Attention, le réemploi fait son nid dans la construction

Attention, le réemploi fait son nid dans la construction
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La porte avait à peine fini de s’ouvrir dans un craquement que des pigeons en profitèrent pour se poser sous le toit, à l’intérieur du bâtiment. Ces oiseaux ne ressortent pas dans le décor de la Ressourcerie, sorte de joyeux capharnaüm. Là, dans les locaux de l’ancienne brasserie Cardinale, à l’arrière de Bluefactory à Fribourg, des dizaines de toilettes, poutres en bois, lampes et robinetterie ont remplacé les cuves à bière.

L’association a fait de ce lieu son siège il y a deux ans. La Ressourcerie a pour objectif de récupérer, entreposer et recycler les matériaux issus des chantiers de démolition. L’association œuvre également à la sensibilisation du public. Après avoir fermé ses portes durant les mois les plus froids de l’année, la Ressourcerie rouvre ses portes début avril.

Il faut dire que la tâche est énorme. La construction est le domaine d’activité le plus énergivore de Suisse. Ce secteur est le plus consommateur de matières premières: plus de 60 millions de tonnes chaque année en Suisse, selon les chiffres de la Confédération. Le bâtiment est également le premier producteur de déchets du pays, générant plus de 70 millions de tonnes chaque année, toujours selon la Confédération.

Camille Habets, orthophoniste de formation, et Simon Jobin, architecte, font partie de la quinzaine de bénévoles de l’association. En deux ans, la Fribourgeoise a vu les choses évoluer. « Au départ, les gens venaient simplement chercher une planche ; désormais, les bureaux d’architecture nous contactent pour leurs projets. Il y a aussi des gens qui nous écrivent pour savoir de quels matériaux nous disposons et comment ils pourraient les intégrer dans leur projet. Le but est d’inverser la logique actuelle : certains matériaux sont disponibles – comme la robinetterie, les toilettes ou les meubles de cuisine – et on se demande comment les intégrer dans les projets, et non plus l’inverse.

Un des freins au réemploi ? «Gestion des stocks», explique Simon Jobin. « Le temps est un facteur très important dans la réutilisation. Nous devons être capables de coordonner la demande avec ce que nous avons à offrir. Pour ce faire, la Ressourcerie aurait besoin d’un inventaire, mais cela demande beaucoup d’énergie et de temps. «Cela nous permettrait de savoir qu’il y a par exemple 150 toilettes dont j’aurais besoin et qui sont situées à Nyon», illustre Camille Habets.

Le prix joue également un rôle. « Ce n’est pas vraiment moins cher. Il faut des compétences spécifiques, il faut aussi une main d’œuvre qualifiée. On essaie d’avoir une politique tarifaire qui valorise les matériaux et les rend accessibles », explique Simon Jobin. Enfin, de nouvelles normes de sécurité devraient être créées pour certifier la qualité des produits récupérés.

Les Fribourgeois pourront constater par eux-mêmes le travail de la Ressourcerie. Les anciens jeux de la place du Domino à Fribourg seront réutilisés pour se retrouver sur la nouvelle aire de jeux, actuellement en construction. A noter également que l’avenir de la Ressourcerie se joue chez Bluefactory. L’association sait qu’elle ne peut pas rester longtemps sur ce site. Elle cherche un autre endroit, en ville, pour ranger tout son matériel.

RadioFr. -Vincent Dousse

 
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