FINANCES PUBLIQUES, AU-DELÀ DES CHIFFRES

FINANCES PUBLIQUES, AU-DELÀ DES CHIFFRES
FINANCES PUBLIQUES, AU-DELÀ DES CHIFFRES

En 2012, face à la perspective d’une défaite électorale qui le menaçait, Abdoulaye Wade prévenait que s’il perdait le pouvoir, il ne pourrait garantir que les salaires pourraient être payés dans les deux mois suivants. Et de fait, dès sa prise de fonction, Macky Sall a dû se rendre en en urgence. On a appris, suite à un communiqué, que le président français Sarkozy avait accordé au Sénégal une aide budgétaire de près de 180 millions d’euros pour permettre, entre autres, le paiement des salaires.

Un autre flash-back. Fin 2023. À quelques mois de la fin de son deuxième mandat, Macky Sall décide d’augmenter les salaires dans l’enseignement public, du primaire au supérieur. Ce qui représente une grosse enveloppe de plusieurs milliards par an.

À l’heure actuelle, si l’on en croit les annonces faites la semaine dernière par le gouvernement, dirigé par le Premier ministre, le pays était déjà au bord de la faillite. Où Macky Sall et ses ministres ont-ils trouvé l’argent pour payer tous les mois tous les fonctionnaires ?

Pire encore, ou mieux, ces faussaires ont trouvé le moyen de laisser plus de 300 milliards de FCFA dans les caisses de l’Etat en partant, comme l’indique le communiqué du Conseil des ministres. Ce que le régime BDF n’a pas démenti. Et pour montrer leur force, c’est à partir de leurs données et de leur bilan que le régime actuel a pu lever plus de 450 milliards de FCFA en euro-obligations, même si à ce jour, on ne connaît pas encore leur utilisation. , sachant que l’Assemblée nationale n’a pas eu le temps de voter une loi de finances complémentaire (Lfr) qui devrait intégrer cet argent dans le budget de cette année.

En parlant de budget, il faut croire que ce sera la faute de ce pilleur Macky Sall si le Sénégal ne sait pas encore à ce moment de quel budget son Etat disposera l’année prochaine. Une situation totalement inédite depuis Senghor. Le problème est que, du fait de cette situation, les Sénégalais ne connaissent pas encore les orientations politiques et économiques que le nouveau régime veut imposer au pays. Jusqu’à présent, on nous a parlé de souveraineté économique, sans nous en donner le contenu.

L’action la plus concrète est la remise en cause des contrats avec les sociétés étrangères opérant dans le secteur minier. Un ministre a déclaré qu’il s’agissait de garantir que les intérêts du pays soient très bien protégés et que le peuple profite pleinement de ce qui lui appartient constitutionnellement. Il faut prendre acte de cette volonté, et espérer que ces actions ne se transforment pas en Bérézina pour le pays. Cette remise en cause des contrats signés et des engagements de l’Etat pourrait éventuellement rendre plus prudentes les entreprises étrangères qui ont accepté d’investir plusieurs milliards de FCFA dans « l’aventure » pétrolière, les incitant à suspendre leur financement jusqu’à plus amples détails. information. Espérons que leur examen de ces contrats se fasse avec plus de sérieux que celui qu’ils avaient consacré à dénoncer la gestion du pétrole et du gaz sénégalais. On n’oublie pas que l’actuel Premier ministre, alors dans l’opposition, avait écrit deux ouvrages pour dénoncer la mauvaise gestion et le manque de transparence du pouvoir de Macky Sall dans la gestion du pétrole sénégalais. Dans ses déclarations, lui et un autre homme politique, également éminent diplômé de l’Ecole des Mines en France, allèrent jusqu’à affirmer, avec tout le sérieux de leur rang, que des bateaux étrangers venaient rôder la nuit autour des plateformes pétrolières du Sénégal pour charger du pétrole sénégalais qu’ils allaient vendre en Europe.

C’était près de 5 ans avant que la société Woodside n’annonce la sortie de son premier baril, faisant ainsi taire les rumeurs meurtrières.

Mais il est temps d’aller au-delà des chiffres et des débats des spécialistes des finances publiques. Aujourd’hui que le Premier ministre et son gouvernement nous annoncent, devant la Cour des comptes, que tous les calculs sur lesquels reposent les chiffres de nos performances économiques sont falsifiés, nous sommes impatients de savoir comment ils vont redresser la situation. On peut cependant estimer, avant la publication annoncée du fameux « Projet » la semaine prochaine, qu’ils ne devraient pas avoir beaucoup de problèmes s’ils s’en tiennent à leurs déclarations avant d’accéder au pouvoir. N’ont-ils pas fondé leur postulat sur une économie d’autoproduction ? Le président Faye avait même déclaré vouloir relancer une industrie de substitution aux importations. C’est sans doute pour cela que la dégradation de la note du Sénégal ne les dérange pas trop. Ils ne devraient pas non plus être particulièrement choqués de voir des filiales étrangères quitter le pays. Le problème est de trouver des champions locaux qui prendraient leur place. Ou mieux encore, qui investira dans des secteurs encore plus avancés que ceux occupés par les opérateurs étrangers. Une très bonne idée, mais qui ne peut être jugée que lors de sa mise en œuvre.

Dans ce domaine aussi, l’un des enseignements à tirer est qu’un cordonnier ne peut pas se transformer du jour au lendemain en maroquinier. Un marchand de linge ne peut pas non plus devenir constructeur automobile en quinze jours. Si l’on veut promouvoir les entreprises en fonction de la coloration politique de leurs dirigeants, on mènera le pays vers un échec retentissant. Cependant, le Sénégal n’a pas de temps à perdre en essais et erreurs. La promotion de champions nationaux est quelque chose de très important et ne peut se baser sur les affinités que les dirigeants ont avec certains soi-disant « capitaines d’industries ». Tout le monde sait qu’au Sénégal, ils ne sont pas vraiment nombreux.

Le gouvernement a eu le temps, depuis son arrivée au pouvoir, de se rendre compte que les déclarations faites avant les élections ne lui permettent pas de préserver ni d’alimenter sa popularité politique. La jeunesse sénégalaise en particulier souffre d’un mal-être qui ne se contente plus d’intentions. L’armée de chômeurs qui frappe à ses portes ne va pas attendre longtemps que des amis partagent le gâteau d’État avec des coquins dont le mérite est d’avoir été parmi les plus bruyants lors de la traversée du désert. Le temps est révolu où l’on pouvait impunément imputer toutes les fautes à l’ancienne équipe et penser pouvoir s’exonérer de toute faute.

Le Premier ministre a cru qu’il lui suffisait de prétendre avoir trouvé des données falsifiées pour faire gagner des mois de patience et d’indulgence à son équipe. Il a seulement oublié que s’il a été élu, ainsi que son président, c’est pour avoir dit qu’ils avaient un « projet déjà tout monté » et qui n’attendait plus que sa mise en œuvre. La comparaison n’étant pas bonne, on pourrait néanmoins rappeler au président Diomaye Faye que Macky Sall a dû, quasiment dès son arrivée au pouvoir, se lancer dans les eaux de la Sicap Foire ou du Nord Foire, et dans le Bassin Versant, et régler le problème. Il ne s’en est pas défait en affirmant qu’il ne s’agissait pas de « son hivernage ». Et même après, il ne s’est pas plaint que des saboteurs s’en prenaient aux travaux d’évacuation, comme à Keur Massar, pour des raisons politiques.

Il en va de même pour les produits de première nécessité, le loyer ou les tarifs d’électricité. Loin de vouloir prôner la gouvernance de Macky Sall, on peut affirmer que les premières mesures de sa gouvernance, même marquées par le populisme, ont été très efficaces, et que l’ensemble de la population y a adhéré, à la différence notable des propriétaires d’immeubles, ce qui est totalement compréhensible. Actuellement, il suffit de faire un tour sur les marchés du pays pour se demander par quel miracle certains de nos compatriotes parviennent à survivre. De même, avec cette rentrée qui n’est pas celle de Benno ou d’Apr, comment les parents de familles nombreuses parviennent-ils à satisfaire les besoins de leurs enfants ?

Avant de tenter de convaincre les Sénégalais qu’eux et leur équipe détiennent les clés du développement de ce pays, les dirigeants de ce pays devraient d’abord et d’urgence se tourner vers leurs concitoyens. Les promesses qu’ils s’apprêtent à faire lors de cette campagne électorale doivent être mises en œuvre le plus rapidement possible

 
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