« Avec la crise du logement, nous ne voyons pas la lumière au bout du tunnel » – .

« Avec la crise du logement, nous ne voyons pas la lumière au bout du tunnel » – .
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Alexandra Landreville Cleary a débuté son emploi il y a près de sept ans et, au cours des dernières années, elle a observé une augmentation de l’itinérance à Granby.

Elle et les quatre autres travailleurs de rue de l’Impact de la rue Haute-Yamaska ​​​​ont eu du pain sur la planche depuis que le taux d’inoccupation des logements a commencé à baisser dans la province.

« Avec la crise du logement, nous ne voyons pas la lumière au bout du tunnel », dit-elle.

Manque de services et liste d’attente

Selon elle, autoriser les camps – comme c’était le cas à Granby avant un changement d’approche – a permis dans un premier temps de rapprocher les sans-abri des services, qui étaient éloignés pour eux.

“Mais finalement, il n’y avait aucun service pour eux” pour les accompagner, déplore-t-elle.

« L’accessibilité aux services est difficile. Ce sont les portes tournantes. C’est-à-dire qu’on accompagne les gens, on les emmène aux services et ils sont renvoyés [dans la rue]. C’est ça les portes tournantes ! Il n’y a pas de service et cela ne sert à rien. Il n’y a pas de lumière au bout du tunnel.

— Alexandra Landreville-Clairy

Audrey Sirois, directrice générale du Regroupement des organisations nationales québécoises pour le travail de rue (ROCQTR), est du même avis.

Elle constate beaucoup d’impuissance chez les travailleurs de rue car il y a moins de services disponibles. « Il n’y a aucun moyen de créer des ponts avec des réseaux ou de référer des gens », dit-elle.

De plus, les listes d’attente sont très longues avant d’obtenir un logement social ou abordable à Granby.

« Pour HLM, il y a 200 à 300 noms sur la liste d’attente. Il y a des personnes sans abri, dans notre monde, qui aimeraient avoir une place », constate-t-elle d’un air désolé.

La pénurie n’aide pas, mais le coût élevé du logement signifie également que de nombreuses personnes n’ont pas les moyens d’avoir un toit.

Mme Landreville Cleary a notamment vu des exemples de séparation entre des jeunes adultes qui n’avaient pas de référence, de famille dans la région ou même une cote de crédit adéquate. Ces derniers se sont ainsi retrouvés dans une situation précaire.

« Il y a le coût, l’accessibilité et les propriétaires qui ont aussi le choix des personnes qui viennent y vivre. Les personnes que nous accompagnons sont donc rarement en tête de liste pour les propriétaires », souligne-t-elle.

Démantèlement de camps prévu à Granby

À Granby, plusieurs petits campements ont déjà vu le jour depuis l’arrivée du printemps. Selon Marc Farand, agent de prévention et de relations publiques et communautaires du Service de police de Granby, un plan d’action est prévu pour les vaincre prochainement.

« On ne sait pas quand exactement, on attend que la Ville ait des informations. C’est vraiment au cas par cas. Chaque installation sera évaluée par la Ville et selon les plaintes, certaines seront démontées rapidement», précise M. Farand.

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« Les tentes et autres abris de fortune érigés par les sans-abri devront être démontés », a indiqué la mairesse de Granby, Julie Bourdon, lors de la présentation du nouveau plan d’action de la Ville. (Stéphane Champagne/La Voix de l’Est)

Il ajoute également que si un abri de fortune se trouve sur un terrain privé, ne nuit pas au propriétaire et ne donne pas lieu à des plaintes, il ne sera pas automatiquement démantelé.

Toutefois, le nouveau plan d’action de la Ville de Granby est très clair : les campements temporaires ne seront plus tolérés. La Municipalité entend plutôt miser cet été sur une halte de répit ouverte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour combler le « manque de service » qui existe actuellement entre la rue et les services d’hébergement offerts.

Plus de détails concernant le fonctionnement du répit viendront dans les prochaines semaines, a indiqué le maire Bourdon lors du dévoilement de cette nouvelle stratégie.

Pour Mme Sirois, directrice générale du ROCQTR, si les gens sont dans des camps, « c’est parce qu’on est dans un système qui est malade. Nous sommes au milieu d’une crise du logement en plus d’une crise des sans-abri.

Selon elle, démanteler les camps va à l’encontre de leur travail.

« Les gens travaillent dur pour créer des liens et avec le démantèlement du campement, ils doivent quitter les lieux et on les perd de vue. […] Après le démantèlement, je ne sais pas ce qu’il leur reste.

— Audrey Sirois, directrice générale du ROCQTR

Elle ajoute également que cette façon de faire a sensibilisé les citoyens et qu’ils vont aussi à leur rencontre pour apporter de la nourriture et des sacs de couchage. « On a vu aussi une remobilisation de la Ville pour venir en aide à ces personnes. »

La Ville de Granby avait adopté une approche similaire avec ses lieux de tolérance, mais « il y avait des enjeux de cohabitation, de drogue, de violence », a indiqué le maire Bourdon. « Donc, pour la sécurité de tous, ce n’était pas une voie vers laquelle nous voulions revenir », a-t-elle souligné.

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Un abri de fortune a notamment été installé dans la haie de cèdres qui sépare une école et les terrains de tennis St-Luc, à Granby (Stéphane Champagne/La Voix de l’Est)

À la recherche de solutions durables

Selon Mme Landreville Cleary, les hébergements permanents sont des solutions durables, même s’ils ne conviennent pas à tout le monde.

Selon elle, il y aura toujours des camps car même s’il y a des lits disponibles à l’organisme Le Passant, « tout le monde n’est pas à l’aise » avec ce type de ressources.

Ces camps de fortune sont « une solution pour certains même si elle n’est pas parfaite », estime-t-elle.

D’ailleurs, « il faut savoir et il ne faut pas oublier qu’il y a toujours eu des camps pour personnes en situation d’itinérance à Granby », mentionne l’intervenante de rue, qui les voyait déjà lorsqu’elle a débuté sa profession.

Le Passant propose également des lits avec un seuil de tolérance élevé, souligne-t-elle. « Les gens peuvent entrer même s’ils sont dans un état [intoxiqué par l’alcool et la drogue]. Parce que dans leur situation, pour survivre, ils auront peut-être besoin de prendre quelque chose », explique-t-elle.

Selon Alexandra Landreville Cleary, c’est le type d’hébergement le plus demandé en ce moment.

Le conférencier estime qu’il faudrait davantage de ce type d’hébergement à Granby pour s’attaquer de front à l’itinérance.

“Ils pourraient revenir s’ils ont besoin de se reposer, de se réchauffer, et c’est aussi dans la perspective [du haut seuil de tolérance]. Cela résoudrait-il la crise du logement ? Non, mais cela répondrait à une partie des besoins », conclut-elle.

Reste maintenant à voir si la nouvelle halte de répit de la Ville répondra à ce besoin pour la période estivale à venir.

 
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