La lutte contre le frelon asiatique redémarre

La lutte contre le frelon asiatique redémarre

Publié aujourd’hui à 5h20

Les journées ensoleillées sonnent le moment d’accomplir leur mission existentielle : construire un nid, pondre et perpétuer l’espèce. Ce mois d’avril, les reines des frelons asiatiques s’activent. Une période charnière pour eux, mais aussi pour ceux qui luttent contre l’expansion de cette espèce exotique tueuse d’abeilles.

Dans le canton de Vaud, les experts craignent une explosion du nombre de nids et ont lancé une appel à déclaration parmi la population. A Genève, «capitale suisse du frelon asiatique», la lutte s’organise également.

Chasseur redoutable

Repéré en 2020 à Genève, le frelon asiatique, plus petit et plus foncé que son cousin local, a été rebaptisé « frelon à pattes jaunes » en raison de la couleur de ses extrémités.

Sa piqûre est plus douloureuse que celle d’une guêpe mais surtout, cet excellent chasseur représente une menace sérieuse pour les insectes indigènes, notamment les abeilles domestiques et sauvages qu’il tue pour nourrir ses larves. Cela peut décimer des colonies entières.

Genève est le canton de Suisse le plus touché, principalement en raison de sa proximité avec la France, largement colonisée. « En 2021, nous avons détruit quatre nids, l’année dernière 108 (ndlr: sur un total de 222 en Suisse), rapporte Gottlieb Dandliker, inspecteur cantonal de la faune. Nous ne savons pas si nous avons réussi à reprendre un peu le contrôle, ou si nous avons raté trop de nids… Nous n’avons aucune idée de ce qui nous attend cette année mais nous nous préparons au pire.

En France et en Espagne, on compte désormais dix nids par kilomètre carré dans des régions similaires.

Lorsqu'elles sont harcelées par les frelons, les abeilles restent regroupées devant la ruche. Résultat : ils ne cherchent plus de nourriture, produisent moins de miel et s'affaiblissent.

Piégez et déterrez des « bunkers »

A Genève, le combat s’articule autour de quatre aspects. La première consiste à capturer les reines dès leur apparition. Près de 500 pièges sélectifs ont été installés par 240 bénévoles, pour la plupart des apiculteurs.

«Cette expérience pilote est encadrée et suivie scientifiquement», souligne Julie Manzinalli, responsable cantonale du frelon asiatique. Les pièges sont détectés très régulièrement. Ceci permettra d’évaluer l’utilité de ce piégeage pour limiter le nombre de nids de Vespa Velutine et des ruches attaquées.

Ces pièges comprennent des appâts, ainsi qu’un système qui devrait permettre à d’autres espèces, comme les guêpes, de sortir, explique Kevin Golay, un apiculteur qui supervise cette expérimentation.

La population est appelée à jouer un rôle pour le deuxième volet en surveillant les rebords de fenêtres, les avant-toits et autres coins et recoins pour repérer de nouveaux nids – une boule beige – et les signaler. frelonasiatique.ch.

Un nid primaire, installé dans une haie.

Cet été, pour poursuivre leur expansion, leurs colonies de frelons se déplaceront vers un nid plus grand, en forme de poire, plus difficile à trouver car installé en hauteur dans les arbres et caché par les feuilles. Ce sera la troisième ligne d’intervention : neutraliser ces abris secondaires. Ceux-ci peuvent accueillir des centaines, voire des milliers d’individus.

“Ces nids sont de véritables bunkers”, ajoute Kevin Golay. J’ai testé l’utilisation d’une caméra thermique la nuit pour tenter d’identifier leur émission de chaleur dans les arbres. On ne voit absolument rien, leurs murs sont si épais ! Pour les débusquer, Genève s’appuie sur la télémétrie, qui consiste à capturer un individu, à l’équiper d’un émetteur puis à le suivre. L’intervention, réalisée par Julie Manzinalli, nécessite un matériel coûteux. Les nids identifiés sont ensuite détruits par les pompiers professionnels.

Un nid secondaire, pouvant accueillir jusqu'à plusieurs milliers d'individus (larves incluses).

“Nous ne parviendrons pas à l’éradiquer”

Dans d’autres pays, l’insecte a gagné la bataille. N’est-il pas vain de lutter contre son installation ? «Quand on lutte contre les espèces envahissantes, il faut savoir quels sont les objectifs», répond Gottlieb Dandliker. Vient-on l’absence totale de l’espèce, comme pour le ragondin ? Voulons-nous limiter l’expansion, comme pour les écrevisses dans certaines rivières ? Allons-nous vivre avec l’espèce mais limiter sa densité, comme pour le moustique tigre ? C’est cette dernière option qui est ciblée pour le frelon asiatique.

Et d’ajouter : « Nous ne parviendrons pas à l’éradiquer. Pour le moment, nous faisons de notre mieux pour limiter sa population et gagner du temps pour trouver des moyens efficaces de protection des ruches. Cette protection constitue le quatrième et le plus important élément de la lutte contre ce nouvel envahisseur.

Il n’existe cependant pas à l’heure actuelle de solution miracle, seulement des dispositifs à tester, notamment des systèmes sélectifs à l’entrée des ruches. Mais ces moyens coûtent cher et les apiculteurs ne bénéficient pas d’aide financière pour s’équiper.

Aurélie Toninato est journaliste à la section genevoise depuis 2010 et diplômée de l’Académie du journalisme et des médias. Après avoir couvert le domaine de l’Éducation, elle est désormais principalement responsable des questions liées à la Santé.Plus d’informations

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