«Je suis fier de pouvoir aider la Suisse»

«Je suis fier de pouvoir aider la Suisse»
«Je suis fier de pouvoir aider la Suisse»

Shaqiri vient de marquer 1-1 contre l’Ecosse, un but magique. Mais il faut se poser toutes les questions.

JAVIER SORIANO/AFP

Il ne faut pas diminuer la pureté d’un geste exceptionnel, ni son importance. En fouettant de son pied gauche magique un ballon qui finit dans la lucarne écossaise, Xherdan Shaqiri a permis à la Suisse d’égaliser et peut-être déjà de s’assurer une place en huitièmes de finale. Pour qui veut s’arrêter à ce constat – et il est légitime – tout a été dit, la brillante étoile de la sélection s’impose. Pour qui veut aller plus loin, une réflexion approfondie – et ce n’est pas un crime de lèse-majesté – n’est pas inutile.

A la 26ème minute de ce Ecosse-Suisse, Shaqiri a fait le bonheur du pays, une fois de plus, il a marqué dans toutes les phases finales (Coupes du monde et Euros) depuis 2014. Il peut gonfler le torse.

Il est confiant

“Je suis fier de pouvoir aider la Suisse”, souriait-il peu après le match. Chaque fois que j’enfile ce maillot, c’est pour ça. On aurait pu marquer 2-1, on a eu nos occasions. Nous sommes déçus de ne pas avoir gagné, mais il faut rendre hommage aux Écossais, poussés par leur public, qui nous ont posé des problèmes. On reste confiant en pensant à dimanche, le match contre l’Allemagne.

Le souci n’est pas de savoir ce que Xherdan Shaqiri est capable de faire pour la Suisse, le coup de génie qui peut faire la différence à tout moment. Elle réside plutôt dans le pari qu’il impose en marge, sur les adaptations stratégiques et tactiques qui résultent d’un choix fait par Yakin : titulariser Shaqiri.

Le seul résultat à analyser ?

La tentation est grande de conclure qu’avec ce but, important qui plus est, l’entraîneur a réussi. Une vision sans hauteur, axée uniquement sur les résultats ? Même s’il dit préférer les échecs, Yakin s’essaye aux coups de poker et au poker, l’analyse d’une main va forcément au-delà de son résultat. Autrement dit; quelqu’un qui fait tapis avec une mauvaise main peut très bien gagner le pari qu’il n’a pas joué de manière optimale.

Dans le cas de Shaqiri : un but exceptionnel, mais au-delà ? Un début de match raté avant, la suite sans plus de relève ensuite jusqu’à la 60ème minute, où il sort.

Ses statistiques l’illustrent : deux passes à sa gauche, deux passes à sa droite, onze en retrait, aucun dribble, aucune présence dans la zone de vérité. Mais cet objectif est venu d’ailleurs. Rendu possible par un col écossais désastreux, il ne faut pas l’oublier. C’est comme si Shaqiri n’existait que pendant cette fraction de seconde magique. Comme s’il n’existait que pour ça ?

Avec Shaqiri devant, positionné comme un éventuel frein à la pointe, alors que la Suisse n’avait pas le ballon, la sélection suisse n’a pas vraiment pu créer une réelle pression. La limite de l’exercice est là, alors qu’à chaque fois que l’Ecosse s’est retrouvée un peu sous pression, même fortuitement puisque ce n’était pas systématique pour la Suisse, elle a commis des erreurs.

Malgré toutes les craintes, la force de la Suisse a été de les surmonter. Ce que Shaqiri résume à sa manière : «La Suisse sait être forte collectivement, c’est comme ça que nous avons obtenu des résultats ces dix dernières années», dit-il. Nous avons fait de grands progrès dans ce domaine.

Peu de pression

C’est vrai. Mais on peut se demander ce qui se serait passé avec un pressing plus intensif sur cette Ecosse fragile sous pression, avec un n°9 prêt à prendre contact, un pressing qui n’a pas vraiment pu avoir lieu avec Shaqiri aux avant-postes.

Peut-être n’est-il pas nécessaire d’être plus royaliste que le roi. Xherdan Shaqiri a répondu à la 26e minute, étranglant, du moins en surface, le choix de Yakin pour le titulariser. C’était le pari. C’était gagné à ce moment-là. Mais la Suisse ne peut éviter de poser des questions plus approfondies. Et le cas Shaqiri, au-delà de son but fabuleux, pour ce qu’il implique dans les orientations suisses, mérite d’être pris en compte dans sa globalité, pas seulement dans l’instant, même s’il a été magique.

 
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