La Gironde devient « un désert de pneumologie », préviennent les praticiens dans une lettre

La Gironde devient « un désert de pneumologie », préviennent les praticiens dans une lettre
La Gironde devient « un désert de pneumologie », préviennent les praticiens dans une lettre

« Depuis dix ans, faute de jeunes praticiens, les cabinets de pneumologie en Gironde ferment les uns après les autres. Une grande partie du département est déserte. Les pneumologues restants se concentrent sur Bordeaux, souvent à plus d’une heure de route de leurs patients. Leurs délais de consultation explosent et il faut aujourd’hui attendre six à huit mois pour une première consultation. »

Tels sont les premiers mots de la lettre d’alerte qui vient d’être adressée à l’Agence régionale de santé (ARS) par cinq praticiens basés en Gironde (1). Ils évoquent une situation alarmante. Il ne reste plus que 27 pneumologues dans ce département, pour plus de 1,6 million d’habitants. A l’initiative de cette lettre, le docteur Monge, pneumologue établi à titre privé depuis 2015 à Lormont, dans la banlieue bordelaise. « Au départ, il y avait six praticiens dans notre centre créé dans les années 1980, il n’y en a plus que deux aujourd’hui. Et cela fait sept ans que nous recherchons un collègue pour nous rejoindre ! » déplore-t-il.

La santé pulmonaire en question

« Les pneumologues libéraux traitent des patients souffrant d’asthme, de bronchite chronique du fumeur, d’infections pulmonaires, du syndrome d’apnée du sommeil, de cancer du poumon, ainsi que d’anciens travailleurs exposés à l’amiante. En Gironde, ils sont appuyés par trois services hospitaliers (les services de pneumologie des hôpitaux Haut-Lévêque à Pessac, Bagatelle à Talence et Robert-Boulin à Libourne). Les pneumologues hospitaliers prennent en charge les cas graves et ne surveillent que les patients les plus graves. Une bonne gestion de la santé pulmonaire de la population ne peut s’envisager qu’avec le bon fonctionnement du secteur libéral et du secteur hospitalier », écrivent-elles à l’ARS.

Toutefois, les signataires affirment que « les motifs de consultation d’un pneumologue sont de plus en plus nombreux » : nouvelles maladies (apnée du sommeil), allergies, asthme, tabagisme… Faute d’un nombre suffisant de praticiens, « les patients ayant moins accès en collectivité Les patients soignés sont des patients qui consulteront plus souvent les urgences. Ils n’auront pas pu bénéficier de diagnostics précoces et arriveront avec des pathologies plus graves. Les asthmatiques consulteront pour une crise d’asthme faute de rendez-vous avec le spécialiste, un certain nombre de bronchites hivernales ne seront pas évitées et engorgeront les services d’urgence déjà saturés. »

Numéro clôturé en affaire

Si le numerus clausus est en cause, les praticiens soulignent que l’Agence régionale de santé peut influencer la répartition du nombre d’internes par spécialité.

“C’est à eux de ne prendre en charge que les patients pour lesquels leur spécialité est essentielle, avec des actes qu’eux seuls peuvent réaliser”, répond l’ARS.

Directeur de l’ARS, Benoît Elleboode reconnaît qu’« il n’y a pas assez de pneumologues » et propose, « en attendant que la fin du numerus clausus porte ses fruits, […] travailler de manière multidisciplinaire et multiprofessionnelle. A eux de ne prendre en charge que les patients pour lesquels leur spécialité est essentielle, avec des actes qu’eux seuls peuvent réaliser. Pour cela, ils doivent s’appuyer notamment sur les médecins généralistes.

(1) Les pneumologues signataires : Emmanuel Monge et Laurent Nguyen en pratique libérale, Julie Macey (chef de service de l’hôpital Haut-Lévêque, Pessac), Laurent Portel (chef de service de l’hôpital Robert-Boulin, Libourne), Jean-Michel Peloni (chef de service du service hospitalier de Bagatelle, Talence).

 
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