Une cathédrale à la gloire de Dieu… mais surtout de Fribourg

Une cathédrale à la gloire de Dieu… mais surtout de Fribourg
Une cathédrale à la gloire de Dieu… mais surtout de Fribourg

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L’édifice religieux célèbre le centième anniversaire de sa désignation de cathédrale. L’ancien archéologue cantonal, François Guex, nous invite à le redécouvrir.

L’ancien archéologue cantonal, François Guex, amoureux de la cathédrale Saint-Nicolas, nous invite à redécouvrir cet immense patrimoine. © Jean-Baptiste Morel

L’ancien archéologue cantonal, François Guex, amoureux de la cathédrale Saint-Nicolas, nous invite à redécouvrir cet immense patrimoine. © Jean-Baptiste Morel

Publié le 16/04/2024

Temps de lecture estimé : 6 minutes

La cathédrale Saint-Nicolas fête ses cent ans. Ce jubilé donnera lieu à de nombreux événements jusqu’en avril 2025 (lire ci-dessous). Mais l’édifice le plus célèbre de Fribourg, avec sa célèbre tour de 74 mètres, n’est appelé cathédrale que depuis 1924, date à laquelle il est devenu le siège spirituel du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF). Ce vaisseau gothique fut construit progressivement entre 1283 et 1430. Ce fut d’abord une simple église paroissiale, puis une collégiale à partir de 1512.

« Pour une église paroissiale, c’était énorme ! Au moment de la construction, Fribourg était une commune de 5’500 habitants qui s’autorisait alors un luxe incroyable», s’exclame François Guex. Ancien archéologue cantonal, puis collaborateur au Service des biens culturels, il a suivi la rénovation du célèbre bâtiment entre 2002 et 2017. Il en connaît chaque détail. «Je suis tombé amoureux de cet endroit», assure celui qui, retraité, vit aujourd’hui à Berne. Faisons quelques pas avec lui dans cette vaste machine à voyager dans le temps qu’est la Cathédrale de Fribourg.

La peur de l’enfer

Le porche d’entrée principal, restauré dans les années 1990, représente le Jugement dernier, un thème médiéval classique. Les « justes » sont emmenés dans la Jérusalem céleste, représentée par un bâtiment en forme de château. Les âmes sont nues parce qu’elles viennent de ressusciter. En revanche, les méchants vont en enfer, où règne une sorte de démon simien maléfique. « C’est comme si le bâtiment disait aux croyants de l’époque : si vous avez peur de l’enfer, entrez ici, il y a quelque chose pour vous à l’intérieur. Ce porche est situé à l’ouest et en entrant dans le bâtiment, on se dirige vers l’est, vers le soleil levant, vers le Christ qui sauve le monde », rappelle François Guex.

Le Jugement dernier sur le porche de l’entrée principale.
© Alain Wicht

Dans le vestibule, en levant la tête, on aperçoit la rosace conçue par l’artiste Alfred Manessier en 1988 à travers une bulle de verre installée en 2012. À droite, la chapelle du Saint-Sépulcre abrite des reliques de saint Nicolas de Myre, de Saint Nicolas de Flüe et ceux de Saint Pierre Canisius transférés en 2021. Chaque décennie apporte de nouvelles caractéristiques à l’édifice et il en est ainsi depuis des siècles, précise l’archéologue. Il nous invite à regarder les lettres calligraphiées contre les murs : on part de Y à l’entrée pour arriver à C près du chœur. «C’était un marqueur pour les enterrements. Au Moyen Âge, il y avait une forte demande pour être enterré sous l’église. Les listes et plans conservés à partir de 1561 étaient destinés à maintenir l’ordre dans les sous-sols et dans les comptes.

« Fribourg était une commune de 5’500 habitants qui s’autorisait alors un luxe incroyable »
François Guex

L’aigle impérial

Impossible de savoir combien de Fribourgeois furent enterrés dans cette nécropole. Cette pratique est abandonnée depuis 1746 et les sépultures les plus récentes, marquées au sol, sont celles des chanoines, des maîtres de chapelle et des évêques, à proximité du chœur. Ce dernier est en soi un recueil d’histoire. « Nous avons refait la voûte en 1620, plus gothique qu’avant, pour souligner qu’il s’agit d’une église ancienne. Réformisme, modernisme, très peu pour nous ! A Fribourg, nous sommes ancrés dans la tradition», traduit François Guex.

Sur la voûte, on voit les armoiries de Fribourg surmontées de l’écusson de l’aigle impérial, signe que Fribourg est une ville indépendante. «Regardez bien les autres écussons, ce sont ceux des membres du Gouvernement fribourgeois en 1631. Le message est clair: cette église appartient à Fribourg et le véritable patron n’est pas un ecclésiastique», ajoute l’ancien archéologue cantonal. “Tout ici célèbre la gloire de Dieu et la gloire de la ville, car l’un ne peut exister sans l’autre.”

Nicolas sans barbe

La collégiale fut agrandie d’environ trois mètres de chaque côté au XVIIIe siècle. « Nous voulions apporter plus de lumière dans le bâtiment, faire quelque chose de nouveau. Cela permettait de placer des autels latéraux mais les corporations durent renoncer à avoir chacune un autel. Les maréchaux et les merciers ont dû se mettre d’accord. Tandis que Saint Nicolas, patron de la ville, est représenté sous la forme d’un homme barbu sur le porche extérieur, une statue du XVIe sièclee siècle, à droite de la nef, la montre glabre. Il est vrai que, selon la tradition, le personnage fut nommé évêque de Myre à l’âge de 30 ans à peine.

Aristote amoureux

Au nord-ouest de la nef, vous pourrez admirer des sculptures dorées. « Regardez, sur ce pilier, on voit un homme à quatre pattes et une femme assise sur le dos », souligne François Guex. « On raconte que c’est Aristote qui tomba amoureux d’une jeune femme. A l’instar des sirènes, symboles de la volupté sexuelle, le monde entier a sa place dans l’église du Moyen Âge, pour peu que ces figures participent à l’expression de la foi et du salut. On peut s’asseoir devant, dans les stalles autrefois réservées aux notables de la ville – celles des chanoines sont dans le chœur. « Saviez-vous que le mot « installer » vient de là ? Nous avons désigné un stand pour le nouvel arrivant.

La cathédrale raconte l’histoire de Fribourg ainsi que celle de l’Église et des mentalités. « C’est un gigantesque mille-feuille de styles et d’expressions. Heureusement, nous n’avons jamais fait table rase ici, comme dans d’autres bâtiments anciens, pour retrouver la soi-disant authenticité de la pierre brute », raconte François Guex. De confession réformée, le natif de Zurich dit ressentir «une grande admiration pour cette manière catholique de préserver le patrimoine». Cela nous donne envie de faire comme les touristes : s’inscrire à une visite guidée et redécouvrir le joyau de Saint-Nicolas.

1952

Né à Zurich. Études d’histoire de l’art, d’archéologie médiévale, d’histoire médiévale et d’histoire de l’Église.

1984-1988
Directeur local des interventions archéologiques au couvent Saint-Jean de Müstair (GR).

1988-2001
Archéologue cantonal du canton de Fribourg.

1997-2008
Vice-président de la Commission fédérale des monuments historiques.

2002-2017
Conseiller scientifique au Service des biens culturels du canton de Fribourg.

Redécouvrez la cathédrale Saint-Nicolas et découvrez ses secrets. C’est ce que propose le comité d’organisation du Centenaire. Il sera possible pendant quatre jours, notamment les 8 juin et 12 octobre, « de se promener dans la charpente au-dessus des voûtes, de comprendre le fonctionnement des grandes orgues », d’approcher les cloches, de déchiffrer les vitraux ou le vieux chœur illuminé. livres.

Le comité d’organisation du jubilé propose de nombreuses animations dans le bâtiment jusqu’au 20 avril 2025. Les festivités débuteront les 27 et 28 avril avec des animations autour de la figure de saint Pierre Canisius. Le jésuite Pierre Emonet donnera une conférence sur la vie du saint et son importance pour la Suisse. Les organisateurs annoncent également une courte pièce de théâtre écrite par Jean Steinauer. Là Messe du Père Canisiusune composition de l’abbé Joseph Bovet, sera également interprétée dans le bâtiment.

1euh En juin, le Nouvel Opéra de Fribourg (NOF) interprétera une composition de Max Richter sur Les quatre saisons par Antonio Vivaldi. Les 29 et 30 juin, les comédiens Jean Godel et Jacqueline Corpataux liront des textes de Claude Luezior et Victor Hugo, «qui visita la cathédrale de Fribourg en 1838», précise Dominique de Buman, présidente du comité d’organisation de ce jubilé. Des concerts d’orgue seront donnés tous les mercredis en juillet et août. Le programme, composé de nombreuses autres manifestations religieuses ou musicales, est entièrement gratuit.

 
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