« J’ai l’impression qu’on est à fond depuis 3-4 jours ! »

« J’ai l’impression qu’on est à fond depuis 3-4 jours ! »
« J’ai l’impression qu’on est à fond depuis 3-4 jours ! »
Helicopter shot of the IMOCA Maître Coq V with a view to the Vendée-globe 2024 ©Christophe Breschi

Yannick Bestaven navigue désormais au sud-ouest des Canaries, direction le Cap Vert. Le skipper de Maître CoQ V et tenant du titre s’est positionné dès le départ dans le groupe de tête et se met progressivement dans le rythme d’une course débutée dans des conditions de navigation difficiles.

L’écho du vacarme des près de 500 000 spectateurs rassemblés dimanche dernier le long du célèbre canal des Sables d’Olonne s’éloigne au fil des jours, remplacé par celui de l’océan Atlantique, ses vagues, sa mer agitée, ses grains et ses vents musclés. Après des premières heures très calmes juste après le départ, les conditions se sont rapidement renforcées dans le golfe de Gascogne, avec notamment un passage particulièrement intense autour du cap Finisterre, à la pointe ouest de l’Espagne. ” Le départ a été très difficile avec peu de vent, confie Yannick Bestaven. Nous étions coincés en ligne. Mais cela a vite changé. Nous avons passé une nuit agitée au Cap Finisterre avec une mer agitée et des rafales de vent pouvant atteindre 48 nœuds (près de 90 km/h). C’était un peu le tremblement de terre à bord. Au départ de la course, ce n’est pas évident et surtout, il faut faire attention à ne pas casser le matériel ni se blesser. Mais cela s’est bien passé malgré quelques figures de style. Le bateau se comporte bien. »

La nuit de mercredi à jeudi a été encore agitée. “ Le grand Gennaker* a été hissédit le capitaine. J’étais sur le point de m’endormir quand les grains sont arrivés, le vent est monté d’un coup à 28 nœuds (plus de 50 km/h). Il a fallu réagir très vite pour réduire la voilure, avec évidemment une belle montée d’adrénaline. Mais ça s’est bien terminé. »

Un autre défi pour Yannick est de se mettre au rythme d’une course de fond. ” Il faut tenir le rythme sans s’épuiser car la Vendée est une course d’usure comme on l’a vu il y a quatre ans, rappelle-t-il. Les premières nuits ont été difficiles. J’ai essayé de faire des micro-siestes mais avec les sifflets, les bruits et les chocs ce n’était pas évident. Depuis, les choses se sont calmées. J’ai pu dormir une heure quatre fois. J’ai aussi pu réaliser de vrais repas chauds depuis mercredi. Il fait maintenant 20°, ça glisse bien, le ciel est bleu. Nous nous dirigeons vers un vent mollissant. Je vais en profiter pour essayer d’obtenir un maximum de périodes de sommeil d’une heure pour bien me reposer et rester lucide pour faire les bons choix. »

Après ces premiers jours de mer, Maître CoQ V et Yannick Bestaven sont toujours dans le top 10 au cœur d’un peloton où les dix premiers se trouvent à moins de 60 milles nautiques (111 km), à 11 heures ce vendredi.
« C’est très serré mais la route est longue. Je suis content car je suis toujours dans le groupe de tête. J’ai même deux bateaux sous mon vent. Ce n’était pas facile car nous avions des conditions difficiles, notamment le long des côtes portugaises. Je suis bon en compétition. Il ne faut pas perdre trop de distance sur les premiers pour ne pas les laisser s’échapper en fonction des conditions météo. Il faut rester en contact. Tout le monde dit qu’on part pour un marathon et qu’on ne va pas être dans le même rythme que pour une transatlantique par exemple, mais j’ai quand même l’impression qu’on est à fond depuis trois ou quatre jours. Il n’y avait pas de repos les trois premiers jours, c’était difficile de manger car il y avait de la mer et du vent fort. Mais je commence à prendre le rythme. Il est désormais temps pour la stratégie d’aller en Équateur. Ce n’est pas facile car il n’y a pas beaucoup de vent devant. Il y a un risque que cela se déroule et se concrétise. Mais cette stratégie à long terme pour ce Vendée Globe est très intéressante. Nous commençons vraiment à aborder tout cela en fonction de nos interprétations des fichiers météo et de nos positions. Nous essayons de jouer avec les anticyclones et les dépressions pour nous positionner au mieux par rapport aux systèmes. Pour l’instant, nous tricotons tous ensemble. Mais avec l’arrivée probable des passages de vent stoppants, des options plus ou moins à l’ouest pourraient émerger. Je vais bien regarder mes fiches météo, je vais aussi regarder mes amis pour ne pas y aller seul dans mon coin pour le moment. Mais il est certain qu’il y aura des options à prendre en fonction de nos positions.. »

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*Voile d’avant intermédiaire entre le génois et le spi

 
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