à Caudebronde, c’est la première commémoration de la rafle oubliée de la Montagne Noire

à Caudebronde, c’est la première commémoration de la rafle oubliée de la Montagne Noire
à Caudebronde, c’est la première commémoration de la rafle oubliée de la Montagne Noire

l’essentiel
Ce mercredi, le village de Caudebronde, dans l’Aude, commémorera la fin de la Seconde Guerre mondiale. A l’issue de la cérémonie, une plaque sera également dévoilée à la mémoire des douze « juifs étrangers » qui y furent arrêtés par la police française et déportés. Un seul a survécu aux camps d’extermination…

Sur le bras de Simon, il y avait un tatouage : 178 623. Sous la douche après le travail, les mineurs de Salsigne ne disaient rien. Tout le monde le savait. Rassemblé à Caudebronde le 24 août 1942 avec sa famille, Simon est le seul survivant. La Shoah a emporté tous les autres.

Le 10 octobre 2021, La dépêche a raconté ce crime contre l’humanité oublié dans « un village français » de l’Aude. L’arrestation de douze personnes parce que l’antisémitisme les avait jugés « coupables d’être nés », douze « juifs étrangers » assignés à résidence par Vichy. Puis le silence, depuis des décennies, et le souhait des filles de Simon de le voir brisé, notamment par une plaque commémorative. “Ce sera sur l’Espace du Souvenir”, a promis le maire de la commune, Cyril Delpech. Ce matin, cela sera révélé.

« Au nom de la commune de Caudebronde et en tant qu’élu de la République, j’ai souhaité rouvrir le dossier et regarder les choses en face, ce moment tragique et cette omerta qui a régné pendant un certain temps. Aujourd’hui, il s’agit de montrer qu’il y a eu des heures sombres à l’époque du gouvernement de Vichy”, confie Cyril Delpech, avant de lire la plaque commémorative : “Ici, le lundi 24 août 1942, à Caudebronde, douze personnes ont été raflées, arrêtées. et expulsé. Un seul est revenu !

Car Simon était lui aussi revenu vivre à Caudebronde, espérant depuis longtemps que le village serait un jour le point de ralliement de sa famille dont il n’avait aucune nouvelle. Cet espoir parti et laissé définitivement seul, il n’avait de toute façon nulle part où aller. C’était donc la mine et « il travaillait aussi comme employé municipal », se souvient Cyril Delpech.

« Simon était une personne très attachante. Je suis directeur d’école et il est venu faire un discours devant mes élèves de CM2, qui a été très très percutant et qui a vraiment touché tout le public. Il lui a fallu beaucoup de temps, de courage et un long chemin pour pouvoir enfin raconter vers la fin de sa vie les souffrances endurées, les atrocités vues et témoigner pour que cela ne se reproduise plus”, se souvient le maire de Caudebronde.

« Et pour moi, il y avait aussi ce message très fort de dire : ‘Cela s’est produit chez nous ou près de chez nous.’ Ne l’oublions pas, ne faisons pas semblant de croire qu’il ne s’est rien passé car il faut que ce devoir de mémoire puisse perdurer à travers les générations futures”, poursuit-il. Simon ne voulait « ni haine ni représailles », a témoigné sa fille Christine, en 2021.

Ce matin, sa sœur aînée Odile sera à Caudebronde avec son fils, pour la cérémonie. “La haine, il y a des gens qui l’ont au fond d’eux et il [Simon], c’était le contraire. Tout ce à quoi il a survécu lui a fait prendre conscience qu’il devait lutter contre la violence, la bêtise et la méchanceté. Dans son rêve de paix entre les peuples, il a appris l’espéranto…», témoignait-elle, en 2021. Dans cette langue qui rêve de fraternité universelle, le mot «antisémitisme» n’existe pas.

 
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