A la recherche de demain | Lot-et-Garonne. Un système pour attirer et accueillir les apprentis dans les communautés rurales

A la recherche de demain | Lot-et-Garonne. Un système pour attirer et accueillir les apprentis dans les communautés rurales
A la recherche de demain | Lot-et-Garonne. Un système pour attirer et accueillir les apprentis dans les communautés rurales

Chemise blanche impeccablement repassée et chaussures noires cirées, Lucas Manoer termine la garde du déjeuner à l’Auberge Le Prieuré. Voisin du prieuré clunisien du XIe siècle, ce restaurant étoilé fait la fierté de Moirax, commune de 1 188 habitants (en 2020) située au sud d’Agen. L’apprenti de 19 ans y travaille depuis septembre 2022. Etudiant à la Chambre des métiers et de l’artisanat du Lot-et-Garonne (CMA 47), il termine de préparer un brevet professionnel consacré aux arts de la table.

« Depuis que Lucas a débuté dans ce restaurant, il a beaucoup changé », constate Mathieu de Carli, le directeur du centre jeunes travailleurs CMA 47. « Il a notamment pris confiance en lui, cela se voit dans sa façon de se comporter et de parler. . » Sauf imprévu, le jeune homme devrait obtenir son diplôme en juin.
Une trajectoire pleine de promesses, rendue possible par Apprentoit. Lancé en 2013 par la CMA 47 et le bailleur social Domofrance, ce dispositif aide les apprentis à trouver un logement à proximité de leur lieu de travail et à des prix très bas. Une fois son quart de travail terminé, Lucas n’a plus que 80 mètres pour rentrer chez lui. Grâce à l’aide personnalisée au logement (APL) majorée, les loyers se situent entre 80 et 100 euros.

Un soutien personnalisé

Douze communes du Lot-et-Garonne accueillent désormais 36 studios situés dans des immeubles mis à disposition par les mairies et rénovés par Domofrance. Unique en France, cette initiative a été lancée en réponse aux difficultés de recrutement des entreprises dues au manque de logements.
« Heureusement, j’ai eu cet endroit car je n’aurais pas pu faire des allers-retours. Entre ici et chez moi à Gondrin, dans le Gers, il y a 45 minutes à une heure de route. » Louer un logement un peu plus loin ? Pas impossible, mais pas des plus évidents avec un salaire d’apprenti avoisinant les 950 euros. « Le loyer à Agen est de 300 à 350 euros, précise Mathieu de Carli. Auxquels il faut ajouter les frais d’eau, d’électricité, d’essence et de voiture. »

Construits depuis 2016 dans une ancienne grange datant du Moyen Âge, les deux appartements Apprentoit à Moirax bénéficient d’un espace commun. C’est ici qu’Emmanuelle Sallères rencontre régulièrement des jeunes hébergés par Apprentoit. Outre les démarches administratives, le salarié du CMA 47 fait le lien entre les apprentis, les familles et les entreprises. « Mon rôle est de les accompagner tout au long de cette première expérience d’autonomie et de sécuriser leur parcours professionnel », résume-t-elle. C’est pourquoi je parle beaucoup avec les employeurs. S’ils me disent que le jeune semble fatigué, qu’il est souvent en retard ou absent sans raison, cela m’alertera. »
En onze ans d’existence, Apprentoit a accompagné 200 apprentis. « Certains ont signé des CDI ou envisagent de reprendre l’entreprise lorsque le dirigeant prendra sa retraite », se réjouit Mathieu de Carli. Nous agissons réellement sur deux axes : donner un toit aux jeunes qui débutent dans la vie active et maintenir l’attractivité des entreprises dans les territoires ruraux. »

Quatre nouveaux studios

Le système offre une aide précieuse aux employeurs pour convaincre les apprentis (et leurs parents) de venir travailler dans des endroits mal desservis, voire inexistants, par les transports publics. Côté communal, c’est l’opportunité de maintenir des activités économiques, mais aussi de rénover des bâtiments vides et parfois très anciens.

Observé par d’autres départements ruraux comme la Creuse, le dispositif est en constante progression. Trois nouveaux logements seront livrés en 2026 à Moirax. Cocumont, située au nord-ouest du département, est la dernière commune à avoir intégré Apprentoit. Quatre studios y accueilleront des jeunes d’ici quelques semaines. «Dire que cela dynamise la ville est une exagération», estime Henri Tandonnet, le maire de Moirax. Mais cela apporte de la convivialité. Ça fait plaisir de voir l’équipe de jeunes du restaurant prendre un verre à La Cigale, sur la place du village, le dimanche après-midi. »

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Brunch dans les Yvelines (78), nos bonnes adresses dénichées
NEXT QUAND LA COMMUNAUTÉ DES CONCEPTS AU SÉNÉGAL ATTEINT UN CERTAIN NIVEAU – .