De nouvelles leçons d’histoire pour et par les Atikamekw

De nouvelles leçons d’histoire pour et par les Atikamekw
De nouvelles leçons d’histoire pour et par les Atikamekw

Il est révolu le temps où les jeunes de Wemotaci, Opitciwan et Manawan devaient apprendre une histoire qui n’est pas la leur. Des cours d’histoire préparés pour et par les Atikamekw sont progressivement déployés dans les écoles secondaires des trois communautés.

Rosalie Niquay ouvre la porte de sa classe, la plus grande du lycée Nikanik de Wemotaci. La classe est vide, il n’y a pas d’élèves, mais le professeur d’histoire est rayonnant.

Elle sort de sa bibliothèque le classeur distribué aux élèves pour leur cours d’histoire. Quand j’y pense, je suis fier de savoir que je suis comme le premier de l’histoire des Atikamekw.

Christian Coocoo et Rosalie Niquay font partie du comité derrière le développement des nouveaux cours d’histoire.

Photo : Radio-Canada / Yoann Dénécé

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Le document qu’elle nous présente n’a pas été publié à Montréal ou à Québec comme la plupart de ceux que l’on retrouve dans les écoles québécoises. Le cartable a été soigneusement préparé par une équipe d’experts dans le domaine de l’histoire, de la langue atikamekw, de l’enseignement et de la pédagogie.

Rosalie a grandement contribué à sa rédaction. Le défi était grand. Aucun document de ce type n’existait. Les savoirs autochtones sont transmis oralement depuis des siècles.

Le contenu du cours laisse une grande place aux savoirs ancestraux Atikamekw. Les adolescents apprennent par exemple dans leur langue maternelle les noms des 16 espèces d’arbres présentes dans la région, ainsi que l’histoire des grands personnages qui ont marqué la nation. Nous traitons également avec d’autres communautés autochtones du monde entier.

Motivation accrue

L’intérêt des jeunes est indéniable. Rapidement, tout le monde conclut avec succès. Je vois la fierté de tout ce qu’ils apprennent dans ma classe. J’ai même eu des parents qui m’en ont parlé […]. Les parents m’ont dit qu’ils apprenaient de leurs enfants.

Il y a de bonnes notes, c’est parce que je vois qu’il y a de l’intérêt, beaucoup d’intérêt.

Une citation de Rosalie Niquay, professeur d’histoire au lycée Nikanik de Wemotaci

Les élèves ont particulièrement apprécié le projet d’arbre généalogique du professeur. L’idée était que les jeunes puissent retracer leurs ancêtres pour mieux savoir d’où ils venaient. Il y a ceux qui [m’arrêtent] dans les couloirs. «J’ai trouvé untel!» Cela les stimule !

Qu’on enseigne notre propre histoire à nos jeunes, j’avais toujours eu cette idée» raconte Christian Coocoo, un homme de Wemotaci qui a également contribué au développement du programme.

Il reconnaît que l’histoire autochtone est abordée dans les cours d’histoire au Québec. Cependant, la place qui lui est réservée n’a pas toujours été très importante. Il est certain que nous avons amélioré le programme, mais à l’époque dont je me souviens en termes d’histoire autochtone, il ne s’agissait que d’une page ou deux.

Des savoirs à préserver

Le grand chef du Conseil de la Nation Atikamekw, Constant Awashish, a étudié en ville, à La Tuque. Il aurait aimé pouvoir bénéficier de tels enseignements.

Je pense que les choses changent, les choses évoluent. Les gouvernements sont plus ouverts à entendre les histoires des autochtones. Je pense que ce programme est un peu le reflet de cette ouverture qui s’installe petit à petit et qui prend de plus en plus de place.il explique.

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Le Grand Chef du Conseil de la Nation Atikamekw, Constant Awashish, lors du lancement du programme le 29 mai.

Photo : Radio-Canada / Yoann Dénécé

Les choses ont changé au fil des siècles à cause de la colonisation. Les Atikamekw, un peuple nomade, sont contraints de se sédentariser.

Nous fréquentons moins la forêt. Les jeunes ont moins de chance de pratiquer leurs activités. Je pense qu’avec un programme d’histoire comme celui-là, ça permettra à ces jeunes de ne pas perdre des élémentsajoute Constant Awashish.

Les cours sont une petite consolation, un baume pour les personnes âgées, un héritage pour les générations futures. Ils nous permettent de préserver ce qui n’a pas encore été oublié.

 
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