Contraint de constater la dégradation de la note du Sénégal, le gouvernement ne présente pas de solution différente de ce qui a toujours été fait en matière de transparence budgétaire et de gouvernance financière.Par Monsieur GUEYE –
L’agence de notation Moody’s vient de dégrader la note du Sénégal. Le ministère des Finances et du Budget a publié un communiqué de presse pour partager l’information. En vérité, le département de Cheikh Diba aurait pu se passer de cet exercice, car en vérité, il n’apprend rien aux Sénégalais. Hormis le fait que la note du Sénégal est passée de « Ba3 avec perspective stable à B1 avec suivi », le reste du document n’est qu’un tas de banalités.
Le ministre, qui est un agent habilité au sein du ministère qu’il dirige aujourd’hui, est bien placé pour savoir qu’il n’apporte aucune innovation à ce qui a toujours été fait jusqu’à présent. Lorsque le communiqué indique que l’État va entamer des réformes, qui porteront notamment sur « l’adoption de systèmes financiers intégrés et informatisés, le renforcement des mécanismes de contrôle et l’amélioration de la coordination institutionnelle pour garantir une prise de décision efficace (…) conforme aux les normes communautaires liant notre pays à la CEDEAO et à l’UEMOA, tout en respectant les meilleures pratiques », il ne dit pas ce qu’il y a de nouveau dans l’histoire.
Depuis l’adoption du Cadre Harmonisé des Finances Publiques de l’UEMOA que les membres de la CEDEAO tentent de mettre en place, le Sénégal s’est toujours distingué comme l’un des pays les plus assidus dans la mise en œuvre des règles de transparence dans la gestion des finances publiques. C’est aussi ce qui lui vaut une bonne appréciation de la part des institutions internationales et des partenaires financiers.
Intervenant ainsi après avoir déclaré que « des réformes structurelles visant à renforcer l’intégrité du cadre de gestion des finances publiques seront mises en œuvre, visant des normes internationales élevées. Dans cet esprit, le Sénégal poursuivra sa collaboration avec ses partenaires internationaux, notamment la Banque Mondiale et le FMI, mais aussi la CEDEAO, l’UEMOA, la Bceao, la Banque Africaine de Développement, la Boad et tous ses partenaires régionaux, pour améliorer la gestion de la dette, renforcer la gouvernance financière. et garantir une transparence accrue dans les processus budgétaires » ; cela ressemble plus à une façade.
Le ministre des Finances, on le comprend, ne dira jamais publiquement le rôle des déclarations de son chef du gouvernement dans la décision des agences de notation de dégrader la note du pays, alors même que cela fait presque 20 ans que Moody’s n’a pas révisé la note du Sénégal. vers le bas. Mais chacun sait que dans les derniers mois du gouvernement Wade, les finances publiques du Sénégal étaient loin d’être roses. Faut-il croire, comme le disent certains, qu’il n’a fallu que moins d’un an pour remettre en cause tout le travail accompli toutes ces années ? Si tel est le cas, le ministre des Finances devrait se trouver un parapluie solide, car le temps ne semble pas s’éclaircir de sitôt.
Par ailleurs, après avoir affiché sa volonté de « souveraineté économique », et son souci de se passer de l’endettement extérieur pour construire une économie solide et autogérée, le gouvernement souhaite se tourner le moins possible vers l’endettement extérieur. Dans ces conditions, pourquoi le ministre a-t-il besoin de s’inquiéter de la note de l’économie du pays ?
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