En Ardèche, coule l’Ibie et avec elle mon enfance – Libération – .

En Ardèche, coule l’Ibie et avec elle mon enfance – Libération – .
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Nous nous en doutions depuis le bus. Nous n’avions pas quitté la gare de Montélimar depuis dix minutes, en remontant vers l’Ardèche, quand quelque chose de vert vif nous a sauté aux yeux : il pleut beaucoup ces dernières semaines. Le printemps est la saison du renouveau de la nature, mais on a rarement vu une végétation aussi vibrante à Pâques.

Puis nous l’avons vu par la fenêtre, en contrebas de la route qui mène au village, les images fugaces d’un grand ruban irisé s’enroulant entre les arbres. “Attends, mais Ibie est super belle, n’est-ce pas ?” L’Ibie est la rivière qui coule dans ce coin d’Ardèche où se trouvent mon cœur et quelques racines. J’y vais plusieurs fois par an depuis ma naissance. Une bonne partie de l’année, l’Ibie se présente comme un long éboulis qui serpente sur une trentaine de milles. On y voit un filet d’eau, quelques trous, de grandes flaques d’eau et des ponts dont on a du mal à comprendre pourquoi les panneaux précisent qu’ils sont « submersibles ».

Dès que le soleil s’installe un peu dans le ciel, la coulée se tarit. En été, c’est un amas de pierres sèches. Et l’été a tendance à se prolonger jusqu’au printemps et à l’automne. À la mi-avril, la rivière est souvent déjà très mince. Cela n’a pas toujours été ainsi. Il y a trente ans, quand j’étais enfant, l’eau était plus haute au printemps. “L’été, quand j’étais enfant, il y avait même de l’eau”nous a dit un ami du village né dans les années 70.

Alors, quand nous l’avons entendu chanter de chez nous, pendant les dernières vacances d’avril, la première chose que nous avons eu envie de faire, c’était de descendre et de voir. L’Ibie était grand et clair, d’un turquoise insolent par endroits. Au Trou de la lune, où le seuil d’un vieux moulin forme une petite cascade, l’eau tombait comme une cataracte. On sait que ça ne va pas durer, que c’est cyclique, que c’est parce qu’il pleut beaucoup ces derniers temps. Depuis deux ans, on parle de sécheresse depuis le printemps : avec les effets du réchauffement climatique, on se prépare à ce que cela devienne la norme. Mais sur le moment, nous savourions ce fleuve si haut à cette époque de l’année, la résurgence de quelque chose que l’on croyait disparu à jamais. “Tu souris comme un enfant.”

 
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