La « doctrine Guilbault » | La presse – .

La « doctrine Guilbault » | La presse – .
La « doctrine Guilbault » | La presse – .

La capacité du gouvernement caquiste à se sortir d’une mauvaise situation en faisant quelque chose d’encore pire est infinie.


Publié à 1h32

Mis à jour à 6h00

On vient de le voir à propos du troisième maillon : au lieu d’oublier dès le départ une promesse électorale mal ficelée, il crée désormais un nouveau dogme de gouvernance – la « redondance sécuritaire », une mauvaise idée érigée en principe. Appelons cela la doctrine Guilbault.

Le gouvernement utilise comme bouée de sauvetage un tout petit paragraphe du rapport de CDPQ Infra – hors contexte puisqu’il précise qu’il s’agit de « considérations qui dépassent le mandat de CDPQ Infra » – pour dire que des personnes consultées ont exprimé des inquiétudes quant à la sécurité des personnes. des ponts.

C’est vrai que si le pont Pierre-Laporte devait fermer, ce serait un problème sérieux pour la région de Québec. Mais il n’y a aucune raison sérieuse de croire que cela se produira.

À moins d’une catastrophe totalement imprévisible, comme celle du pont de Baltimore, les infrastructures telles que les ponts peuvent être sûres pendant littéralement des siècles si elles sont bien entretenues. Le vénérable pont Victoria à Montréal est utilisé quotidiennement depuis 1859, tant par les trains que par les véhicules automobiles. En plus de ça, le pont Pierre-Laporte, c’est une jeunesse !

Évidemment, ces infrastructures doivent être entretenues. Or, le Québec présente un déficit d’entretien très important pour ses ponts et ses routes. Selon le vérificateur général, le déficit d’entretien routier au ministère des Transports atteint 10 milliards de dollars.

Au rythme auquel le ministère des Transports « mène actuellement ses grands travaux de reconstruction et de réhabilitation, le rétablissement de l’état de ses routes prendra plus de 25 ans », indique son rapport de novembre 2023.

Quelques semaines plus tôt, l’Autorité des Marchés Publics déclarait à propos de l’inspection des ponts : « les programmes d’inspection [des ponts] ne permettent pas de détecter des problèmes majeurs et ceux-ci ne sont finalement observés que lors d’événements fortuits.

Dans ces circonstances, il est plutôt curieux de voir la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, dire qu’il est « irresponsable de n’avoir qu’un seul lien » et que « si le pont Pierre-Laporte devait fermer pendant quelques mois, voire un Dans quelques années, il n’y aurait pas d’autre alternative au Québec que de passer par Trois-Rivières ou Montréal.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le pont de Québec et le pont Pierre-Laporte

Ce qui serait vraiment irresponsable, pour reprendre les mots du ministre, c’est de ne pas entretenir adéquatement le pont Pierre-Laporte, au point qu’il faudrait le fermer. Mmoi Guilbault devrait s’abstenir d’effrayer le monde si elle ne fait pas le nécessaire pour éviter les problèmes.

Évidemment, si l’on pousse la logique de la « doctrine Guilbault » jusqu’à sa conclusion logique, il faudrait doubler toutes les infrastructures stratégiques par mesure de sécurité. À commencer par un deuxième pont à Trois-Rivières, sinon le gouvernement manquerait clairement à son devoir d’agir de manière responsable.

Mais les grandes infrastructures comme les ponts, lorsqu’elles sont correctement entretenues, n’ont pas besoin d’être dupliquées. Et nous n’avons pas besoin d’inventer des problèmes de sécurité potentiels pour justifier l’injustifiable.

Par ailleurs, il est vite devenu évident que, dans ce dossier, le gouvernement improvisait et n’avait pas fait ses devoirs.

En conférence de presse jeudi, le premier ministre et ses collègues ont été complètement surpris lorsqu’ils ont appris qu’il serait possible de permettre aux camions d’emprunter le bon vieux pont de Québec (ouvert en 1917) en abaissant son tablier d’un mètre ou deux. D’ailleurs, des travaux de réfection du tablier sont déjà prévus au budget de Transports Québec.

Il y a un débat parmi les ingénieurs sur cette solution, certains disent qu’elle n’est pas techniquement possible. Mais il demeure inacceptable qu’un gouvernement lance un projet de nouveau lien autoroutier en ignorant complètement la possibilité d’utiliser le pont de Québec, qui coûterait évidemment beaucoup moins cher que la construction d’un nouveau pont.

De même, le gouvernement relance l’idée de construire le lien autoroutier vers l’est, quelque part entre le port de Québec et la pointe de l’Île d’Orléans. Mais ce corridor Est avait déjà été envisagé en 2018 et plusieurs études sont déjà dans les tiroirs du gouvernement et mettent en avant de nombreuses contraintes. Ce qui explique pourquoi nous avons abandonné l’idée à l’époque.

Même CDPQ Infra a rejeté cette option comme peu pratique dans le rapport qu’elle a soumis au gouvernement. On se retrouve donc avec un gouvernement qui fait comme si l’étude qu’il a commandée ne valait finalement pas grand-chose.

Devant tant d’improvisation, on peut très légitimement se demander si l’objectif du gouvernement n’est pas simplement de maintenir le troisième maillon juste assez vivant pour être une promesse électorale dans deux ans et ainsi « sauver le soldat Drainville » et quelques autres sièges dans Chaudière. Les Appalaches. Mais avec le risque bien réel de perdre bien plus ailleurs…

Qu’en penses-tu ? Participer au dialogue

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Pas de salaire minimum dans les crèches privées
NEXT dans les Ardennes, le Rassemblement national domine largement