Certains syndicats agricoles de la Drôme n’excluent pas de se remobiliser, estimant que la majorité des promesses du gouvernement n’ont pas été tenues. Une possibilité qui reçoit l’approbation d’une majorité de l’opinion locale.
Lundi 4 novembre, les Jeunes Agriculteurs de la Drôme ont placé un radar devant la préfecture de la Drôme, pour dénoncer avec ironie la lenteur du gouvernement à l’égard des mesures promises en début d’année. Si l’État promet que 86% des engagements sont déjà réalisés ou avancés, le syndicat de la Drôme a constaté à France Bleu Drôme-Ardèche que plus « 10 % de nos revendications ont été mises en œuvre »par l’intermédiaire de son président Vladimir Gauthier. Accords de libre-échange UE-Mercosur, marges insuffisantes dans la grande distribution, accumulation de normes écologiques… une partie de l’agriculture drômoise n’exclut pas reprendre des actionsquitte à aller plus loin que les actions entreprises il y a un an. Un sentiment généralement partagé dans la ville par les citadins de Valence, qui soutiennent majoritairement un éventuel retour des blocages.
Le blocage, seul moyen de se faire entendre ?
Si Jacques, 80 ans, “Je pense que c’est beaucoup», nuance-t-il en admettant que“au en fin de compte, les agriculteurs ont peut-être raison ». Aucune nuance toutefois pour Sandrine, 50 ans :« Pour être entendu, il faut parfois passer un certain niveau d’action »ni pour Lucas, 30 ans : « Cela me paraît logique de les soutenir, dans une démarche citoyenne »encore moins pour Claire, 26 ans, qui ne dit rien “pas contre” un passage à des actions encore plus musclées que l’épisode de l’hiver dernier.
Les Valentinois restent néanmoins unanimes sur la fonction première de leurs agriculteurs, dont ils comprennent la colère. « Nous nous nourrissons grâce à eux. Nous devrions tous être unis, peut-être même tous dans la rue. Ils travaillent par tous les temps, font des heures supplémentaires et ne prennent jamais de vacances. Je suis sûr que la majorité d’entre eux vivent avec 300 euros par mois, avec les emprunts qu’ils ont sur le dos pour acheter du matériel. Sans parler des récoltes, perturbées par les intempéries, qui ne sont pas à la hauteur de leurs espoirs. … Ce n’est pas une vie. Ils ont tout à fait raison. »déplore Chantal, 60 ans.
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Solidaires dans le discours avec leurs agriculteurs, les Valentinois reconnaissent un système politique et économique pas propice à leur développementque ce soit à l’échelle de la France ou de l’Union européenne, en complément de normes écologiques contraignantes. Mickaël, 43 ans, évoque un problème bureaucratique : « Nous devons comprendre les gens qui veulent manger plus sainement et de manière biologique, mais l’Europe ne peut pas imposer de règles du jour au lendemain, sans tenir compte du fait qu’il y a sur le terrain des problèmes de production et d’argent. Parce que « l’écologie coûte tout simplement très cher ».
Même son de cloche pour Évelyne, 71 ans : « Ils ont tout un tas de normes à respecter, alors que nous importons des aliments de mauvaise qualité qui viennent d’ailleurs. Je ne comprends pas pourquoi nous importons des choses que nous interdisons à nos agriculteurs. ».
Le problème de la grande distribution
Début 2024, l’État a promis de redoubler d’efforts pour que les producteurs ne soient pas écrasé par de grandes surfaces dans la négociation des prix. C’est pourtant l’un des problèmes soulignés. « C’est la grande distribution qui commet des abus. Les agriculteurs ne sont pas payés à la hauteur de leur travail. »se souvient Chantal. « Le problème, c’est qu’ils nourrissent l’industrie agroalimentaire, pas nous, il y a trop d’intermédiaires. S’il y avait plus de ventes directes, ils s’en porteraient mieux. » ajoute à son tour Evelyne. Reste à savoir si l’opinion publique valencienne se montrera effectivement solidaire des syndicats agricoles s’ils s’engagent dans des actions encore plus fortes que l’hiver dernier.