Bürgenstock, un vaste canular

Aire-la-Ville, le 29 mai 

Événement écran de fumée, voici un nouveau projet d’envergure de notre ministère des Affaires étrangères qui est passé maître en la matière. Entonner d’une voix vibrante et la main sur le cœur les grands mots de paix, de neutralité, de solidarité et de prolongation de la guerre à travers une realpolitik opaque, alambiquée et mouvante, telle est la nouvelle politique de fumée et de miroirs dans laquelle s’enfonce notre gouvernement. .

Après le sabotage de l’UNWRA, la non-dénonciation du carnage en Palestine tout en clamant haut et fort le respect du droit humanitaire inscrit dans notre génétique nationale, nos autorités convoquent le monde dans les hauts lieux patriotiques pour assurer la paix en Ukraine… Le monde, sauf Russie!

Une paix selon les critères et les exigences d’une seule des parties au conflit ? Oui, l’autre est en agression. Il ne s’agit donc pas de négociations mais de diktat. Il serait alors plus courageux de combattre ce méchant jusqu’à son annihilation. Continuons d’unir nos voix et peut-être aussi nos forces armées avec les nations qui se préparent à mener le juste combat !

Pourtant, la paix serait meilleure… Alors que veut la Suisse ? Gloire à une paix imposée, qui ordonne la restitution, l’humiliation, des contributions financières illimitées et un profil bas ? Irréaliste! Outre la position de force actuelle de Poutine, cette paix serait injuste et lourde de conséquences désastreuses.

La seule chance de paix est de réunir les deux parties et de recommencer l’histoire depuis le début. Depuis le changement de régime et le conflit civil entre Ukrainiens pro-russes et pro-occidentaux. Rappelez-vous les accords de Minsk et mettez-les à jour. Rappelons que les territoires sont habités par une population aux sensibilités diverses. Concevoir la complexité historique d’une Ukraine tiraillée entre deux cultures, recentrer le conflit sur ce pays en essayant de prendre de la distance avec les pressions, les attentes, les peurs et les projections venant d’ailleurs.

Dans cette perspective, la Suisse aurait un rôle crucial à jouer : être médiatrice, écouter le centre, reformuler, clarifier, approfondir les peurs et les désirs, réaffirmer l’objectif commun d’apaisement. Et trouver au plus vite un accord digne de tous afin de mettre fin aux drames des familles russes et ukrainiennes à qui, jour après jour, sont remis les corps de leurs enfants.

Fabienne Cellérier Probst

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