climat tendu entre science et politique

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climat tendu entre science et politique

Au premier plan, la mine de lignite de Garzweiler (Allemagne). Au fond, la centrale électrique au charbon de Neurath (Allemagne). FEDERICO GAMBARINI/ALLIANCE/GETTY IMAGES

FRANCE CULTURE – À LA DEMANDE – PODCAST

« Le GIEC, une autre affaire de l’ONU ? » C’est sous ce titre volontairement provocateur que « LSD, la série documentaire » nous plonge dans les méandres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), cet organisme des Nations Unies qui alerte inlassablement sur l’aggravation de la crise climatique. En quatre épisodes, agrémentés de nombreux témoignages et archives, le producteur Alain Lewkowicz montre les combats derrière la machine à consensus du GIEC. Il décrit les luttes des chercheurs pour établir des faits scientifiques face à la pression des États pollueurs, et leur volonté de s’impliquer davantage dans la société, faute d’être suffisamment entendus.

La naissance du GIEC, en 1988, a été dès le départ ambiguë. Sa mission est d’évaluer et de synthétiser l’état des connaissances scientifiques sur le changement climatique, ses causes, ses conséquences et les solutions possibles pour le limiter, dans le but d’éclairer les décideurs politiques.

Cette institution est née de la rencontre entre la communauté scientifique et le monde politique, notamment Ronald Reagan et Margaret Thatcher, qui voulaient agir face à l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère que l’on commençait à modéliser. les conséquences sur la hausse des températures.

Messages controversés

Mais derrière une mobilisation politique authentique et précoce – la première conférence mondiale sur l’environnement date de 1972 – se cachait aussi la volonté de contrôler les scientifiques soupçonnés d’activisme écologique.

De là est née une organisation hybride et unique, dans laquelle les scientifiques doivent négocier en partie avec les délégations gouvernementales. Membres du GIEC – en anglais Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) – sont les États qui élisent le bureau et approuvent les « résumés pour les décideurs » des rapports, ligne par ligne, les scientifiques. L’objectif est de pousser les États à endosser les conclusions.

Mais si les chercheurs ont le dernier mot, des messages controversés, notamment sur les énergies fossiles, ont parfois été supprimés des synthèses, sous la pression des grandes puissances.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Les scientifiques du GIEC ont le dernier mot s’ils ne remettent pas en cause les intérêts des grandes puissances »

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Malgré sa popularité et sa crédibilité, le GIEC fait l’objet de critiques dénonçant le manque d’engagement et la faiblesse des principaux messages, face à des politiques climatiques insuffisantes. « Les actions ne sont pas à la hauteur du respect de nos engagements et nos engagements ne sont pas à la hauteur de l’atteinte de nos objectifs »résume l’économiste Céline Guivarch, l’une des auteurs du sixième rapport du GIEC.

Limiter les dégâts

Frustrés par ce qu’ils perçoivent comme de l’« inaction », de plus en plus de scientifiques décident de quitter leurs laboratoires pour reprendre l’agora. “Je n’y crois plustémoigne l’écologiste Wolfgang Cramer, également auteur du dernier rapport. Je m’interroge sur la pertinence de continuer à faire de la science. Le discours neutre ne fonctionne plus. Nous devons trouver d’autres moyens de nous engager dans la société. »

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Comme lui, de nombreuses blouses blanches ont rejoint les rangs du collectif Scientists in Rebellion, créé début 2020, qui revendique 1 900 sympathisants. Presque tous les mois, ils mènent des actions de désobéissance civile pour sensibiliser : blocage de routes, intrusion sur le tarmac de Roissy ou encore occupation du Muséum national d’histoire naturelle de Paris. « Que pouvons-nous faire d’autre quand nous commençons à être terrifiés, à souffrir d’insomnie ? »s’interroge l’écologiste Elodie Vercken. Ils appellent également à “dis clairement” qu’il n’existe plus de trajectoire crédible pour limiter le réchauffement à 1,5°C, comme le prévoit l’Accord de Paris (2015).

Lire l’enquête : Article réservé à nos abonnés Lassés d’alerter sur le climat sans être entendus, les chercheurs sortent de leur « neutralité »

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Toutefois, des actions pour limiter les dégâts restent possibles. Dans les sous-bois de la Creuse, Alain Lewkowicz nous emmène à la rencontre de militants, notamment de l’association Canopée, et de gestionnaires forestiers indépendants, qui luttent contre la coupe à blanc des chênes et hêtres centenaires pour la production de bois-énergie. Au lieu des monocultures, ils défendent la foresterie « mélangé sous couverture continue » et la pratique de l’éclaircie (la récolte de certains arbres), « afin de percevoir des intérêts et non du capital ».

Une marche revigorante et inspirante, à trois semaines de la prochaine conférence mondiale sur le climat, la COP29, en Azerbaïdjan, qui risque de décevoir par son manque d’ambition. On aurait cependant aimé que le dernier épisode du podcast aborde d’autres solutions pour limiter les émissions et s’adapter au réchauffement climatique – dans l’énergie, le bâtiment ou l’agriculture. Le GIEC insiste : les options pour maintenir un monde vivable sont nombreuses, efficaces et disponibles dès maintenant.

Le GIEC, une autre affaire de l’ONU ?, série podcast (Fr., 2024, 4 x 60 min). Culture française

Audrey Garric

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