En Gironde, les enseignants continuent de se mobiliser pour la semaine de quatre jours

En Gironde, les enseignants continuent de se mobiliser pour la semaine de quatre jours
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Le vote organisé en 2021 commence à mal vieillir pour les enseignants de Bègles. A l’époque, 62,4% des parents étaient favorables au maintien de la semaine de quatre jours et demi dans les écoles de la commune. Devant la mairie mercredi 10 avril, une dizaine d’enseignants n’espèrent qu’une seule chose : pouvoir revenir sur cette décision.

« Il y a la pause déjeuner qui dure deux heures à deux heures et quart. Les enfants se retrouvent avec des journées aussi longues que quatre jours d’école car il y a cette longue pause déjeuner, qui influe sur la fatigue de chacun », explique Pierre Lansard-Ruiz, enseignant et membre de la FSU SNUipp.

Inquiétude parentale

En 2013, une réforme de l’Éducation nationale modifie le rythme scolaire : la semaine de quatre jours et demi est instaurée dans tout le pays. Mais depuis 2017, les communes sont autorisées à déroger à cette même règle : 93 % d’entre elles ont fait ce choix.

En Gironde, certaines communes, et non des moindres – Mérignac, Lormont et Bègles, les plus grandes d’entre elles – ont préféré maintenir ce rythme, censé mieux répartir le temps de travail des enfants sur la semaine, et leur proposer des activités. extrascolaires. Certains comptent sur la consultation des parents et des enseignants.

Mais les rassemblements pour le retour aux quatre jours, organisés dans le département, initialement fréquentés majoritairement par des enseignants, commencent, selon Pierre Lansard-Ruiz, à « recevoir le soutien des parents ». Ils s’inquiètent de la fatigue des enseignants, et surtout « du départ des collègues » raconte Camille Tastet, pour Snudi FO 33.

« Il est préférable d’avoir des équipes pédagogiques stables, car on a besoin d’elles pour monter des projets, créer du lien avec les familles et faire réellement progresser les enfants », ajoute Pierre Lansard-Ruiz.

117 enseignants favorables aux quatre jours

Sophie, maman d’un garçon de 9 ans, soutient le mouvement. Face à la fatigue de son fils, elle a pris une décision radicale : l’école est terminée mercredi, « le professeur a été prévenu ». De son côté, Muriel est enseignante suppléante depuis quatre ans dans le secteur de Bègles-Floirac. Elle assume pleinement cette envie de se libérer du mercredi : « On a besoin de ce moment de répit dans la semaine, ça ne doit pas être tabou. »

Muriel assure les remplacements dans les écoles à 4 jours, et d’autres à 4,5 jours. Elle fait le constat :

« Les enseignants sont très heureux de dire mardi soir que le lendemain est férié. D’autant plus qu’on a des demi-journées d’entraînement le mercredi. Nous travaillons avec des enfants donc nous devons être bien pour faire notre travail correctement », assure l’enseignante.

En octobre 2023, le SNUipp 33 a interrogé tous les enseignants de Bègles dans un questionnaire : sur 137 enseignants, 117 étaient favorables au retour aux quatre jours. « Et je n’en connais pas beaucoup qui ont changé d’avis depuis », ajoute Pierre Lansard-Ruiz.

« Un levier de réussite »

Dans un communiqué, adressé aux parents le 10 avril au matin, le maire Clément Rossignol Puech maintient sa position :

« Comme je m’y suis engagé lors du vote, je maintiendrai cette organisation jusqu’à la fin du mandat. […] L’organisation actuelle de la commune reflète une réelle volonté politique municipale de faire de l’école un puissant levier de réussite pour le plus grand nombre et de lutter contre les inégalités. »

La FCPE avance également cet argument, dans un communiqué publié le 9 avril, pour défendre la semaine scolaire de cinq matinées. Elle évoque l’attention accrue dont les enfants peuvent faire preuve le matin.

Pour Corinne Devaux, présidente de la FCPE 33, le retour à quatre jours « creuserait les inégalités » et sonnerait la fin des TAP, ces temps d’activités périscolaires organisés pendant la pause déjeuner pour tous les élèves.

« C’est vraiment très appréciable car toutes les familles n’ont pas forcément accès pour tout un tas de raisons, qu’elles soient logistiques ou financières, à ces activités. C’est une richesse à laquelle chacun a droit. « C’est quelque chose qu’il serait dommage de faire disparaître », dit-elle.

Les derniers bastions

A l’issue de l’audience à la mairie de Bègles, les visages sont fermés : pas d’avancée significative. « Ils réfléchissent à un scénario pour le prochain mandat », rapporte Camille Tastet.

«Nous sommes enclins au dialogue, mais de manière encadrée», assure Laure Desvalois, la conseillère municipale qui remplace Vincent Boivinet sur l’éducation. Elle dit que l’école est l’une de leurs principales préoccupations : « C’est même notre plus gros budget. » Un nouveau retour est prévu, lorsque « davantage de chiffres » seront fournis.

Et les villes comme Bègles deviennent rares en Gironde. Elle est, comme Mérignac et Lormont, une des dernières de la métropole bordelaise à maintenir ce rythme dans les écoles. A Saint-Martin-de-Laye, le maire Christophe Galan réitère son attachement à cette opération, « pour le rythme de l’enfant et son développement », déclare-t-il à Sud Ouest.

L’édile reconnaît que “ça coûte plus cher, mais c’est un choix”. Des raisons similaires sont avancées à Braud-et-Saint-Louis. “Nous sommes convaincus des bénéfices, les retours sont plutôt bons”, explique le maire Jean-Michel Rigal, toujours dans Sud Ouest.

Diagnostique

A Cenon, les élèves reviendront à la semaine de quatre jours dès la rentrée 2024. Un choix dicté par des pressions financières devenues trop fortes. Pour le maire de Cenon, Jean-François Égron, l’hypothétique suppression du Fonds de soutien aux activités périscolaires (FDSAP), actuellement sur la sellette et dont le sort doit être décidé d’ici la fin de l’année scolaire, compromettrait le maintien hebdomadaire de la TAP. heures. Même constat à Créon, où la semaine de quatre jours fera également son retour pour des raisons identiques, mais à la rentrée 2025.

A Lormont, le maire est un peu plus prudent. « Nous disposons d’un indice de position sociale qui nous invite à une réflexion spécifique », propose Jean Touzeau :

« La démarche engagée par l’équipe municipale autour du projet éducatif territorial est indexée sur la semaine de quatre jours et demi ; Le temps TAP est essentiel, il n’est pas question d’y revenir. »

Dans l’idée que le FDSAP serait supprimé, « un diagnostic » pourrait être entrepris selon l’édile. Mais l’option d’un retour dans quatre jours n’est pas pour l’instant la première envisagée.

 
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