Le Parc Naturel Régional (PNR) du Golfe du Morbihan ne couvre pas… le Golfe du Morbihan. La partie maritime sera-t-elle intégrée dans la charte #2 ?
Ronan Le Délézir, président du PNR : « Nous sommes en réflexion. Il ne s’agit pas de se substituer à l’Etat pour l’aménagement dans le domaine maritime, mais nous menons déjà des actions de sensibilisation dans le golfe, nous y gérons des zones Natura 2000. Le parc pourrait devenir officiellement un acteur de médiation, de pédagogie, de savoir. C’est compliqué juridiquement, mais le PNR serait légitime et innovant dans cette interface côtière : la mer ignore nos limites administratives. Le comité syndical du parc a donc voté pour une zone d’étude qui inclut la zone maritime. »
Les intercommunalités disposent désormais de compétences sur lesquelles travaillait le PNR. Alors à quoi va servir le parc version 2 ?
« Mettre en place des actions que nous menons depuis longtemps, notamment sur la biodiversité. Dans le domaine économique, je souhaite qu’on travaille davantage sur les activités premières qui équilibrent le territoire et qu’on se concentre sur les enjeux environnementaux dans l’entreprise. C’est peut-être l’occasion du PNR : à une échelle, plus souple qu’une interco, de lancer des réflexions et de travailler avec d’autres. »
Charte n°1, âprement négociée, étalement urbain modestement limité. Et la version 2 ?
« La première charte avait l’ambition d’un urbanisme plus modéré. On est en dessous de la contrainte de consommation d’espace. Depuis, les lois imposent de refaire la ville dans la ville. Il est plus difficile de reconstruire Crac’h sur Crac’h, où le modèle est suburbain, que sur un quartier de Rennes. Dans la charte 2, il faudra soutenir la prise de conscience que l’environnement ne peut plus être la variable d’ajustement. On l’a vu à Valence, on l’a vu avec covid… L’avis du parc peut être une valeur ajoutée pour les plans d’urbanisme locaux, pour proposer de nouvelles formes urbaines. »
La révision de la charte PNR en trois dates
Octobre 2024. Vote de la Région pour le lancement de la procédure de renouvellement du classement du parc naturel régional du Golfe du Morbihan. Parallèlement, révision de la première charte.
Février 2026. Délibération du syndicat paritaire PNR pour finaliser le projet de charte. Il est ensuite étudié par le Conseil national de la protection de la nature, la fédération des parcs, le préfet et l’autorité environnementale puis soumis à une enquête publique.
2029. Arrêté de renouvellement de classement par le Premier Ministre.
Comment la nouvelle charte abordera-t-elle l’adaptation au changement climatique ?
« C’est la ligne d’action des parcs naturels depuis longtemps. Cette charte sera plus pragmatique pour que l’on puisse montrer des actions mutualisables : sur l’alimentation dans les cantines, la mise en place de cadres écologiques, la préservation des haies bocagères suite aux atlas de biodiversité… Nous n’empêcherons pas les gens d’arriver sur le territoire. Mais, avec les moyens dont nous disposons, il faut penser à bien les recevoir, tous, les riches comme tous les autres qui feront vivre le territoire. »
Quel avenir pour les actions en matière de santé et d’environnement, endormies faute de financements ?
« Cette question doit être soulevée par le parc. Aujourd’hui on y consomme, on y mange, on y dort… Il y a une problématique de diversité sur laquelle le parc peut apporter son expertise. Le mot sobriété n’est pas non plus un gros mot. »
Une maison de parc fait-elle partie de la charte n°2 ?
« Non, ce n’est pas le moment de faire un tel investissement. Il faut être parcimonieux avec l’argent public. Pourquoi pas un jour, quelque chose de partagé. Il ne faut pas faire rêver, il n’y aura pas de maison de parc à Berder. »
Depuis la création du PNR, les cotisations par habitant n’ont pas augmenté. La question des moyens est-elle sur la table ?
« Oui car nous fonctionnons en continu grâce à des appels à projets, pour 40 à 50 % du budget. Ce n’est pas durable. Certains parcs reçoivent un pourcentage des subventions « biodiversité » reçues par les municipalités. Nous réfléchissons à une fondation avec des partenaires privés. Il faut trouver un système économique qui tienne le coup. Je n’ai pas de tabou, la décision sera collective. Demain, le parc pourra être supprimé et l’argent sera mis ailleurs. Ce serait dommage car on perdrait un territoire pertinent et, financièrement, des effets de levier. Quand on voit la création du parc de la Rance et qu’aucun parc ne disparaît, c’est qu’il y a un intérêt ! Le PNR du Golfe du Morbihan a 10 ans. Il est jeune et doit continuer à faire ses preuves. »