de l’obligation de voter au droit de vote des femmes « les socialistes et les libéraux étaient divisés sur la question »

de l’obligation de voter au droit de vote des femmes « les socialistes et les libéraux étaient divisés sur la question »
de l’obligation de voter au droit de vote des femmes « les socialistes et les libéraux étaient divisés sur la question »

En tant que lecteur assidu de ce bel objet qu’est votre Moustique, vous savez sans doute que le magazine fête son centenaire. Mais savez-vous qui dirigeait notre pays lorsque le petit insecte s’est propagé ? Il s’agissait de Georges Theunis, à la tête d’un gouvernement catholique-libéral appelé à éviter une alliance entre les socialistes et les Flamingants. Et ce n’est pas un hasard puisque catholiques et libéraux étaient historiquement les deux grandes forces belges de l’époque. Ils régnèrent même sans partage depuis l’indépendance en 1830, jusqu’en 1885 et l’arrivée du Parti ouvrier belge. “Le premier cycle est donc 1830-1885, avec un bipartisme et une vie politique centrée autour de questions philosophiques, comme le rôle de la religion dans le nouvel État belge.», précise Émilie van Haute, professeur de sciences politiques à l’ULB qui sera notre guide dans ce voyage temporel à travers l’histoire des élections.

Dès son indépendance, la Belgique a appliqué le suffrage basé sur le recensement. Autrement dit, seuls les hommes qui paient suffisamment d’impôts sont appelés à voter. Au cours du XIXe siècle, l’octroi du droit de vote s’est élargi et l’éventail des électeurs s’est progressivement élargi. À partir de 1883, les personnes « valides » peuvent également voter. Ou des hommes diplômés ou occupant un poste à responsabilité. En 1885, le Parti ouvrier social-démocrate entre sur la scène politique belge. Et avec lui, deux choses. “Premièrement, la fracture socio-économique s’est progressivement développée avec l’industrialisation de la Belgique.» Ensuite, ce petit détail : l’adoption de la représentation proportionnelle. “Nous avons d’abord adopté le suffrage universel masculin, avec le vote plural. Ce qui fait que certains hommes, pères de famille qui contribuent davantage aux impôts, disposent de plusieurs voix. Et puis, après la Première Guerre mondiale, nous avons adopté le suffrage universel masculin, point barre.» Sous la pression notamment des communistes, qui réclamaient le suffrage universel masculin complet, arguant que sur les champs de bataille, tous les hommes étaient égaux.

Qui a peur du vote des femmes ?

L’entre-deux-guerres est alors mouvementé, avec l’arrivée de ces communistes mais aussi l’avènement de la droite radicale. Le VNV (Vlaams Nationaal Verbond) côté flamand, la liste Rex côté francophone. “L’entre-deux-guerres fut en quelque sorte un intermède multipartite. Et puis, après la Seconde Guerre mondiale, on est revenu au classique, avec les trois familles des partis libéral, catholique et socialiste. Et une domination, d’abord et toujours, des questions philosophiques, royales, scolastiques. Et puis progressivement l’émergence de la fracture linguistique, avec l’arrivée de la Volksunie, puis du FDF. « Là, on a négligé un autre petit détail, avec l’octroi du droit de vote aux femmes.

Certaines femmes avaient le droit de voter en ayant le statut de veuve ou de mère d’un soldat, mais le suffrage universel complet ne fut accordé qu’en 1948.»Et s’ils ne s’en vantent pas aujourd’hui, les socialistes n’étaient pas particulièrement du bon côté de l’histoire. “C’était compliqué car, si les démocrates-chrétiens y étaient favorables, les socialistes et les libéraux étaient plus divisés sur la question. De peur que ce vote des femmes ne profite aux démocrates-chrétiens, et que les femmes soient plus que les hommes sous l’influence de l’Église et de leurs prêtres, et suivent les instructions de vote, ou en tout cas, adoptent un comportement électoral plus conservateur.» Ce qui n’a pas été démontré une fois le vote accordé.

La quasi-disparition des libéraux

Les années soixante et surtout soixante-dix marquent l’accélération de la fragmentation des partis. L’apparition de groupes aux horizons régionalistes va notamment diviser les familles traditionnelles. “On entre alors dans un autre cycle, marqué par une fragmentation accrue liée à l’émergence de la fracture linguistique. Et puis, dans les années 1980, on a assisté à l’émergence du bloc FN, donc de l’extrême droite, et des Verts.« Tout cela pour se terminer en 2024, dans une société qui enchaîne les crises, et voit par conséquent le renforcement de la gauche radicale et de la droite radicale, et l’écrasement des partis traditionnels, qui ont enregistré des scores historiquement bas ces dernières années. “En conclusion, notons que les grandes étapes reflètent en fait la fragmentation progressive des systèmes partisans en Belgique. Cela reflète aussi le développement progressif et la superposition de différentes divisions, d’abord philosophiques, puis socio-économiques, linguistiques et enfin politiques assez nouvelles, avec les enjeux climatiques et migratoires.» Émilie van Haute a souligné que l’effet attendu du vote des femmes, prétendument sous l’influence de l’Église et de leurs maris conservateurs, n’était pas confirmé.

Mais plus généralement, les différentes évolutions vécues par les élections belges ont-elles eu un impact sur les élections qui ont suivi ? “Les principaux effets se situent au niveau du suffrage universel masculin avec vote plural. La Belgique, dans un premier temps, fonctionnait à la majorité. Ce qui veut dire que dans chaque circonscription, nous avons envoyé un élu, celui ayant obtenu le plus de voix. Cela a très bien fonctionné dans un système à deux partis, catholique et libéral, qui se divisaient les voix. Dès l’arrivée du POB et de ce suffrage universel masculin par vote pluriel, on a vu qu’avec ce système majoritaire, le parti catholique gagnait toutes les circonscriptions flamandes. Et en Région wallonne, c’est le POB qui a tout gagné. Le Parti libéral était donc au bord de l’extinction.»

Il n’était pas le seul à craindre sa disparition, puisque les catholiques conservateurs voyaient également d’un mauvais oeil la dualisation avec le POB. “Il y a eu une alliance libérale-catholique pour réformer le système électoral et, en 1899, adopter la représentation proportionnelle pour, je cite, sauver le parti libéral.“Pour le reste, les réformes n’ont pas eu beaucoup d’effet, comme par exemple l’octroi du droit de vote aux non-Belges aux élections européennes de 1999.”Lorsque nous avons accordé le droit de vote communal aux Européens, puis l’avons étendu aux résidents non belges de plus de 5 ans, il y a eu un tollé pour dire que cela profiterait aux partis de gauche. Ce n’était pas du tout le cas

Proportionnelle, secret et obligation

Mais ce qui a changé l’histoire, c’est l’obligation de voter. Apparu en 1893, il fait passer le nombre d’électeurs de 140 000 à 1,37 million. « Il y avait, pour le POB, la crainte d’une faible mobilisation de ses électeurs. Cela faisait donc partie du paquet visant à réformer les règles électorales en Belgique, la représentation proportionnelle et le vote obligatoire.» Le secret du vote s’ajoute également à ces nouvelles législations. « Tout cela est lié aux pratiques des débuts de la démocratie représentative. Lorsque le vote était basé sur un recensement avec peu d’électeurs, les partis contrôlaient étroitement leurs électeurs. Ces mesures visaient donc à garantir le caractère individuel du vote et à garantir que tous les électeurs soient plus égaux avant le scrutin.

De toute cette histoire sont issues les fameuses six réformes de l’État, entre 1970 et 2014, qui ont façonné l’État fédéral que nous connaissons. “Nous n’avons pas, dans les espaces linguistiques, la même vision de ce qu’est l’autonomie. En Flandre, dans un premier temps, elle s’est appuyée sur des problématiques liées à la langue. Il était essentiel d’avoir une autonomie en matière d’éducation et de culture, et c’est ce qui a conduit, en premier lieu, à la naissance des trois Communautés et à cette réforme adoptée en 1970 .« Côté francophone, suite à la désindustrialisation de la Wallonie, la recherche d’autonomie s’est concentrée sur la gestion économique. “Elle a également participé à la création des Régions. Il y avait cette tension entre Bruxelles et la Wallonie. Bruxelles était la place financière de la Belgique, la Wallonie le centre industriel. Donc pas les mêmes intérêts économiques. Et dans la défense de l’autonomie, il n’y a pas eu d’unité francophone

Aujourd’hui, on entend régulièrement dire que tout est trop compliqué en Belgique. Les différentes réformes ont tricoté un point presque impossible à comprendre pour les citoyens. Mais pourrait-on faire autrement ? “Les choses sont ainsi pour des raisons précises. Ce n’est pas pour le plaisir de complexifier les choses que nous avons des Régions et des Communautés. C’est donc peut-être propre à la Belgique de vouloir satisfaire tout le monde. Nous avons une double logique d’entités fédérées, c’est vrai que c’est assez original, mais cela correspond à une réalité sociale qui n’a pas changé.»

 
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