Carte Blanche au Grand Conseil Vaudois

Carte Blanche au Grand Conseil Vaudois
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Le Grand Conseil est « trop gros »

Publié aujourd’hui à 8h30

Avec la dégradation des finances vaudoises – les comptes 2023 sont déficitaires de 39 millions – les membres de l’Alliance vaudoise ont commencé à répéter que « l’Etat était trop gros ». D’abord les UDC, suivis de certains PLR. Une façon grossière de véhiculer l’idée que le canton a un problème de dépenses et non un problème de recettes.

Engagée dans un programme de baisses d’impôts, la droite vaudoise est obligée d’appuyer sur les charges. Aux dernières nouvelles, le ministre des Finances n’est toujours pas en mesure de dire si les comptes 2023 sont affectés par la situation économique ou s’il y a aussi des éléments structurels.

La dernière fois que les députés se sont exprimés sur les finances cantonales remontait au traitement du budget 2024, en décembre. Les dépenses brutes de l’Etat augmentent de 4,9% par rapport au budget 2023. A cette occasion, les parlementaires ont voté une augmentation de 9,7% de leur « masse salariale » (+387’100 francs en jetons). présence en plénière et en commission).

Autrement dit, le Grand Conseil espère croître deux fois plus vite que l’État. Cette explosion des dépenses est justifiée par une « augmentation de l’activité » au Parlement.

Le Canton est stigmatisé pour son surpoids sans que personne ne dise où dégraisser. Cibler un service ou un avantage est politiquement périlleux. Nous préférons parler d’« efficacité ». Le nouveau leitmotiv des députés.

Récemment, une résolution de l’UDC demandait au gouvernement de « trouver des gains d’efficacité dans le fonctionnement de l’État en réduisant les dépenses d’au moins 2 % dans les comptes 2024 ».

Pour rappel, une résolution ne vaut rien. Il ne s’agit que d’un « vœu » ou d’une « déclaration », selon la loi du Grand Conseil. Les députés ont encore jugé nécessaire de parler plus d’une heure avant de rejeter cette résolution.

Le Grand Conseil, qui se targue d’efficacité, c’est un peu comme Gérard Depardieu vous faisant la leçon sur votre taux de cholestérol. On a beau regarder, on ne voit pas comment « l’augmentation de l’activité parlementaire » l’a rendue plus efficace.

Au contraire, les interventions sans portée, comme les déclarations personnelles ou les résolutions, se sont multipliées ces dernières années. Il s’agit d’abord d’agitation partisane. L’atmosphère dans le plénum est devenue plus aigre.

En Suisse romande, la plupart des parlements cantonaux limitent le temps de parole de leurs membres. Ce n’est pas le cas au Grand Conseil vaudois, où les députés n’hésitent pas à intervenir pour dire la même chose.

La résolution mentionnée plus haut est encore un autre exemple de répétition gratuite. L’UDC a déjà déposé un postulat intitulé « l’État doit être plus efficace » qui provoquera exactement les mêmes débats, les mêmes répétitions.

Surcharge

Le terme d’efficacité n’apparaît qu’une seule fois dans la loi sur le Grand Conseil, au chapitre des pouvoirs de la Commission de gestion (Coges) qui « contrôle l’efficacité et l’efficience de l’administration cantonale ». En effet, le Coges vient de publier son rapport 2023. On peut y lire que « le nombre de dépôts de dossiers par les membres du Grand Conseil reste une préoccupation actuelle ».

La Commission de gestion estime que cela crée une « surcharge pour l’administration qui n’est pas en mesure de répondre à temps ». Apparemment, l’administration cantonale ne dispose pas encore de suffisamment de personnel pour faire face à la multiplication des objets parlementaires.

Il faut se rendre à l’évidence, le Conseil Grand Vaudois serait plus efficace s’il se réunissait moins souvent. En attendant qu’il se réforme.

Renaud Bournoud est journaliste à la rubrique vaudoise des «24 Heures» depuis 2012.Plus d’informations

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