Commerçant « vraiment confiant », les oppositions plongées dans le doute

« Je suis vraiment confiant et honnêtement, c’est une bonne nouvelle qu’il y ait une date limite. Pas de date limite, cela aurait pu prendre du temps. En fixant une date, nous disons qu’on ne peut pas la prolonger indûment», a analysé jeudi le maire Bruno Marchand.

Dans une lettre confiant à CDPQ Infra le mandat de poursuivre la planification d’une première phase du mégaprojet, évalué à un peu plus de 5 milliards de dollars, le ministre des Transports et le ministre des Finances se sont donnés jusqu’au 15 décembre pour signer une entente définitive avec leur partenaire. Les petits détails de la gouvernance, du budget, des inclusions et du calendrier doivent encore être clarifiés.

«Je n’ai pas l’impression que ce soit un piège là-dedans. Je ressens une vraie envie.

— Bruno Marchand, maire de Québec

La veille, le maire de Québec saluait cette avancée dans une courte déclaration écrite. Un enthousiasme qu’il a renouvelé jeudi lors d’un point presse, interrogé par les journalistes, reconnaissant au passage que les délais s’avéraient “ambitieux”.

Il y a quelques jours à peine, le maire Marchand doutait qu’une entente définitive puisse être conclue avant les Fêtes. Il estime aujourd’hui que « nous avons tout ce qu’il faut pour y arriver ».

«Je n’ai pas du tout l’impression que ce soit faux», assure-t-il, faisant état de discussions privées avec des ministres de la Coalition Avenir Québec. “La volonté du gouvernement qui m’a été exprimée et qui me semble sincère est de dire qu’il faut trouver un accord rapidement pour avancer.”

À ses yeux, la signature conclue plus tôt cette semaine garantira que la prochaine saison de construction ne sera pas manquée. « Oui, cela commencera en 2025. Il faut le faire », insiste-t-il.

“Enfin, il y a de l’ambition dans le temps”, salue-t-il. Si on se dit qu’on n’y croit pas, on mettra nos énergies ailleurs.»

Inquiétudes et scepticisme

«Montrer de fumée », « disque à sauter », « tromperie » : les partis d’opposition municipale étaient de leur côté jeudi plus sceptiques que jamais quant à un accord définitif sur le tramway conclu dans les délais impartis.

Il y a à peine un jour, la filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec était mise aux commandes du projet de tramway. Mais déjà, les doutes prennent le dessus.

«Notre intention est claire, c’est de créer un réseau structurant avec la Caisse de dépôt et c’est là que nous allons», a assuré Jonatan Julien, le ministre responsable de la Capitale, en mêlée de presse. National.

Les « atermoiements » de ces dernières années dans le tram ont pu créer des doutes, admet-il. « Mais nous sommes derrière le réseau de transport structurant et nous avons la ferme intention de le mener à bien. Nous ne pouvons pas être plus clairement en action que cela», a-t-il plaidé, refusant toutefois de jurer que le délai serait respecté.

« Je ne vais pas commencer à renoncer à des aventures comme celle-là. Je vous jure que nous avons l’intention de le faire », a-t-il simplement répondu.

Il n’en demeure pas moins qu’au lendemain du dévoilement de la lettre très attendue, le scepticisme régnait en maître dans les couloirs de l’hôtel de ville de Québec.

En fixant un nouveau délai de deux mois, la CAQ « prend la Capitale nationale pour des idiots », a déclaré la chef de Transition Québec, Jackie Smith.

D’autant plus, souligne-t-elle, que la menace d’élections fédérales à Ottawa, susceptibles de porter au pouvoir le chef conservateur Pierre Poilievre, farouchement opposé au tramway, est bien réelle.

La chef de Transition Québec, Jackie Smith. (Frédéric Matte/Archives Le Soleil)

“On se donne une porte de sortie, ça ne me rassure pas du tout.”

— Jackie Smith, la responsable de Transition Québec

«C’est un montrer fume, encore ! Est-ce qu’ils [les députés de la CAQ] avoir le courage de vraiment se décider, car ils avaient de nombreuses opportunités pour construire le tramway et ils ne les ont pas saisies. Ils peuvent tout dire, mais on ne les croit plus», a-t-elle affirmé, accusant le gouvernement de maintenir le maire de Québec dans «une camisole de force».

« Notre maire doit être humble et obéissant à la CAQ. S’il ne se réjouit pas, c’est la CAQ qui le punira. C’est une jambe après l’autre quand il essaie de se battre.

La joie critiquée

Contrairement à elle, le chef de l’opposition officielle estime que le maire Marchand n’a aucune raison de se réjouir, pour le moment.

«Je n’ai pas trouvé beaucoup de raisons de ne pas pleurer et peu de raisons de me réjouir dans cette lettre», a illustré Claude Villeneuve. Je veux que le tramway parte, mais ce que je vois dans la lettre ne me rassure pas.»

Tant sur le sort des employés du Bureau de projet du tramway de Québec que sur la participation financière de 20 à 30 % promise de la Caisse, le « flou » persiste. Et à force de « changer de ton, le gouvernement Legault le maintient, selon lui.

Comme ses pairs du deuxième parti d’opposition, M. Villeneuve a « beaucoup de difficulté à croire » que l’échéance du 15 décembre puisse être respectée et que les constructions puissent être lancées l’été prochain.

Le chef de l’opposition officielle, Claude Villeneuve. (Frédéric Matte/Archives Le Soleil)

“Je suis convaincu qu’aucune construction n’aura lieu en 2025. Il est peu probable que nous parvenions à un accord, l’ampleur des choses restant à définir.”

Et pendant ce temps, le Québec, qui reste sans réseau de transport structurant, s’enlise.

« Quand il y aura des actions, nous le croirons, mais ce gouvernement n’a pas agi. Au Québec, on passe beaucoup de temps à discuter de projets qui ne se réalisent pas. C’est comme un record de saut.

— Claude Villeneuve, chef de l’opposition officielle

La lettre rendue publique mercredi confirme, selon lui, « la tutelle définitive et complète de la Ville ». «Le Québec n’est plus maître de son destin sur un projet qui est essentiel. Nous nous laissons manger la laine de notre dos [et] nous sommes en difficulté», a déploré le représentant municipal.

Plan financier « impossible » à joindre

« Le 15 décembre, il n’y avait pas d’accord. C’est impossible sans tromper la population», a déclaré le chef de la deuxième opposition, Patrick Paquet.

Dans une liste d’une série d’éléments coûteux du mégaprojet, ce dernier estime la future facture pour mettre un tramway sur les rails au Québec à « 8,4 milliards minimum ».

Le chef de la deuxième opposition, Patrick Paquet, et son collègue élu Stevens Mélançon. (Yan Doublet/Le Soleil)

« L’analyse préliminaire de CDPQ Infra ne tient pas la route. Nous continuons à mentir à la population. Il est impossible de joindre un plan financier. Qui paiera la facture ? Nous sommes inquiets pour notre contribuable», a-t-il répété, aux côtés de son collègue élu Stevens Mélançon.

À ses yeux, les députés hors Québec doivent « se lever » pour empêcher que les sommes du pécule des Québécois soient injectées dans ce mégaprojet.

Et Bruno Marchand doit y mettre un terme, exhorte M. Paquet.

«Le maire aurait dû débrancher prise depuis son élection en 2021. Je ne sais pas pourquoi il persiste. S’il voulait contribuer à sa réélection en 2025, […] laissez-le retourner à la planche à dessin.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Garderie fermée après l’hospitalisation d’un enfant en raison de « dysfonctionnements répétés »
NEXT CENTURY 21 part à la recherche d’opportunités inexploitées en Belgique