A la recherche de demain | Loire-Atlantique. L’énergie solaire : et pourquoi pas dans un cimetière ? – .

A la recherche de demain | Loire-Atlantique. L’énergie solaire : et pourquoi pas dans un cimetière ? – .
A la recherche de demain | Loire-Atlantique. L’énergie solaire : et pourquoi pas dans un cimetière ? – .

L’idée initiale était de couvrir le cimetière de Saint-Joachim (Loire-Atlantique) pour limiter les inondations en hiver et également de récupérer les eaux de pluie, notamment pour arroser le terrain de sport voisin qui est fortement sollicité. ‘été. Mais la commune, située au cœur du Parc naturel régional de Brière (au nord de Saint-Nazaire), a vu plus grand. Pourquoi ne pas recouvrir le cimetière de panneaux ? L’idée a fait son chemin. Vite… En effet, depuis 2008, la commune s’est déjà lancée dans une politique de développement du photovoltaïque. Ni une ni deux, l’association Brièr’Energie est composée d’une quinzaine de personnes.

« L’objectif était d’aider la municipalité à trouver des habitants disposés à financer leur achat », rappelle Philippe Renoux, son vice-président. Au final, le calendrier est une aubaine : ce sont les 7 % de taxe foncière supplémentaire qui y contribueront. « Les Briéron financent l’achat des panneaux via la commune, et récupéreront leur hausse d’impôts sous forme d’électricité redistribuée sur une boucle collective d’autoconsommation. »

5 000 panneaux

Si tous les foyers équipés d’un compteur Linky peuvent s’y connecter, environ 500 foyers (ou « points de livraison » selon le jargon établi) se sont désormais manifestés. « Nous comptons sur 1 000 », assure Philippe Renoux, qui renforce sa communication depuis le déploiement du prototype en mai. L’occasion de tester les techniques (et aussi de se rassurer), avant de lancer l’appel d’offres. Ce qui émerge, c’est un revêtement de structures d’ombrage photovoltaïques, environ 5 000 panneaux, sur 6 000 m2 de surface utile.

« Ce sera presque du sur-mesure ! », précise Denis Salaün, le directeur financier de la ville. Ici, le sol est vallonné, il est impossible de le niveler, et il faudra veiller à organiser l’espace sans l’abîmer. « Dans un cimetière, on n’a pas le droit à l’erreur. Il vaut mieux prendre encore un mois, mais faites les choses correctement… » Les poteaux qui soutiendront les ombrières seront glissés dans des pieux enfoncés à 15 mètres de profondeur. Et ils seront réalisés en bois lamellé-collé, « pour plus d’harmonie ».

Dans ce projet, la Ville, propriétaire de la centrale, est le fournisseur d’électricité. L’association est la « personne morale organisatrice ». C’est elle qui fait le lien entre habitant, production et distribution. Pour cela, il a fallu développer, avec l’aide de la société Enogrid, un outil capable de mesurer la consommation pour assurer une redistribution équitable.

Chaque année, le cimetière pourrait produire 1,4 million de kilowattheures (kWh). “Ce n’est pas une panacée, les habitants de Saint-Joachim vont continuer à payer l’électricité”, nuance Denis Salaün, qui précise qu’ici par an, nous consommons environ 11 mégawattheures (MkWh). Mais si l’on y ajoute l’énergie produite par les stores du parking qui jouxte la salle de spectacle, aujourd’hui exploité par une entreprise privée, « nous pourrions couvrir 30 % de la consommation totale de la ville ».

Double objectif

« Le projet du cimetière est l’aboutissement de notre politique de développement du photovoltaïque sur les bâtiments publics », précise Jacques Cochy, député chargé de l’environnement. Depuis quinze ans, huit bâtiments ont été recouverts de panneaux : écoles, poste, salles de sport, services techniques… « Bref, tout ce qui était bien exposé ! », sourit Denis Salaün. Et l’objectif initial : « générer des revenus et assurer l’avenir » a été atteint.

Aujourd’hui, la Ville produit deux fois plus d’électricité qu’elle n’en consomme ! « Tous nos bâtiments de producteurs sont raccordés au même réseau d’autoconsommation. Seuls les premiers équipés fonctionnent encore en vente directe, car les décrets, en vigueur aujourd’hui, n’existaient pas au début… » Depuis 2023, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) autorise en effet, sur dérogation, à s’autoconsommer au même station dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres.

Alors, si par le passé l’initiative a pu surprendre (même l’édile de l’époque s’est montré prudent), aujourd’hui on vient de toute la France découvrir, sur le terrain, le modèle de cette petite ville en route vers l’autonomie énergétique. Et économique aussi… « Tous les investissements réalisés jusqu’à présent, environ 2 millions d’euros, ont été autofinancés par la production, en aucun cas par les impôts ! », insiste Denis Salaün. A noter que le projet est soutenu par l’association citoyenne Récit et par la Fondation de France Grand-Ouest.

Du côté des habitants aussi, on a globalement confiance en cette municipalité « qui semble savoir comment faire »… Le projet n’a pas soulevé de réelle opposition au sein de la population, hormis au conseil municipal (où, en novembre dernier, les trois les élus de l’opposition ont voté contre). Et pour cause, sur les 4 200 habitants de la commune, l’association Brièr’Energie compte aujourd’hui 450 adhérents dont une majorité de résidents.

Croisé à l’entrée du cimetière, ce septuagénaire a certes entendu parler du projet, qui devrait voir le jour d’ici 2025, mais « sans l’imaginer, ni s’y engager »… Résolument volontaire, Philippe Renoux résume la philosophie de son association : « Ce projet a un double objectif : limiter la facture, mais aussi réorienter la production d’électricité vers d’autres moments de la journée, et apprendre à l’utiliser au mieux. L’avenir exige que nous soyons responsables. »

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Orange RDC et TV5 MONDE signent un partenariat pour un accès privilégié à la culture
NEXT Après débat, Biden en campagne électorale pour tenter de corriger le tir : Actualités