Pourquoi restes-tu là à regarder le ciel ? Homélie Ascension 2024 Cathédrale de Gap

Pourquoi restes-tu là à regarder le ciel ? Homélie Ascension 2024 Cathédrale de Gap
Pourquoi restes-tu là à regarder le ciel ? Homélie Ascension 2024 Cathédrale de Gap

Ascension jeudi 9 mai 2024 à Cathédrale de Gap

https://w.soundcloud.com/player/?visual=true&url=https%3A%2F%2Fapi.soundcloud.com%2Ftracks%2F1818218178&show_artwork=true&maxheight=750&maxwidth=500

« Galiléens, pourquoi restez-vous debout à regarder le ciel ? » Dans le récit de Luc, dans son deuxième livre intitulé les Actes des Apôtres, on retrouve ce reproche fait aux apôtres, par deux hommes en vêtements blancs, que la tradition assimile à des anges. On nous dit que si le désir du Ciel est une grâce, ce désir ne doit pas nous détourner du regard sur la terre ! Vous avez les deux parties de mon homélie.

I. Le désir du Ciel est une grâce

et une grâce à demander, comme nous le ferons dans quelques instants lors de la présentation des offrandes : « nous prions pour que ce très saint échange élève nos cœurs vers les réalités célestes ».

Si l’on prend le mystère de l’Ascension par son côté le plus vertigineux, on voit que la Résurrection et l’Ascension sont un seul mouvement qui élève le Seigneur dans la gloire et nous emmène avec lui. Pâques s’accomplit dans le corps du « Christ total », comme disent les théologiens, la tête, le Christ, et les membres, vous et moi. A l’Ascension, les apôtres envisageaient l’intégration d’une humanité à la fois glorieuse et semblable à la nôtre, au sein de la vie trinitaire ; c’est le mouvement ascendant. C’est sans doute encore plus incroyable que le mouvement descendant d’un Dieu devenu homme. C’est bien la nature humaine du Crucifié qui est élevée au ciel, c’est-à-dire notre nature, au point même que son élévation est la nôtre.

Saint Paul explique aux Éphésiens ce que signifie « monté au ciel » : « Que signifie : Il est monté ? – Cela signifie qu’il était d’abord descendu dans les régions inférieures de la terre. Et celui qui est descendu est celui-là même qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers. »

Dès l’Ascension, l’humanité du Christ est au ciel, et le Christ a retiré à ses disciples la présence visible de son corps. Cependant, sa nature humaine, et le mystère de l’incarnation qu’elle porte, sont toujours d’actualité. Le Christ, ressuscité dans la gloire du Père, est toujours par son humanité le chemin qui mène à la divinité, il en est aussi désormais le but, la patrie, puisqu’en lui est la plénitude de la divinité.

Pour le théologien Hans Urs von Balthasar, l’Ascension constitue pour le Christ à la fois un achèvement, « l’aboutissement « logique » de sa descente sur terre », et un début, « le premier et décisif pas pour initier son peuple à son attitude fondamentale ». d’être avec le Père.

Saint Paul dit encore aux Éphésiens : « Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance ». C’est l’espoir du Ciel, de notre patrie céleste. C’est notre désir du Ciel. Cette semaine, quelqu’un m’a partagé le témoignage d’une consacrée, qui a beaucoup de caillots de sang sur tout le corps, et qui peut donc partir à tout moment. Eh bien, cela lui procure une grande joie et une grande confiance. Quand Dieu veut !

Vous l’avez compris, comme le dit la liturgie d’aujourd’hui, en complément de la Prière eucharistique I, « après avoir pris notre nature humaine avec sa faiblesse, il l’a amenée à la gloire ».

II. Cependant, et c’est ma deuxième partie, si le désir du Ciel est une grâce, ce désir ne doit pas nous détourner du regard sur la terre !

L’ascension ne nous conduit pas à échapper à notre condition humaine. Parce que notre mission n’est pas encore au Ciel, mais sur terre.

L’Ascension est, paradoxalement, la condition préalable à un nouveau rapport au monde, un rapport de plus grande proximité, d’abord pour le Christ, parce qu’il devient « assez haut pour attirer à lui tous les temps et tous les lieux », mais aussi pour chacun des nous. Peut-être connaissez-vous ce texte remarquable du IIe siècle, l’épître à Diognète, qui en parle : « Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par la langue, ni par les coutumes. Parce qu’ils ne vivent pas dans leurs propres villes, qu’ils n’utilisent pas de dialecte extraordinaire, leur mode de vie n’a rien d’inhabituel. (…) Ils résident chacun dans leur propre pays, mais en tant qu’étrangers domiciliés. (…) Toute terre étrangère est pour eux une patrie, et toute patrie est pour eux une terre étrangère. (…) En un mot, ce qu’est l’âme dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. L’âme est répandue dans les membres du corps comme les chrétiens dans les villes du monde. L’âme habite dans le corps, et pourtant n’appartient pas au corps, tout comme les chrétiens habitent dans le monde, mais n’appartiennent pas au monde. » (Épître à Diognète, §5-6)
Bref, être au monde sans être du monde.

A l’Ascension Jésus précise les conditions de notre mission, en 4 points.

1/ Cela se fait en sa présence : la vie terrestre de Jésus-Christ n’est pas du passé. A travers l’Ascension, elle s’éternise, c’est-à-dire qu’elle s’offre désormais dans une « simultanéité » intemporelle : contemporaine de tous les instants. Jésus a promis à son peuple de rester avec lui jusqu’à la fin du monde.

2/ Et pour cela il promet à ses apôtres le Saint-Esprit : « vous recevrez de la force lorsque le Saint-Esprit viendra sur vous ».

3/ Il les envoie jusqu’aux extrémités de la terre : « alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » et dans l’évangile selon saint Marc : « Allez dans toute la monde. Proclamez l’Évangile à toute la création. » Notre mission est d’être témoin de la présence de Jésus dans notre monde.

4/ Pour cela, saint Paul précise aux Éphésiens : « les fidèles sont organisés pour que les tâches du ministère s’accomplissent et que le corps du Christ soit édifié, jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et à la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude. Telle est la place de l’Église, institution organisée, dans le plan divin du salut.

En résumé, si l’Ascension, comme les apôtres, nous invite à regarder le Ciel et à comprendre que c’est notre bonheur sans fin, Jésus nous envoie en mission sur cette terre, pour conduire tous les hommes au Ciel.

C’est la force de l’expression de la vision pastorale diocésaine intitulée « Mission Altitude » : en mission dans nos vallées pour lever les yeux vers le Ciel ! Et pour ce faire, prenez soin non seulement des âmes, mais aussi des corps, eux aussi appelés un jour à la Résurrection finale.

Prendre soin de nos frères et sœurs, c’est en particulier prendre soin de ceux qui souffrent le plus actuellement, les victimes des guerres en Europe, en Palestine et ailleurs dans le monde. En cette journée du 9 mai, Journée de l’Europe, nous terminons une neuvaine diocésaine, lancée avec le sanctuaire ND du Laus, pour la paix sur le continent européen. Cela a commencé le 1er mai, fête de Notre-Dame du Laus ; mais vous pouvez aussi la commencer aujourd’hui, en prenant le texte sur le site du diocèse, et prier pendant 9 jours une très belle prière par l’intercession de ND du Laus et de la Vénérable Benoite. Si la guerre ne se termine pas par magie, nous avons fait une partie de notre devoir de chrétiens, en apportant au Seigneur la souffrance des hommes, ce fléau de la guerre, et enfin nous avons prié pour un renouveau de notre espérance. Pèlerins d’espérance, tel est le thème du grand jubilé de l’année 2025, que nous préparons avec cette année de prière. C’est ce jour-là que le Pape signera la bulle d’indiction du Jubilé, qui apporter quelques précisions et nous permettre d’avancer dans sa préparation. En ce jour, invoquons le Christ monté au Ciel pour être renouvelé dans notre espérance du Ciel et pour le monde. Amen!

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Record suisse pour Lobalu, Duplantis échoue de peu
NEXT Agent de divertissement | Registres de Rosemarie – .