CC’est un accident qui a obligé Grégory Gulli à réfléchir à d’éventuelles améliorations pour son parc accrobranche Le Lac aux Arbres à Laroque (33). « Il y a eu parfois des petits blessés sur les tyroliennes, mais rien de grave. En 2021, une dame s’est blessée à l’arrivée et elle est remontée très loin. Nous avons dû monter la chercher, elle était blessée. Je ne voulais pas revivre ça. J’ai regardé autour de moi pour voir ce qu’il y avait là-bas, mais je n’ai rien trouvé de satisfaisant. »
L’ancien métallurgiste, à la tête des parcs de loisirs depuis 2005, a donc créé son propre système, baptisé la poulie toucan. Son invention comporte des poignées rétractables, qui permettent aux visiteurs d’avoir une prise plutôt que de se coincer les doigts entre la poulie et le câble d’acier. Il a ajouté à son appareil un frein en forme de bec (d’où le nom de toucan), qui permet d’éviter de faire demi-tour ou de reculer. « Il n’y a plus d’accidents, on va tout droit », assure-t-il.
From Vendée to Australia
En 2022, Grégory Gulli remporte le premier prix du concours Transtech puis le prix Inno Sport en 2023. « C’est une consécration quand tes pairs votent pour toi. Le potentiel est énorme car il y a des accidents partout. » L’inventeur a déposé deux brevets, un européen, un aux Etats-Unis. « Le numéro 1 mondial m’a contacté récemment, il est intéressé par mon brevet, raconte-t-il. Il faut que j’y réfléchisse, je suis en discussion avec des distributeurs. »
Depuis ses premiers essais en 2021 auprès d’un designer puis d’un bureau d’études, Grégory Gulli a parcouru du chemin. La poulie toucan est devenue la norme dans son parc. Et ses confrères en France et à l’international s’y intéressent. Depuis l’été dernier, son dispositif est testé dans le plus grand parc du monde en Vendée. « Elle accueille 2 500 personnes par jour », explique-t-il.
Sa poulie est également utilisée en Aveyron sur une tyrolienne de 500 mètres, au Pays Basque et en Haute-Savoie. « Une dizaine de parcs en France les ont commandés. Je l’ai également présenté en Colombie et en Australie qui s’intéressent à ce que nous faisons ici. » La France est précurseur dans l’activité née en Ardèche dans les années 1990.
Une nouvelle Source de revenus
Le pari est déjà gagné dans son parc qui compte 2 000 mètres de tyroliennes. « Quand il me manque des poulies et que je retire les anciennes, les clients disent ‘on n’en veut plus’. » Il parvient également à convaincre des clients auparavant réticents. «Je les invite à réessayer. Ils n’ont plus besoin de descendre, il leur suffit de tenir les poignées et ils avancent, c’est intuitif. »
Ce nouveau matériau vient s’ajouter à la ligne de vie continue, devenue plus populaire que les mousquetons pour décrocher puis rattacher sur le câble. Trois ans après ses premiers essais, Grégory Gulli énumérait toutes les étapes qui mènent à la commercialisation : « Si j’avais su tout ce qu’il fallait faire, je ne sais pas si je l’aurais fait. » Mais le gestionnaire du parc reconnaît que les revenus liés à la poulie toucan pourraient aider à surmonter des saisons plus difficiles.