« Un cri d’alarme resté sans réponse »

« Un cri d’alarme resté sans réponse »
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Madame la Ministre,

« Vous démarrez votre tournée « France Familles » en Loire-Atlantique où les questions de protection de l’enfance seront – je l’espère – au cœur de vos préoccupations. Depuis des mois, Départements, associations, professionnels… nous alertons les ministres successifs sur la situation préoccupante de la protection de l’enfance en France. »

« En Loire-Atlantique, malgré nos engagements politiques en faveur du respect des droits de l’enfant et le travail colossal des professionnels sur le terrain, le système de protection de l’enfance s’essouffle. Trop d’enfants attendent une protection, trop de familles souffrent de soins inadéquats, trop de professionnels sont épuisés face aux difficultés accumulées. »

« Pour l’établissement d’états généraux de protection de l’enfance »

« Le Département de Loire-Atlantique n’a cessé d’augmenter ses moyens d’intervention (+ 79 millions d’euros depuis 2021), de créer des places (+ 266 places depuis le début du mandat), de développer les pratiques et les conditions de travail… Tous ces efforts importants ne suffisent pas à répondre à tous les besoins. »

« En septembre 2023, 25 présidents de département ont adressé une lettre ouverte à Charlotte Caubel, la précédente secrétaire d’État chargée de l’Enfance, pour trouver, avec toutes les parties prenantes, des solutions concrètes et des moyens financiers à la hauteur des enjeux. Ils ont appelé à la mise en place d’états généraux de protection de l’enfance pour que tous les acteurs de la protection de l’enfance, de la prévention, de l’éducation et de la santé, de la justice, sans oublier les enfants mineurs et leurs familles, trouvent leur place et les moyens de mener à bien leurs missions. »

« Nous attendons toujours une réponse à ce cri d’alarme »

« Nous attendons toujours une réponse à ce cri d’alarme pour que la protection de l’enfance devienne LA priorité nationale promise par Emmanuel Macron. Il est urgent de stimuler une dynamique nationale pour répondre à cette crise conjoncturelle et structurelle et garantir enfin une prise en charge digne et adaptée à tous ces mineurs. »

« La prise en charge de ces enfants et jeunes n’est pas seulement sociale, elle doit être globale pour leur santé, pour leur éducation. En Loire-Atlantique, plus de 18 % des enfants confiés à l’Aide à l’enfance sont handicapés ; sans compter les dossiers en cours auprès de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées, ndlr) ou les handicaps invisibles. Mais faute de places dans des établissements ou services publics spécialisés, ces enfants sont orientés vers des structures aux solutions inadaptées à leurs besoins et incohérentes compte tenu de leur parcours. A force de combler sans cesse les carences de l’État en matière de santé publique, c’est l’ensemble du système qui s’affaiblit. »

« Aujourd’hui, le droit à l’école n’est pas respecté pour tous les enfants »

« Protéger un enfant, c’est aussi lui garantir le droit à la scolarisation et l’accès à l’éducation. Aujourd’hui, ce droit n’est pas respecté pour tous les enfants, notamment les enfants ayant des besoins multiples. La scolarisation ne devrait pas être une option pour les enfants bénéficiant de l’aide sociale à l’enfance. »

« Protéger un enfant, c’est tisser un lien d’attachement, être entouré de professionnels formés, présents, considérés… Aujourd’hui, les métiers du lien ne sont pas reconnus à la hauteur de leur utilité sociale, tandis que la protection de l’enfance connaît une grave crise des vocations. Nous avons besoin de transformations nationales rapides des méthodes de formation et d’exercice pour retenir les professionnels et donner aux jeunes l’envie de s’investir dans ces métiers. Le Haut Conseil de l’action sociale vous a présenté en décembre 2023 son Livre blanc, qui partage ses constats et propose des solutions en réponse. »

« Protéger un enfant, c’est l’écouter. La Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences contre les enfants), qui a recueilli 25 000 témoignages en deux ans, a disparu. Il est essentiel de rétablir cette commission pour le besoin de reconnaissance des victimes et de contribuer à faire évoluer les politiques publiques au plus près de la réalité. »

«Je salue l’investissement quotidien des professionnels de la protection de l’enfance»

« Madame la Ministre, des solutions existent mais les Départements ne peuvent et ne doivent pas, à eux seuls, transformer en profondeur cet écosystème en crise. Il est urgent de revoir le financement de cette politique dont la décentralisation n’a pas été poussée jusqu’au bout. Les Départements ne disposent plus d’une autonomie financière suffisante pour mener à bien leurs missions en l’absence de levier budgétaire et d’allocations financières dépendant de la conjoncture économique. »

« Je voudrais conclure cette lettre sur une note positive, saluant le travail et l’investissement quotidien des professionnels de la protection de l’enfance en Loire-Atlantique : la grande majorité des enfants confiés sous la responsabilité du Département sont bien accompagnés par des professionnels qui font un excellent travail. En Loire-Atlantique, la protection de l’enfance est notre priorité. »

 
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