Saint-Géraud, ville frontalière de la Gironde, 91 habitants – dont une quarantaine en âge de voter – et 10 panneaux officiels pour l’affichage obligatoire des candidats. “Pour respecter la loi et exposer les 38 listes, nous avons récupéré les anciennes tables de la salle des fêtes, que nous avons fixées avec des piquets, et du ruban vertical pour séparer les candidats”, explique le maire Denis Morvan. Un système D contraint face à la constellation de formations politiques ou de mouvements de pensée, engagés dans le renouveau du Parlement européen.
“Je ne suis pas sûr que ces 38 listes vont dans le sens de la participation”, euphémise le premier édile, qui sait déjà que les plus petits candidats ne livreront pas d’affiches à coller, et a invité leurs électeurs à venir avec leur bulletin de vote, auparavant. imprimé sur Internet.
A Boussès, le maire a décidé de diviser chaque panneau en trois.
Loïc Déquier / SO
Plongée à 60 kilomètres vers le sud, au cœur des Landes de Gascogne, la commune de Boussès détient le record départemental du plus petit nombre d’habitants : 36, soit 0,8 par m². « De mémoire, 32 inscrits sur les listes électorales », précise le maire François Thollon Pommerol. Un nombre inférieur donc, cette année, à celui des têtes de liste engagées pour les élections européennes du 9 juin. « Les élections sont fondamentales en démocratie. Mais cette obligation d’affichage à 38 ans nous oblige à faire une vilaine adaptation. Cette année, nous avons décidé de réduire la taille de chaque site en le divisant en trois. Un redimensionnement nous a paru plus raisonnable pour que tout le monde ait la même surface d’affichage dans le respect de l’égalité des chances. Mais nous ne sommes pas tout à fait au niveau de l’objectif par rapport à la taille prévue… »
Palettes, tables de ping-pong…
Nicolas Lacombe, maire de Nérac, 6e ville du Lot-et-Garonne au classement en termes de population, a pointé l’incongruité de la démarche via une publication sur Facebook. Sa commune dispose de 16 points d’affichage, l’enseignant les a rapidement multipliés : 608 panneaux seraient nécessaires pour déployer les banderoles électorales. « C’est beaucoup de logistique, un coût important pour l’Etat et beaucoup de temps passé sur cette tâche pour les agents municipaux… Cette année, j’ai choisi de ne pas déployer les 38 panneaux, mais ça a tout j’ai dû aussi acheter des feuilles de contreplaqué. . C’est du bricolage éphémère, et du développement pas très durable… » souligne l’édile, qui a déjà vu des palettes, de vieilles planches et des tables de ping-pong utilisées comme support dans les communes environnantes.
Son homologue des Landes de Gascogne est d’accord avec lui sur le recours obsolète à cette obligation. « Je n’ai pas de grande certitude quant à l’impact de cette exposition et à sa portée dans une zone rurale comme la nôtre. A Boussès, il n’y a pas de centre ville, juste quelques maisons autour de la mairie. Combien de personnes passeront par là dans la semaine ? », calcule François Thollon Pommerol, sans être certain que toutes les affiches de candidats seront amenées par le livreur.
Toujours plus de candidats
« A l’époque où les premières affiches électorales étaient affichées dans les villes, elles comportaient le détail du programme de chaque candidat. Aujourd’hui, nous savons que ce n’est pas là l’objet du vote. Les gens s’informent différemment et chaque électeur reçoit les professions de foi et les bulletins de vote, dans des enveloppes, à son domicile. Nous perdons beaucoup de temps et d’énergie, notamment lors des élections européennes. C’est le plus flagrant, car à chaque élection, on se retrouve avec encore plus de candidats : 34 en 2019, 38 en 2024…», énumère Nicolas Lacombe.
On est pourtant encore loin des 89 candidats partis à l’assaut du canton nord de Villeneuve-sur-Lot en 1995. Une centaine de mètres étaient alors nécessaires pour aligner les pancartes officielles…
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