Les collections ethnographiques de l’Université de Fribourg iront à Marly

Les collections ethnographiques de l’Université de Fribourg iront à Marly
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Contraints de quitter le Château de Bulle, les quelque 2 000 objets rassemblés par les ethnologues missionnaires de la Société du verbe divin rejoindront cet été le Centre d’innovation de Marly (MIC).

Les collections constituées au début du XXe siècle comprennent environ 2000 objets provenant de plusieurs continents. © Charly Rappo

Les collections constituées au début du XXe siècle comprennent environ 2000 objets provenant de plusieurs continents. © Charly Rappo

Publié le 12/04/2024

Après avoir failli se retrouver sans abri, les anciennes collections ethnographiques de l’Université de Fribourg ont enfin trouvé un nouveau foyer. Au début de cet été, ils quitteront les prisons désaffectées du Château de Bulle, où ils étaient temporairement hébergés, pour rejoindre le Centre d’Innovation de Marly (MIC).

Les quelque 2000 objets collectés durant la première moitié du XXe sièclee siècle par les ethnologues missionnaires de la Société du Verbe Divin (SVD) aurait normalement dû quitter la capitale de la Gruyère dès le mois de mars. «Nous avons obtenu un délai supplémentaire de la part de l’Etat de Fribourg», explique l’anthropologue et historienne de l’art Milène C. Rossi, présidente de l’association Pro Ethnographica, fondée il y a une dizaine d’années. par le professeur émérite d’anthropologie sociale François Ruegg afin de mettre en valeur ce trésor longtemps resté enfoui dans les caves de l’Université de Fribourg. Le déménagement à Marly est prévu le 1euh Juin.

Religieux d’exception

Ces outils, armes, masques et autres objets rituels venus d’Océanie, d’Afrique, du sous-continent indien ou encore d’Amérique du Nord font partie de diverses collections arrivées sur les bords de la Sarine sous la direction du père Wilhelm Schmidt (1868-1954). Co-fondateur de l’Institut Anthropos à Saint-Gabriel, près de Vienne, ce clerc hors du commun devient le premier titulaire de la chaire d’ethnologie à l’Université de Fribourg après avoir échappé aux persécutions du régime national-socialiste. Le fonds géré par Pro Ethnographica, dont les membres ont réalisé depuis dix ans un important travail d’inventaire et de catalogage avec l’aide notamment d’étudiants de la Haute Ecole Arc de Neuchâtel, comprend également des centaines de documents photographiques d’époque.

«Nous sommes ouverts aux demandes des musées»
Milene C. Rossi

« La solution trouvée au MIC présente de nombreux avantages, même si nous y aurons moins de surface au sol qu’à Bulle », explique Milène C. Rossi. « L’espace d’environ 100 m2 dont nous disposerons nous permettra de stocker les objets dans de très bonnes conditions, tout en ayant la possibilité d’accueillir des chercheurs souhaitant les étudier. Le site est facilement accessible en transports en commun ou en voiture et le cadre est agréable, ajoute-t-elle. “Au final, le seul bémol, c’est qu’on va devoir payer un loyer.”

Visites possibles

Si l’association dispose des assises nécessaires pour perdurer de nombreuses années à Marly, elle sera cependant contrainte de définir des solutions à long terme pour assurer des revenus suffisants. « C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre, avec peut-être des possibilités de synergies avec les autres acteurs présents sur le site de Marly », salue le président de Pro Ethnographica.

Les recherches actuellement menées sur les collections, dont celle – cofinancée par l’Office fédéral de la culture et la Loterie romande – relative à la provenance des objets et réalisée par l’entreprise biennoise spécialisée Lange & Schmutz, pourront se poursuivre. dans de bonnes conditions. . « Des visites sont également possibles pour le public, sur rendez-vous. Et nous sommes bien entendu ouverts aux demandes des musées souhaitant emprunter nos objets pour des expositions.

Un musée?

Les collections Pro Ethnographica intéressent de nombreux chercheurs, y compris étrangers. Depuis quelques temps, ils sont pris dans les débats autour du « patrimoine colonial ». Selon Milène C. Rossi, quelques personnes se sont adressées à l’association estimant que les objets devaient être restitués aux pays d’origine. « Mais nous n’avons été confrontés à aucun acte militant jusqu’à présent. Et aucune communauté Source ne nous a contacté pour demander le retour d’un objet.

Pour l’anthropologue François Ruegg, “le nouveau discours décolonial et antiraciste est presque religieux”

L’anthropologue et historienne de l’art assure qu’elle aimerait avoir des réponses simples à ces questions. « Mais les choses ne sont pas si claires. La Confédération ne consacrerait pas de ressources relativement importantes à la recherche de provenance s’il existait des réponses toutes faites.» Il est faux de prétendre que tous ces objets ont été volés, ajoute Milène C. Rossi. « Beaucoup d’anthropologues n’osent plus vraiment l’écrire, par peur des réactions. Même l’utilisation d’un terme comme « ethnicité » devient problématique. »

Pro Ethnographica a été approchée par un professeur qui lui a proposé de contribuer à la création d’un musée centré sur le thème du colonialisme, pour lequel les objets jouent un rôle clé. “Cela pourrait être l’occasion de soulever ces questions de manière constructive.”

Une base logique

Ce n’est pas un hasard si le trésor rassemblé par les missionnaires de la Société du Verbe Divin (SVD) a fini par atterrir au Centre d’Innovation de Marly (MIC). « Nous savions exactement ce dont Pro Ethnographica avait besoin », explique Jean Marc Métrailler, co-directeur du campus technologique créé sur le site de l’ancienne usine d’Ilford. Et pour cause : le MIC possède sa propre collection d’importance patrimoniale, retraçant l’histoire des sociétés Tellko, Ciba et Ilford.

« Nous avons une pièce de 60 m2 rempli d’archives et d’un petit musée à la Maison Cibachrome », explique le codirecteur. De quoi susciter l’intérêt des milieux académiques et spécialisés : un partenariat a notamment été conclu avec le Worcester Polytechnic Institute, aux Etats-Unis, dont les étudiants viennent régulièrement effectuer des recherches à Marly.

 
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