Trente tonnes de bronze, c’est le poids de la grande statue équestre de Louis XIV plantée devant le château de Versailles. Mais à la cathédrale Saint-Etienne de Metz, il n’existe pas de statue équestre de cette taille. La reproduction de la statuette de Charlemagne conservée dans la crypte ne doit pas excéder un kilogramme de bronze…
Dans la crypte de la cathédrale, est conservée la réplique de la statue en bronze de Charlemagne. L’original se trouve au musée du Louvre. Photo Fred Lecocq
“Savez-vous ? Metz » peut également être écouté en podcast
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Notre histoire commence un peu avant 1875 à Metz. A cette époque, on parlait de restaurer la cathédrale qui était en mauvais état. Le projet avait trois missions : supprimer les arcatures Blondel qui entouraient l’édifice, rénover le portail de la Vierge (entrée de la place d’Armes) et remplacer le portail Blondel néoclassique, côté place du Marché, par un portail néo-gothique. portail. . Un projet qui s’annonçait très coûteux…
D’autant que le matin du 7 mai 1877, le toit de la cathédrale part en fumée ! La veille, des feux de Bengale avaient été allumés pour marquer l’arrivée de l’empereur Guillaume Ier. Une charpente métallique allait bientôt remplacer la charpente en bois calciné.
Le grand grenier de la cathédrale abrite désormais une charpente métallique. Les traces de l’incendie du 7 mai 1877 sont encore visibles. Photo Gilles Wirtz
Mais entre-temps, la facture était encore plus lourde avec une estimation totale des travaux à 3 millions de marks, dont 1,2 million seulement pour le portail ouest néo-gothique.
Pour trouver de l’argent, l’architecte en chef de la cathédrale Paul Tornov décide de créer l’Œuvre de la Cathédrale en 1885. Le but de cette association était de mettre en valeur et de faire connaître la cathédrale. Et donc de trouver de l’argent ! C’est ainsi qu’étaient organisées les loteries nationales. Dans tout l’Empire allemand, de Metz à Berlin.
Un million de marks collectés aux loteries !
A Metz, « un premier tirage les 12 et 14 février 1885 permet à l’Œuvre de récolter 100 000 marks ». En 1896, « une deuxième loterie fut proposée avec 1,5 million de billets à 3 marks, le premier prix étant un gain de 50 000 marks à gagner », indique l’ancien architecte des bâtiments de France Guillaume Lefèvre, qui fit une étude sur le sujet. . En 1901, « une nouvelle loterie renfloue les caisses de l’Œuvre à hauteur de 320 000 marks ».
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Selon Guillaume Lefèvre, « il y a probablement eu cinq tirages au total, étalés entre trois et cinq ans ». Il semble « que les sommes récoltées s’élèvent à des millions de marks et que cela « a largement contribué au financement des restaurations ».
Une partie de ces gains a permis à l’Œuvre d’acheter ces fameux « 30 tonnes de bronze pour réaliser les deux vantaux du portail principal de la cathédrale », précise Philippe Hiegel, l’actuel président de l’Œuvre. « Mais le projet n’a pas pu se réaliser. Les Prussiens ont pris le bronze pour fabriquer des armes de guerre.
Le portail néoclassique « à la française » de la cathédrale Saint-Étienne de Metz, conçu par l’architecte Blondel, a été détruit lors de l’Annexion, ici à la fin du XIXe siècle. Photo Fonds Allemand/Stap de Moselle
Après la Seconde Guerre mondiale, en 1948, « L’Œuvre parvient à récupérer les 30 tonnes de bronze. Ils nous ont été restitués sous forme de canons de canon coupés en deux ! », précise Philippe Hiegel. Entre-temps, la porte néo-gothique avait été refaite. Le bronze a été stocké.
Elle sort enfin de l’ombre en 2006 lorsque l’évêque de Metz, Mgr Raffin, lance le projet du nouvel aménagement liturgique du chœur de la cathédrale.
Pierre Raffin, évêque de Metz, oignant du saint chrême le nouvel autel de Mattia Bonetti, à la cathédrale de Metz. Photo Dominique Besancenet
« Nous avons utilisé 300 kg de bronze pour l’autel, pour l’ambon, la crédence, la grande croix dorée et les bougeoirs. Le reste a été vendu, notamment pour payer les honoraires de l’architecte designer Mattia Bonetti », indique le président des travaux.
Pas tout le reste en fait… « Nous avons gardé 10 kg de bronze pour fabriquer des médailles souvenirs qui reprenaient le dessin des roseaux de Mattia Bonetti ». Ces petites pièces de bronze étaient vendues dans toute la France et peut-être même au-delà…
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