« nous voulons qu’il y ait des référendums », déclare le préfet Veillette

Quelque 300 citoyens se sont rassemblés dans l’auditorium du lycée Le Tremplin, bondé et dépourvu de climatisation. Les échanges sont restés courtois, malgré l’opposition affirmée du public au projet TES Canada, malgré les standards présentés qui en ont déçu plus d’un, et aussi malgré la chaleur torride qui régnait dans les lieux. La consultation a duré plus de quatre heures.

Le préfet Veillette et les responsables de la MRC étaient aux prises avec une salle en surchauffe, au propre comme au figuré. Les opposants étaient présents sur les lieux, une heure avant l’ouverture de la salle, brandissant des banderoles et scandant des slogans. « Ça ne passe pas le TES ! Il ne passe pas le TES !

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Les opposants ont scandé des slogans et brandi des pancartes avant de se masser à l’intérieur et d’assister à la consultation. (Stéphane Lessard/Le Nouvelliste)

« Nous pouvons nous parler », a déclaré le préfet Veillette en guise de bienvenue. La capacité de l’homme politique expérimenté à s’adresser à une majorité de l’auditoire par son prénom a sans doute contribué à maintenir les débats dans les limites de la civilité, malgré l’émotion qui planait dans l’air chaud et la déception générale face aux standards présentés.

À ceux qui espéraient que Des Chenaux tournerait définitivement le dos à l’industrie éolienne, la MRC a répondu que « les orientations gouvernementales en matière d’aménagement du territoire (OGAT) font qu’une MRC ne peut interdire complètement les éoliennes sur son territoire ».

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Quelque 300 personnes ont assisté à la consultation, dans une salle où les émotions flottaient dans l’air chaud. (Stéphane Lessard/Le Nouvelliste)

Démocratie municipale 101

Les responsables du Service d’urbanisme de la MRC des Chenaux ont d’abord présenté le laborieux processus démocratique qui mène à l’adoption d’un changement au règlement de zonage dans une municipalité locale.

Une fois les normes minimales établies par une MRC, la balle est dans le camp des municipalités, qui doivent alors déterminer dans quelles zones et de quelle manière les éoliennes peuvent être installées. Les citoyens des zones touchées et des zones adjacentes peuvent alors se mobiliser pour signer un registre, qui ouvre la voie à la tenue d’un référendum, s’il y a suffisamment de signataires.

Le but du projet de règlement est d’exclure des secteurs du territoire de l’installation d’éoliennes en protégeant les éléments les plus sensibles de notre territoire et de tout encadrer.

— Extrait de la présentation de la MRC des Chenaux

Les communes sont libres d’aller plus loin, insistons-nous.

A 1,5 kilomètres du village, 300 mètres de la ferme

Ce sont les normes fixant les distances entre les éoliennes et les différents bâtiments et éléments du territoire qui ont suscité les débats les plus vifs.

Beaucoup ont protesté contre le fait qu’une distance minimale de 1,5 kilomètre est prescrite entre une éolienne et un périmètre urbain, alors que seule une zone tampon de 300 mètres est requise pour un bâtiment d’élevage. « Deux poids, deux mesures », avons-nous déploré haut et fort.

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L’expérience du préfet Guy Veillette et sa proximité avec la population ont sans doute contribué à maintenir les échanges dans les limites de la courtoisie. (Stéphane Lessard/Le Nouvelliste)

À noter que la MRC des Chenaux est composée à 97 % de territoire agricole.

Certains avancent que les MRC ont établi des distances minimales de 4,5 kilomètres entre les tours à hélices et les bâtiments. La MRC des Chenaux répond qu’une telle mesure entraînerait une interdiction totale de tout développement éolien sur son territoire. «Notre règlement serait rejeté par le ministère, et là, on pourrait en avoir partout», soutient Danny Roy, directeur de l’aménagement du territoire à la MRC.

Le « piège » du principe de réciprocité

A ceux qui insistent sur un nouveau durcissement de la réglementation, le préfet Veillette adresse un avertissement. Les distances minimales imposées à un promoteur potentiel s’appliqueront à leur tour autour des éoliennes érigées. Ainsi, si une distance de 1,5 kilomètre doit être respectée entre une tour et un bâtiment, l’inverse est également vrai pour un nouveau bâtiment que l’on souhaiterait construire à proximité d’une tour déjà existante. «Ça pourrait être un piège», commente Guy Veillette.

“Est-ce que ça veut dire que si mon voisin en plante un à côté de ma ligne, je n’ai plus le droit de construire moi-même ?” » demande un citoyen, pour qui la distance de 1,5 mètre entre l’extrémité d’une pale d’éolienne et la limite d’une propriété apparaît clairement insuffisante.

>>>Danny Roy, directeur de l'aménagement du territoire à la MRC des Chenaux, soutient que si le règlement adopté est trop restrictif, il sera rejeté par Québec.>>>

Danny Roy, directeur de l’aménagement du territoire à la MRC des Chenaux, soutient que si le règlement adopté est trop restrictif, il sera rejeté par Québec. (Stéphane Lessard/Le Nouvelliste)

Les autorités de la MRC ont ainsi exposé les différentes contraintes à l’implantation d’éoliennes, jusqu’à arriver avec une cartographie qui, finalement, laisse peu de place au développement du secteur. « Le ministère de l’Économie nous a dit : ‘oui, il ne vous reste plus grand chose’ », raconte-t-on. Les opposants semblent juger qu’au contraire, le territoire reste largement exposé à un projet qui continue d’alimenter la grogne.

À plusieurs reprises, les citoyens présents ont également fait valoir que la réglementation était calquée sur les réglementations existantes, qui visaient à réglementer les petites éoliennes. «Les éoliennes que nous allons avoir chez nous, elles sont deux fois plus hautes… Vous n’auriez pas dû doubler toutes vos distances?», a lancé un citoyen aux responsables de la MRC. Et la foule applaudit.

Patiemment, Guy Veillette s’appuie sur le processus de consultation qui mène à l’adoption de changements de zonage dans les municipalités locales.

Version révisée

Toute la soirée, les responsables du MRC ont pris des notes. Si les discussions ont fortement divergé sur des questions plus larges, les citoyens ont fait des propositions concrètes visant à augmenter certaines marges ou à revoir certaines contraintes.

Il est estimé qu’une version révisée du règlement devrait être adoptée lors de la réunion de septembre à la Table des maires. Il appartiendra ensuite aux municipalités locales, selon les délais prescrits, de l’intégrer dans les territoires qu’elles jugeront appropriés. Les citoyens auront le dernier mot, affirme le préfet Veillette.

 
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