Le mois d’octobre n’a pas été à moitié mesuré en France d’un point de vue météorologique. Elle est marquée par des écarts parfois prononcés par rapport aux moyennes saisonnières, que ce soit en termes de précipitations, de températures ou d’ensoleillement, selon le bilan établi jeudi par Météo France.
Le chiffre le plus frappant est celui de la pluie. En moyenne dans tout le pays, les chutes d’eau ont augmenté de 40 % par rapport à la normale basée sur la période 1991-2020. Octobre “fait suite à un mois de septembre qui a également été très pluvieux (+60%)”. « Elle a été marquée par une succession d’épisodes intenses, conduisant localement à d’importantes inondations », rappelle l’organisme météorologique.
Deux fois plus d’eau que la normale dans le Bassin parisien
De nombreuses zones géographiques ont été particulièrement humides. En tête de liste figurent l’arrière-pays varois et niçois ainsi que les Cévennes ardéchoises. « Les précipitations y sont plus de trois fois supérieures à la normale. » Viennent ensuite le pied des Pyrénées et le Bassin parisien, arrosés deux fois plus que la norme. Les précipitations « atteignent également le double de la normale du Sud-Ouest au Limousin, du Centre à la Picardie, du sud des Alpes à la Méditerranée et dans les terres des Pyrénées-Orientales ».
Cette carte montre les quantités de pluie tombées en France métropolitaine sur la période. Plus la couleur vire au vert foncé, plus les quantités sont importantes par rapport aux standards. A l’inverse, plus il tend vers le brun, moins il a plu. Météo France estime ainsi que les précipitations sont « plus conformes aux normales sur l’ouest de la Bretagne, le Nord-Est et la moyenne et basse vallée du Rhône ». « Il est légèrement déficitaire sur les côtes de la Manche, ainsi que sur les côtes du Languedoc et du Roussillon. »
Trois périodes ont été sensiblement pluvieuses ces dernières semaines. La première, le 9 octobre, avec le passage des restes de l’ouragan Kirk. Les précipitations totales à cette époque atteignaient ou dépassaient souvent la moyenne mensuelle en une seule journée. Les sols étant déjà très humides après un mois de septembre pluvieux et les nappes phréatiques déjà bien remplies, l’absorption a été quasiment impossible et d’importantes inondations ont eu lieu, en Île-de-France notamment.
Mi-octobre, un épisode cévenol record a eu lieu dans le centre-est du pays et en Ardèche. Dans ce département, il n’a jamais autant plu en deux jours. Plusieurs alertes rouges ont été déclenchées avec là encore de graves inondations. L’épisode cévenol est la déclinaison locale d’un phénomène plus global qu’est l’épisode méditerranéen. Il s’agit d’une forte, voire très forte, concentration de pluie, sur une petite zone, en peu de temps, autour de la Méditerranée.
Retour de la pluie dans les Pyrénées-Orientales
Enfin, la semaine dernière, entre le 24 et le 27 octobre, un nouvel épisode méditerranéen s’est produit dans le Sud-Est. A Vidauban, dans le Var, l’équivalent de 119 litres par mètre carré est tombé en une heure seulement dans la nuit de jeudi à vendredi, un cumul jamais vu en si peu de temps dans ce département, rapporte Météo France. Cet épisode est lié à la goutte de froid qui a provoqué les inondations dramatiques en Espagne. Une goutte froide est une dépression isolée à haute altitude au milieu d’une masse d’air plus chaude, qui peut provoquer des intempéries.
Ces épisodes pluvieux nombreux, parfois dangereux, ont néanmoins été accompagnés d’une bonne nouvelle : le retour de la pluie dans les Pyrénées-Orientales. Elle a baissé « en toute fin de mois, notamment à l’intérieur des terres », note Météo France. “132 mm ont été mesurés en 24 heures à Perpignan le 28 octobre. En 24 heures, la moitié du total de l’année 2023 est tombée sur la ville catalane (245 mm).”
Faible ensoleillement, sauf en Bretagne et sur les côtes normandes
Allant de pair avec les nombreuses perturbations, le soleil a logiquement été souvent absent en octobre en France. Le déficit atteint 20% par rapport à la normale sur l’ensemble du pays.
Elle a été « particulièrement timide des Pyrénées aux Pays de la Loire (-20 %) ou de l’Alsace aux Alpes et jusqu’en Corse. La Bretagne et les côtes normandes ont en revanche bénéficié d’un excès d’ensoleillement de 10 %, localement 20 % sur les Côtes-d’Armor », explique Météo France.
Cette carte de l’organisme météorologique résume la situation. Plus la couleur vire au gris, moins une région a été ensoleillée ; plus il jaunit, plus le soleil a été présent. “Depuis le début de l’année, seuls les mois de janvier et août bénéficient d’un ensoleillement plus généreux que la normale 1991-2020”, souligne Météo France.
Enfin, malgré le manque d’ensoleillement, les températures étaient bien supérieures à la moyenne. Le début du mois d’octobre a certes été marqué par plusieurs jours en dessous des normales saisonnières. Mais cela a été plus que largement compensé par l’excédent du reste du mois, qui s’est terminé à +1,6°C au-dessus des normes. Avec une température moyenne de 15,27°C sur toute la période, octobre 2024 entre dans le top 10 des mois d’octobre les plus chauds depuis que les mesures existent. Il se classe neuvième.
Un élément en particulier a fait monter la moyenne : les températures minimales. Ils ont été bien plus élevés que d’habitude avec une « anomalie chaude particulièrement marquée dans le centre-est et le sud-est du pays », selon Météo France. « Octobre fait suite à deux octobre anormalement chauds : +3,5°C en octobre 2022, le mois d’octobre le plus chaud depuis le début des mesures en 1900, et +2,7°C en octobre 2023, deuxième mois d’octobre le plus chaud. »
Ce graphique permet de visualiser l’écart par rapport à la moyenne au jour le jour. En bleu apparaissent les jours où la température est inférieure à la normale et en rouge ceux où elle la dépasse. Sans entrer dans le détail des chiffres, le constat est aisément visible : les périodes chaudes sont plus longues et plus prononcées que les périodes plus fraîches. Plus généralement, cette situation est l’un des éléments caractéristiques du changement climatique.
Sauf peut-être une exception en milieu de semaine prochaine, les deux premières semaines de novembre devraient être marquées par une météo stable. Le soleil devrait généralement être présent, malgré la présence régulière de brouillard dans les régions les plus septentrionales. Il pleuvrait peu, voire pas du tout, dans plusieurs régions. Les températures seraient supérieures de plusieurs degrés à la moyenne.