en Charente-Maritime, la désagréable surprise d’un maire qui voulait se mettre au bio

en Charente-Maritime, la désagréable surprise d’un maire qui voulait se mettre au bio
en Charente-Maritime, la désagréable surprise d’un maire qui voulait se mettre au bio

Le maire de L’Houmeau Jean-Luc Alvay a souhaité implanter un maraîchage durable sur les terrains appartenant à la commune.

Mais l’analyse de l’eau prélevée dans les eaux souterraines a révélé une teneur élevée en nitrates et en pesticides.

Même l’Agence Régionale de Santé déconseille sans enthousiasme de cultiver ces terres.

A L’Houmeau, en Charente-Maritime, 44 hectares de terrain sont coincés entre deux marais protégés, la ville et la plage. Parcelles autrefois cultivées de manière intensive et appartenant à dix-sept propriétaires. Depuis plusieurs années, le maire de la commune, Jean-Luc Algay (Parti radical) s’est engagé à faire racheter par son administration ce terrain situé dans un endroit sensible, face à l’océan.

Objectif : préserver le territoire et générer une activité économique en favorisant, sur une partie des terres, l’installation de maraîchers bio ou défenseurs d’une agriculture durable. Mais rien ne s’est passé comme prévu.

Un insecticide interdit depuis 1972

« L’été dernier, nous avons réalisé des forages pour développer la géothermie des nappes phréatiques, explique le maire à TF1. « C’est l’opérateur qui m’a alerté lorsqu’il a découvert les résultats d’analyses de la nappe phréatique à 15 mètres de profondeur. La teneur en nitrates était supérieure à la norme : 64,2 mg/l d’eau, alors que dans l’eau potable elle doit être au maximum de 50 mg/l pour les adultes et 10 mg/l. pour les nourrissons. »

Inquiet, Jean-Luc Agay demande de nouvelles analyses, portant cette fois sur une centaine de résidus de pesticides connus. Dans la région, la culture céréalière intensive a laissé des traces. Trois résidus ont été identifiés, dont la dieldrine, un insecticide interdit en France en 1972. « J’ai été choqué d’apprendre que l’on retrouve encore des traces de ce produit interdit depuis plus de 50 ans »confie le maire.

La consommation de cette eau sans traitement est déconseillée.

Agence régionale de santé

Et ce n’est pas tout : les analyses montrent également la présence d’un herbicide, le diméthachlore, mais aussi du chlorothalonil, un fongicide dont la présence en quantité a conduit à la fermeture de captages d’eau potable sur le territoire de La Rochelle. Ce produit a été mesuré à 1,3 mg/l, soit au dessus de la limite fixée à 0,1 mg/l.

De quoi inquiéter le maire de L’Houmeau, qui a immédiatement prévenu l’Agence régionale de santé. Elle lui a répondu dans une lettre datée du 25 avril. « La consommation de cette eau sans traitement est déconseillée, écrit l’ARS. Ne pas avoir connaissance d’études permettant de savoir dans quelle mesure les plantes concentrent ces substances (…) Je vous invite à attirer l’attention de tous les maraîchers bio sur cette situation.

Et pour inciter les futurs opérateurs à faire « effectuer des analyses préliminaires pour contrôler la qualité des terres et de l’eau qui seront utilisées ».

Eau de puits impropre à la consommation

“Mes bras sont tombés de moi”, réagit le maire de L’Houmeau. D’autant que l’ARS soulève un autre problème : les puits présents sur ce territoire, avec des particuliers qui puisent l’eau directement dans la nappe phréatique contaminée. « Pour les particuliers qui décident d’utiliser une telle eau, poursuit l’ARS, laver les aliments produits avec l’eau du réseau public avant consommation permet de limiter les risques d’ingestion d’eau polluée ». Enfin, l’ARS déconseille « consommer l’eau d’un puits privé qui n’est pas soumis à un contrôle de qualité régulier ».

Ces propos sont préoccupants, car certains propriétaires de puits hésitent encore à les déclarer et il n’est pas facile de savoir combien d’installations sont réellement utilisées sur le territoire de la commune. Le maire a prévu une communication dans le magazine de la ville pour inciter les propriétaires à déclarer leurs travaux et à vérifier la qualité de l’eau utilisée et les conditions dans lesquelles ils l’utilisent.

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Jean-Luc Agay a, de son côté, renoncé à son projet d’installer des maraîchers sur ces parcelles. « Je ne me voyais pas dire aux maraîchers qu’ils pouvaient cultiver ces terres, mais qu’ils devaient avertir leurs clients de bien laver les légumes à l’eau potable »il a dit.

L’élu envisageait de transformer ces terres en prairies, en espérant que de nouvelles analyses, “d’ici quatre à cinq ans”, permettons-nous de remettre le projet bio sur la table. A ce stade, il n’a pas eu de nouvelles des autorités sur une éventuelle dépollution des nappes phréatiques situées sous la commune de 2.900 habitants.


Marianne ENAULT

 
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