pourquoi l’une des deux dernières centrales électriques de France est bloquée

pourquoi l’une des deux dernières centrales électriques de France est bloquée
pourquoi l’une des deux dernières centrales électriques de France est bloquée

Les salariés du site de Saint-Avold (Moselle) ont voté mardi pour occuper les lieux pour une durée illimitée.

Ils dénoncent l’absence de réponse du gouvernement sur leur avenir après la fin du charbon en France en 2027.

Deux projets de reconversion avaient pourtant été lancés, mais ils semblent au point mort.

Nous nous engageons sur le long terme.» A l’issue du vote pour bloquer le site de Saint-Avold, en Moselle, mardi 4 juin, Thomas About, chef d’équipe de l’unité charbon de la centrale Émile Huchet et délégué syndical CFDT chez GazelEnergie, sait que la mobilisation sera longtemps, mais les 90 salariés et 130 sous-traitants d’une des deux dernières centrales à charbon de France peuvent compter sur le soutien de 422 élus locaux qui ont adressé cette semaine un courrier à l’Élysée.

Dans la question ? La fermeture prévue de la centrale en 2027, date à laquelle Emmanuel Macron s’est engagé à sortir progressivement du charbon. L’autre site est situé en Loire-Atlantique, à Cordemais, et est géré par EDF ; quand le site GazelEnergie en Moselle est une filiale d’un groupe détenu par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Salariés et sous-traitants ne sont pas opposés à la fin du charbon, mais dénoncent l’absence de réponse du gouvernement sur les projets de reconversion.

Nous sommes morts une fois en 2022 sans faire de vagues.

Thomas About, CFDT

Nous sommes morts une fois en 2022 sans faire de vaguecommente Thomas About. Le gouvernement pensait que c’était une évidence pour une deuxième salve, mais cette fois, nous n’allons pas mourir sans rien dire.

Car le site de Saint-Avold a en effet déjà été fermé une fois, et les salariés licenciés. Conformément à la loi de programmation énergétique, les centrales à charbon devaient effectivement fermer avant 2022. Le 31 mars de la même année, le site a donc été fermé.

Mais six mois plus tard, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les risques de pénurie énergétique associés, le gouvernement français a redémarré l’usine en novembre 2022. Et les salariés et sous-traitants ont été réembauchés. Le site a depuis également été remis en service en janvier 2024.

Si la fin du charbon est prévue pour 2027, les contrats des salariés prennent fin l’année prochaine, en 2025. »Ils nous laissent mourir dans notre coin», estime Thomas About, assurant qu’il est «sans nouvelles» du gouvernement sur les projets de reconversion annoncés.

Une usine de production d’hydrogène

Pourtant, le 24 septembre 2023, Emmanuel Macron annonce la conversion à la biomasse des deux dernières centrales. Des tests ont déjà été réalisés pour voir comment les machines actuelles peuvent utiliser du bois plutôt que du charbon. “L’idée était de passer dans un premier temps de 100 % de charbon à 50 % de charbon et 50 % de bois», explique le syndicaliste, vantant un dispositif qui permettrait à la France de passer les pics de consommation sans avoir besoin d’importer de l’électricité.

Un autre projet devait également voir le jour. Baptisée Emil’hy, elle consistait en la mise en place d’une usine de production d’hydrogène renouvelable et bas carbone. Un projet porté par les salariés et les élus locaux. “L’industrie du futur sur le site est la filière hydrogèneont-ils écrit dans leur lettre, demandant à Emmanuel Maron de «défendre la candidature de ce projet auprès de l’Union européenne« .

Nous n’avons ni préférence ni réserve sur ces projets.

Entourage de Roland Lescure, Ministre de l’Industrie

Mais selon Thomas About, ce projet est bloqué au ministère de l’Economie. Ce serait “trop européen« . Car l’hydrogène produit approvisionnerait dans un premier temps le sidérurgiste allemand Stahl-Holding-Saar (SHS), situé à quelques dizaines de kilomètres de là, de l’autre côté de la frontière.

Et ça ? “Trois critères guideront notre accompagnementrépond l’entourage du ministre de l’Industrie, Roland Lescure. Ce doit être un projet pérenne pour le site et l’outil industriel, un projet bon pour l’emploi, et enfin un projet bon pour la transition écologique.

Des critères remplis par le site de Saint-Avold, assurent les salariés, avec un projet coûtant 700 millions d’euros et la création de 200 emplois. Le gouvernement préfère-t-il le projet de biomasse ou de recyclage du plastique ? “Nous n’avons ni préférence ni réserve sur ces projets», assure le cabinet du ministre.

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Mais le gouvernement n’a pas vraiment apprécié que, ces dernières semaines, le centre se soit transformé en lieu de rencontre des candidats aux élections européennes. Les salariés ont notamment reçu la visite du candidat RN Jordan Bardella et du candidat LR François-Xavier Bellamy. “Les industriels de passage partiront après le 10 juin (après les élections, ndlr), a récemment commenté Roland Lescure dans les colonnes de Républicain Lorrain. Faire de ces sujets un petit ping-pong politique devant les salariés ne m’intéresse pas. Je viendrai prochainement à l’usine de Saint-Avold, par rapport à l’agenda industriel, pas électoral.« Et une Source gouvernementale a précisé : »Il se rendra à Saint-Avold lorsqu’il aura quelque chose de concret à dire aux salariés et qu’il pourra partager avec eux une vision pour l’avenir de l’usine.

On ne demande plus une visite, mais une réponsecommente Thomas About. Nous vivons depuis trop longtemps dans l’incertitude. Nous ferons tout pour que ces projets aboutissent. Les choses ont changé depuis le premier confinement en 2022 et nous ne nous laisserons plus bercer aussi doucement. Nous nous battrons jusqu’au bout.« Mercredi, les salariés ont ralenti la circulation sur la RN33. Ils envisagent d’autres blocages pour la semaine prochaine, notamment de la ligne TGV reliant Sarrebruck en Allemagne à Metz.


Marianne ENAULT

 
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