A la Monnaie de Paris, les derniers artisans de cette usine historique menacée de disparition

A la Monnaie de Paris, les derniers artisans de cette usine historique menacée de disparition
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Par

Inès Cussac

Publié le

21 novembre 2024 à 6h04

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« Il y a encore des salopettes au cœur de Paris », rappelle David Faillenet, délégué syndical de l’Ugict-CGT à la Monnaie de Paris. Mais jusqu’à quand ? Les salariés de cette usine basée quai de Conti, dans le 6e arrondissement de Paris, s’insurgent. L’installation très probable de la Maison des Mondes Africains (MansA) à l’Hôtel de la Monnaie suscite l’inquiétude de l’intersyndicale. Selon elle, l’arrivée de ces nouveaux colocataires dans l’aile est du bâtiment se fera au détriment des salles d’exposition et des bureaux attenants.

“On ne peut pas mettre la MansA et garder la Monnaie de Paris”, prévient David Faillenet qui craint la suppression du programme culturel permettant à l’établissement sous tutelle de Bercy de se développer. être entièrement autofinancé. « Tout ce qui est fabriqué ici est exposé. Si on perd cette vocation, ça deviendra très compliqué de rester en équilibre», prévient le délégué syndical de cette usine historique où l’on fabrique la monnaie nationale française depuis le XVIIIe siècle.

Les derniers emplois industriels à Paris

Soutenu par les ministères de la Culture et des Affaires étrangères, ce projet MansA lancé par Emmanuel Macron en 2021 peine à trouver sa place dans le paysage parisien. Après plusieurs mois de tergiversations, Rachida Dati semble avoir jeté son dévolu sur la menthe. “La décision n’est pas confirmée à 200% mais elle s’engage dans cette voie”, a reconnu le ministère de l’Économie au Monde.

Lors du Conseil de Paris, qui se tient depuis mardi 19 novembre 2024, l’élue communiste Raphaëlle Primet a demandé à la Ville d’interroger les ministères de la Culture et des Affaires étrangères sur ce sujet. Cette installation au cœur de l’Hôtel de la Monnaie “pourrait menacer les 300 derniers emplois industriels de Paris”. Egalement présidente de la commission culture, patrimoine et mémoire de cette assemblée, elle propose que ce projet, rebaptisé MansA en 2023, être transféré dans un autre immeuble parisien.

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De Paris à Pessac ?

Plusieurs espaces avaient été désignés pour accueillir la future structure. La Gaîté lyrique, l’Espace Cardin ou encore la Fondation Cartier avaient été évoqués par les ministères sans que cela aboutisse. Raphaëlle Primet propose d’investir dans 5 rue Roland-Barthes (12e) où sont basées l’Agence française de développement et ses filiales avant leur déménagement en 2026. « Et qu’en l’absence d’alternative parisienne, l’État développe ce projet au sein d’une autre ville », décide le groupe Communiste et Citoyen.

La création de MansA a été inspiré de l’universitaire camerounais Achille Mbembe dans un rapport présentant treize recommandations pour améliorer les relations entre la et l’Afrique. Ce centre culturel a été annoncé par le Président de la République comme « un lieu dédié à la pensée et à la créativité africaine ». Son arrivée quai de Conti, face au Louvre et à la Samaritaine, pourrait envoyer les derniers ouvriers de Paris à Pessac (Gironde), où une usine est installée depuis 1973.

Vague de départs

Six années de travaux et 80 millions d’euros ont été consacrés à la rénovation du site et au lancement du projet MétaLmorphoses, qui a permis de rentabiliser l’institution avec la production de médailles olympiques. Avec des revenus passant de 62 000 euros en 2022 à près de 396 000 euros prévus cette année, la Monnaie de Paris peut se targuer d’être à l’équilibre. “Nous ne sommes pas sûrs d’être positifs pour 2025”, s’inquiète désormais David Faillenet qui regrette également “une ambiance catastrophique” Quai Conti. Une vague de départs de managers déferle depuis septembre. Directeur de production, directeur industriel… « Il n’y a pas de licenciement, mais ils n’ont plus accès au site », rapporte le délégué syndical.

Face à ces enjeux, les salariés de La Monnaie entendent monter au créneau « pour faire bouger les lignes ». L’intervention de Raphaëlle Primet au Conseil de Paris avant celle du sénateur communiste Ian Brossat au Palais du Luxembourg laisse encore espérer de voir la monnaie frappée au cœur de Paris.

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