un rapport pour mieux mesurer l’impact des entreprises

un rapport pour mieux mesurer l’impact des entreprises
un rapport pour mieux mesurer l’impact des entreprises

Timothée Duverger, ingénieur de recherche à Sciences Po Bordeaux, responsable du master ESSIS et de la chaire ESS Territoires (TerrESS). Crédits : TD

Comment mesurer l’impact territorial des entreprises ? C’est la question que s’est posée le groupe de réflexion Impact Tank. Après 13 mois de travaux, la structure a remis son rapport et ses recommandations à Olivia Grégoire, sous-ministre de l’Entreprise, du Tourisme et de la Consommation, lors du Sommet de mesure d’impact. Timothée Duverger, responsable de la chaire TerrESS à Sciences Po Bordeaux et rapporteur du projet, fait part à Placéco des ambitions du rapport.

Que contient ce rapport et à qui s’adresse-t-il ?
Nous avons produit un document structuré autour de quatre axes. Une revue de la littérature, qui visait à dire « Il ne peut y avoir de transition si elle n’est pas juste », et qu’à partir de là il faut mettre en place une responsabilité territoriale des entreprises. Ensuite, nous avons établi un recensement des initiatives qui relèvent peu ou prou du champ de RTE. [ndlr, responsabilité territoriale des entreprises], ainsi qu’un outil de mesure d’impact, prenant en compte cette dimension territoriale. Enfin, quatrième axe, des recommandations à destination des entreprises et des pouvoirs publics – une sorte de petit guide de mise en œuvre des stratégies de RTE ou des politiques publiques.

Que ressort-il de cela ? Comment mesurer l’impact territorial des entreprises ?
Nous utilisons la mesure classique de l’impact social, qui mesure les effets individualisés. Nous avons introduit deux dimensions. La première est de savoir comment définir le territoire en amont ? Quelles sont ses parties prenantes, et avec qui doit-on co-définir la mesure d’impact ? Ensuite, deuxième point d’inflexion, il faut mesurer non seulement les effets individualisés, mais aussi collectifs. C’est-à-dire ce que l’activité des entreprises génère sur les écosystèmes territoriaux, au-delà des seuls individus. Car l’idée derrière, c’est que le territoire renforce les effets systémiques des actions – quand on est plusieurs, ça a des effets multiplicateurs.

Donner matière à réflexion aux entreprises

Quelles sont les principales recommandations formulées dans ce rapport à destination des pouvoirs publics ?
Pour résumer, j’ai donné trois mots clés : coopération, démocratisation, expérimentation. La coopération est le développement de centres territoriaux de coopération économique [ndlr, les PTCE, qui donnent un cadré légal et financier à des solutions locales pour créer des synergies entre acteurs économiques] comme le projet Ïkos ou la Fabrique Pola en Gironde. Ce que nous disons, c’est qu’il nous faut une véritable stratégie de coopération France, mais aussi une coopération public-ESS. Par exemple en Angleterre, la ville de Preston utilise le levier des marchés publics pour financer de véritables filières coopératives sur son territoire, et répondre à ses besoins. Cela s’appelle Community Wealth Building, et c’est un modèle anglo-saxon très intéressant. Il sera notamment mis à l’honneur le 27 juin par Bordeaux Métropole, à l’occasion d’une journée autour de la commande publique responsable. [ndlr, BEE, Bordeaux Échanges Européens].
Concernant les deux autres mots clés, il y a démocratisation – j’ai poussé le modèle ESOP [ndlr, plans d’actionnariat salarié], et l’idée de transmettre l’entreprise à ses salariés. A cette occasion, Olivia Grégoire a également affirmé qu’elle allait intégrer ce système dans un texte juridique… Ce qui n’est pas neutre, je pense. Enfin, troisième et dernier point, l’expérimentation : comment construire une politique nationale à partir d’une expérimentation locale ? On peut citer le Territoire Zéro Chômage pour la garantie d’emploi, la sécurité sociale pour l’alimentation, etc.

Ce rapport est une première étape, mais qu’en attendez-vous désormais ? Peut-il vraiment faire avancer les choses ?
Premièrement, cela permet de souligner le fait que le territoire compte dans le monde économique. C’est l’idée fondamentale. Lors de la présentation du rapport, nous avions Gabriel Attal en ouverture, Olivia Grégoire et beaucoup d’entreprises étaient présentes et ont pu entendre ce que nous avions à dire. Ces entreprises pourront alors elles-mêmes reprendre le rapport, ce qui pourra les inciter à agir. Dans la liste des recommandations, tout ne sera pas fait, mais typiquement si Olivia Grégoire va jusqu’au bout de l’idée de démocratiser l’entreprise, ou si elle renforce le PTCE, on aura gagné. Et puis, c’était l’occasion de promouvoir les modèles d’économie sociale et solidaire auprès des acteurs présents. A ce titre, je pense que l’ESS gagne en légitimité, il y a un intérêt marqué de la part des entreprises et des acteurs publics. Après, c’est une tendance qui se dessine et ce n’est pas encore évident, même si des progrès sont réalisés.

 
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