Le réalisateur, Eric Mullener, témoigne du caractère inédit de la situation. En fait, elle n’a pas connu une telle augmentation depuis vingt-huit ans à La Tuile. Voir des gens dormir dans la rue est aussi un phénomène nouveau à Fribourg. « Nous n’avions pas l’habitude de voir des gens dormir dans la rue de manière aussi visible », dit-il. Selon lui, il faut désormais y faire face la population. “Si on constate que quelqu’un dort dehors, surtout par temps froid, il faut nous appeler ou appeler la police, car nous vous rappelons que ce n’est pas normal”, conseille Eric Mullener.
Même si l’association accueille des personnes venant d’autres cantons, voire d’autres pays, la majorité de la population candidate vient du canton de Fribourg. « Plus de 70 % des nuitées d’accueil d’urgence sont passées par des personnes originaires de la région. Cela arrive de plus en plus à tout le monde», déclare le réalisateur. « Si on venait manger à l’accueil d’urgence un soir, on verrait que les personnes présentes ne sont pas celles qu’on remarquerait dans la rue », ajoute Denis Pythoud, responsable de l’accueil d’urgence du foyer. de Fribourg.
Adapter les aides financières
L’augmentation du nombre de candidats se traduit par un besoin accru en termes d’argent et de personnel nécessaire. Pour son directeur, l’Etat a son rôle à jouer. « Depuis quinze ans, La Tuile a doublé sa capacité d’accueil. Cependant, nous avons désormais atteint le seuil de saturation. Il faudra sans doute inventer de nouvelles méthodes de travail, et pour cela, les pouvoirs publics qui nous soutiennent devront nous donner plus de moyens et s’adapter à nos besoins », dit-il.
La Tuile est déjà subventionnée par l’État, dans le cadre du mandat de service d’accueil d’urgence, auquel l’association doit répondre. Les coûts générés par ce contrat, ajoutés à ceux du logement accompagné et à ceux du suivi social, ont fait dépasser le budget de 500 000 francs. La Tuile indique cependant que grâce à plusieurs dons, seuls 50’000 francs sont reflétés dans ses comptes 2023.
Appel aux Fribourgeois
Aujourd’hui, l’association a besoin de plus d’espace pour l’accueil de nuit. « Nous sommes dans une situation de flux tendu. Le taux d’occupation est de 91 %, ce qui est élevé, même si pour l’instant nous répondons à toutes les demandes. Pour éviter les débordements, des alternatives complémentaires à l’accueil de nuit seraient les bienvenues, selon le président. « De nombreuses personnes présentes la nuit n’ont pas besoin de l’accompagnement spécialisé proposé par La Tuile, mais seulement d’un lit. Une maison d’hôtes bon marché en ville serait vite pleine. Si un particulier souhaite créer un lieu de ce genre, qu’il n’hésite pas », conclut Eric Mullener.
Dans son centre d’accueil d’urgence de Fribourg, La Tuile dispose d’une capacité de 30 lits. Elle accueille les personnes dans le besoin tous les soirs de 19 heures à minuit, au prix de 5 francs par nuit.
