une dernière séance au cinéma Le Quercy ? – .

une dernière séance au cinéma Le Quercy ? – .
une dernière séance au cinéma Le Quercy ? – .

Par

Éditorial Cahors

Publié le

7 juin 2024 à 17h00

Voir mon actualité
Suivre le lot d’actualités

Cahors, mardi 10 mai 1949. 4 ans après la capitulation de la Wehrmacht. Soif de liberté, soif de paix, soif d’amour. Ce soir, les Cadurciens sont en déplacement pour voir « Aux yeux du souvenir » sur grand écran avec Michèle Morgan et Jean Marais. Romantisme avec action dramatique.

Mais les Cadurciens voyagent avant tout pour découvrir nouveau cinéma en ville : Le Quercy. Son nom en relief rouge se détache sur la façade, au 871 rue Emile Zola. Georges et Rosette Serres, les propriétaires, sont fiers de leur plus jeune enfant. Des fauteuils en velours rouge, pour rendre hommage au théâtre où les spectacles étaient souvent sanglants et dramatiques. Rideaux en nid d’abeille jaune.

Le cinéma Le Quercy à Cahors, une ambiance

Le cinéma, un lieu moderne de catharsis. L’huissier. Du pop-corn, des bonbons ou de la glace. Un film romantique. Une décoration soignée, avec, dans le hall, un luminaire « nouille », pièce unique composée de 9 néons, fabriquée spécialement pour le Quercy, par la société Lumilux. Et un balcon intérieur. Rare, encore aujourd’hui.

Ford Vedette, Citroën 2cv et Peugeot 203 dans les rues. Une période. Nostalgie? Il y a un large public. La soirée s’annonce belle. C’était il y a 75 ans. Une vie.

Nanie Serres se souvient

Leur fille Nanie Serres, qui a possédé et dirigé ce théâtre pendant de nombreuses années, se souvient : « A cette époque, le cinéma en salle se portait très bien. C’était un spectacle fédérateur. Mes parents, associés à M. Alexandre Bessières, avaient décidé d’ouvrir un nouveau cinéma, après Le Palais des Fêtes, l’autre cinéma que mes parents dirigeaient, Place de la Libération, depuis le 1er avril 1933. Je me souviens de quelques instants forts . En 1966, lorsque René Clément sort son film « Paris brûle-t-il ? » le Parti Communiste de Cahors a invité le colonel Rol-Tanguy (architecte de la libération de Paris) pour une projection spéciale. En 1987, j’ai invité Louis Malle pour la première de son film « Au revoir les enfants ». Il y a eu de grands moments dans ces lieux. »

Aujourd’hui, le bâtiment est toujours là. Rien n’a changé. L’architecture typique – style petit palais de l’âge d’or du cinéma dans les années 1950 – n’a pas changé. Sauf la couleur des lettres. Le rouge a cédé la place au bleu turquoise. Même le hall d’entrée est une véritable « capsule temporelle » qui nous invite à un voyage dans le temps.

Vidéos : actuellement sur -

Et maintenant ?

Mais il ne reste plus personne. Vide. La pièce est désespérément vide. Un temps, après l’ouverture du complexe du Grand Palais, la salle fut classée « Art et Essai », le lieu idéal pour projeter des films inclassables, hors catégories, loin des blockbusters aux formats et aux idées toutes faites. Une complémentarité qui a finalement pris fin. Manque de volonté. Quoi de neuf aujourd’hui ? Demain ?

Ludovic Graillat, propriétaire-gérant de cette salle, a été contacté. Il a évoqué un projet de rénovation. Le projet préservera-t-il l’apparence de ce cinéma, son ambiance devenue rare, voire unique ? Un programme de réouverture est-il prévu ? Nous ne le savons pas.

Le 75e anniversaire est passé, mais aucun événement spécial n’a eu lieu. Avons-nous raté une belle occasion de célébrer le cinéma à Cahors ? Oui, sans l’ombre d’un doute.

Certaines associations voient ce lieu remarquable comme un creuset pour célébrer une nouvelle fois les joies du cinéma, ou, pourquoi pas, l’histoire de la télévision sur grand écran. Comme Ciné+, mais qui a fini par élire domicile au cinéma Louis Malle de Prayssac pour son festival Cinédélices.

Malheureusement, les motivations des décideurs ne semblent pas correspondre à des logiques qui pourraient pourtant combiner enthousiasme du public et revenus commerciaux. Une force invisible bloque le mouvement, comme dans le film MGM de 1956 « Forbidden Planet ». “Nous voulons avancer, mais nous sommes entourés d’une volonté invisible et nous ne savons ni comment ni pourquoi”, raconte le capitaine de l’équipage en danger. L’avenir nous dira si ce lieu mythique finira par devenir un supermarché ou si un élan de bon sens sauvera pour les générations futures cet élément, déjà important, et qui ne peut que devenir une partie définitive de l’histoire cadurcienne.

Ce n’est qu’une question de volonté des citoyens ou des communautés. Ou les deux à la fois.

Nous avons tous, au plus profond de notre mémoire, un Cinéma Paradiso. Pour de nombreux Cadurciens, Le Quercy est le dernier témoin d’une grande époque de la vie cahorsaise. « Aux yeux de la mémoire ». Un titre prémonitoire ? Il faut sauver le Quercy ! Allez, en attendant, et si on faisait une dernière séance ? Non. Une nouvelle séance !

À

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon -.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Que faire ce week-end en Belgique ? Ordre du jour des 29 et 30 juin
NEXT Tour de France 2024. A quelle heure et sur quelle chaîne TV regarder les présentations des équipes ? – .