Les professionnels de l’immobilier sont unanimes, le marché locatif en Drôme comme en Ardèche est tendu. Pour Romain Kelagopian, président et responsable de la gestion locative de L’Agence Immo à Valence, « Le contexte bancaire pèse lourd dans la balance. Ceux qui pouvaient alors en revendiquer la propriété ne le peuvent plus. Ils restent donc locataires. Certains préfèrent reporter leur achat, car financer un bien d’environ 300 000 € sur 20 ans nécessite aujourd’hui un remboursement mensuel d’environ 2 000 €. Alors que le loyer pour un bien équivalent se situera autour de 1 200 à 1 300 € par mois. »
Tendance à être sédentaire
Un point de vue partagé par Axelle Perrochet, conseillère immobilière à l’agence Courtial Immobilier à Tournon-sur-Rhône. « Les prix de vente ont augmenté après la crise sanitaire. Beaucoup ont vendu leur propriété, mais ne sont plus en mesure de financer une nouvelle acquisition en raison des conditions d’emprunt. »
Depuis plusieurs mois, les locataires ont tendance à se sédentariser malgré eux, bloquant le renouvellement d’une offre déjà fragilisée par les nouvelles exigences réglementaires liées à la loi Climat & Résilience…
Demande croissante et offre en baisse
Pour Axelle Perrochet, le constat est sans appel : « Le marché locatif est tendu à Tournon, comme dans les petites villes alentours. Si le dispositif concernant les nouvelles normes de consommation énergétique des logements présente des points positifs, il a également conduit à la sortie de certains biens du parc locatif. Pour certains, cette mesure sera temporaire, le temps de réaliser les travaux nécessaires, pour d’autres, elle sera permanente, la mise en conformité étant trop coûteuse pour les propriétaires. »
Des propriétaires qui, face au coût des travaux, mais aussi à la forte demande, n’hésitent pas à augmenter les loyers. « Dans notre secteur, nous pouvons estimer la hausse à 10 %. Certaines propriétés sont d’ailleurs extrêmement prisées, comme les maisons avec trois chambres. elle remarque.
Dans ce contexte, les loyers au m², tous biens confondus, s’élèvent en moyenne à 11 € dans les deux départements, s’élevant parfois jusqu’à 14 € pour un bien en parfait état, selon la plateforme d’annonces immobilières SeLoger.com.
Une certaine réticence
Mais au-delà de la situation économique, un autre phénomène semble se dessiner : une certaine réticence de la part des propriétaires face aux risques locatifs.
« Les travaux coûtent cher, les normes sont élevées, certains deviennent plus prudents, notamment face aux risques d’impayés, mais aussi face aux dégradations et au manque d’entretien. Il y a de moins en moins d’investisseurs sur le marché. » confie Audrey Sorgues, conseillère vente location à l’agence Immo de France à Bourg-de-Péage.
Un contexte global et multifactoriel qui semble donc avoir un lourd impact sur le marché locatif et dans lequel les propriétaires n’hésitent pas à se tourner vers une option moins contraignante et jugée plus rentable : la location de très courte durée, excluant de fait leur bien du marché traditionnel. .
Les professionnels estiment que ce marché « gris », sur lequel ils n’ont aucun contrôle, afficherait même des loyers à des prix majorés de 30 % par rapport à une location traditionnelle.
Un DPE inquiétant
Si le diagnostic de performance énergétique (DPE) est utilisé depuis 2006, ses évolutions liées à la loi Climat & Résilience inquiètent les professionnels de l’immobilier qui craignent de voir certains biens sortir du parc locatif.
Depuis le 1er janvier 2023, la location des logements les plus énergivores, soit les « G+ », est désormais interdite (pour les baux signés depuis cette date).
Certains propriétaires ont déjà préféré retirer leur bien du marché ou le vendre. Mais cette étape n’est qu’un prologue.
A partir de 2025, les logements classés G seront interdits à la location. Ce sera le tour des biens classés F en 2028, et enfin des logements classés E d’ici 2034n, ce qui fait craindre une nouvelle réduction de l’offre locative dans un marché déjà tendu.
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