ressources de notre réseau éducatif à la francisation des nouveaux arrivants, et ces ressources ont augmenté de manière significative», a indiqué par écrit le cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville.

Cela fait beaucoup de monde qu’on ne pourra pas franciser l’année prochaine.

De 2019 à 2024, le budget de la francisation est passé de 69 millions de dollars à 104 millions de dollars, et le gouvernement a décidé que la hausse allait s’arrêter là, explique-t-on. « Nous reconnaissons tous qu’il est important […], mais nous devons aussi respecter notre capacité de payer. Les demandeurs d’asile ne sont évidemment pas responsables, c’est un problème créé par le gouvernement fédéral», souligne l’entreprise.

Or, selon Carl Ouellet de l’AQPDE, en plus de priver les immigrants de cours, la décision du gouvernement assure que les centres de services scolaires (CSS) qui effectuent la francisation ne seront pas rémunérés pour les cours qu’ils suivent. déjà donné depuis deux ans.

Au Québec, 40 % des cours de francisation sont dispensés par les CSS dans le cadre de ce qu’on appelle la formation des adultes. Près de 21 000 personnes étaient inscrites ce printemps à temps plein ou à temps partiel. Le reste des cours est offert dans les universités, les cégeps ou les organismes communautaires.

Moins de places

Les CSS reçoivent chaque année des subventions en fonction du nombre d’étudiants des années précédentes. Or, le ministère de l’Éducation du Québec a révisé sa méthode de calcul des subventions, ce qui crée un trou important dans leurs budgets.

« Je ne pourrai pas accueillir de nouveaux élèves à la rentrée », déplore le directeur d’un centre de francisation qui a requis l’anonymat pour protéger ses relations avec le ministère. Dans son CSS, la baisse correspond à plus de 10 % du budget et à une baisse de 25 % du nombre de places disponibles pour les étudiants. «Je vais embaucher moins d’enseignants et je vais réduire le rythme», dit-il.

Pour l’Association des directeurs d’école de Montréal, c’est tout simplement illogique. « C’est époustouflant ! Cela va complètement dans la direction opposée. [celui du] discours politique qu’on entend», affirme sa présidente, Kathleen Legault.

Le gouvernement du Québec compte largement sur une meilleure offre en francisation pour contrer le déclin du français au Québec. Son plan d’action présenté en avril prévoyait des investissements de 320 millions de dollars pour améliorer l’usage du français chez les travailleurs étrangers.

Des risques pour le reste de l’éducation des adultes ?

Dans ses discussions avec le CSS ces derniers jours, le ministère de l’Éducation du Québec pointe du doigt le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI). Il fait valoir que le MIFI ne lui a pas transféré suffisamment de fonds cette année pour compenser l’augmentation des demandes.

«Le maintien de l’enveloppe financière dépend de celle transférée par le MIFI pour la francisation», écrit-il dans une communication écrite aux responsables de la francisation du CSS dont Le devoir j’en ai reçu une copie.

Le ministère invite alors les CSS à prendre moins d’étudiants pour régler leur problème budgétaire. « Limiter [le] nombre d’ETP [étudiants en équivalence au temps plein] lié à la francisation, cela laissera des marges de manœuvre… »

Kathleen Legault craint que d’autres étudiants du CSS ne pâtissent compte tenu de « la très grande pression sur la francisation ». « Est-ce que cela va mettre en péril le financement de la formation des jeunes adultes en retard d’apprentissage ? Parce qu’il est offert dans les mêmes centres. C’est ça le danger. »

Cette situation survient dans un contexte où la gestion de la francisation au Québec connaît des déboires. L’année dernière, le gouvernement a créé l’organisme Francisation Québec afin de mieux coordonner l’offre de cours. Toutefois, la moitié des demandes sont toujours en attente, selon un rapport remis fin mai par le commissaire à la langue française Benoît Dubreuil.

Dans le même rapport, M. Dubreuil a noté que le nombre total d’heures de formation offertes en 2023-2024 correspond à « environ 2 % de celle qui aurait été nécessaire pour que toutes les personnes domiciliées au Québec qui ne connaissaient pas le français puissent compléter les niveaux débutant et intermédiaire ». les niveaux.

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