Après les communautés catholiques, c’est au tour de la plus grande Église protestante de France de s’associer aux démarches d’accompagnement et de réparation des victimes de violences sexuelles de la Commission de reconnaissance et de réparation (CRR). L’Église protestante unie de France (EPUdF) a ainsi officialisé jeudi 7 novembre son adhésion à la CRR, créée en novembre 2021 suite à la publication du rapport Ciase sur les violences sexuelles dans l’Église catholique.
« Après l’élaboration de brochures de prévention contre la pédocriminalité et contre les violences spirituelles et sexuelles, après la mise en place d’une cellule d’écoute téléphonique anonyme, le recours à un tiers sachant accompagner les personnes victimes d’actes anciens s’est imposé », se félicite de l’EPUdF dans un communiqué, qui souligne “l’expérience” acquis par cette commission au cours des trois dernières années. « Par cette adhésionon peut encore lire, L’EPUdF est fortement engagée en faveur de la réhabilitation des victimes dont la parole a été étouffée pendant trop longtemps. Elle s’engage également à reconnaître sa responsabilité. »
Des compétences au-delà de l’affiliation ecclésiale
L’adhésion, signée fin octobre, a été conclue rapidement, suite à une réflexion entamée avant l’été et des premiers contacts avec le CRR fin août. Pour le pasteur Emmanuelle Seyboldt, présidente de l’EPUdF, c’est l’expertise du CRR qui a été mise en avant. « Nous sommes une Église trop petite, dans laquelle nous nous connaissons tous, pour mettre en œuvre une commission similaireexplique-t-elle. Il faut chercher les compétences là où elles se trouvent, sans s’arrêter à la confession ecclésiale, d’autant plus que le CRR est indépendant. »
Toute victime entrant en contact avec le CRR pourra ainsi suivre une démarche de justice réparatrice, et pourra demander une compensation financière pouvant aller jusqu’à 60 000 € selon la gravité des violences subies. Seules des formations seront dispensées dans les prochaines semaines aux membres du CRR pour se familiariser avec les structures propres à cette Église protestante.
Peu de fichiers connus
“Il n’y a pas ou peu de différences dans les dossiers : en matière d’abus de pouvoir, que ce soit un pasteur ou un prêtre qui abuse de sa position, quelle que soit la communauté ou celui qui détient l’autorité, la nature humaine est assez similaire, estime le pasteur Emmanuelle Seyboldt. Ce qui nous différencie, c’est que nos fonctions sont électives et les mandats sont limités dans le temps. »
Si pour l’instant on compte le nombre de dossiers connus de l’EPUdF “sur les doigts de la main” selon son président, l’intérêt de travailler avec la CRR réside aussi dans la possibilité de « donner aux victimes un signe visible qu’elles peuvent aller voir une structure indépendante » qui pourrait reconnaître la responsabilité de l’Église dans les violences subies dans le passé.