l’écoquartier Martin-Luther-King doit abandonner sa collecte innovante de déchets

l’écoquartier Martin-Luther-King doit abandonner sa collecte innovante de déchets
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Des camions poubelles arriveront bientôt sous ses fenêtres. Pourtant, en 2018, Anick avait choisi d’acheter un appartement dans l’écoquartier Martin Luther-King, à la limite du 17e arrondissement de Paris, pour s’épargner ce ballet matinal. « Avec le chauffage géothermique, la collecte pneumatique des déchets était un des arguments », reconnaît ce retraité de 70 ans.

Car depuis 2013, les dix-neuf bâtiments progressivement construits sur cette ancienne friche ferroviaire sont tous raccordés à ce système de collecte innovant. Les quelque 7 000 habitants qui y sont installés jettent leurs déchets ménagers et emballages dans des bornes dédiées, installées au pied des immeubles. Le tout est ensuite aspiré à 70 km/h par des canalisations souterraines jusqu’à « un terminal de collecte », situé en bordure du périphérique. Un premier point de passage avant que les déchets ne soient recyclés ou incinérés. «C’est royal», assure Anick. Il n’y a pas d’odeur et c’est très propre. »

« Nous sommes furieux ! »

Cette technologie ― censée réduire les émissions polluantes en limitant le recours aux camions ― faisait aussi partie des promesses de ce quartier « vert » modèle. Une zone de développement concertée rythmée par des constructions « basse énergie », des panneaux solaires et un grand parc de 10 ha.

Mais à partir du 19 mai, conteneurs et camions poubelles envahiront ce paysage « écoresponsable ». La Ville de Paris a décidé d’arrêter la collecte pneumatique et de revenir à un système de collecte traditionnel. «On est furieux», se plaint Anick. On se sent floué, la mairie nous met devant le fait accompli. » « Cela ne fera que nous causer des nuisances », affirme Élisabeth, une autre habitante du quartier.

Une décision que la Ville de Paris justifie, entre autres, par le coût « beaucoup trop élevé » de ce système. «On aurait aimé continuer», affirme Antoine Guillou, l’adjoint (PS) à la maire de Paris chargé de la propreté. Mais le contrat que nous avons avec Veolia, qui assure ce service, se termine le 19 mai. » Il y a quelques mois, la mairie a donc lancé un nouvel appel d’offres. « Veolia n’a pas souhaité répondre », explique l’élu. La seule entreprise candidate proposait des prix six fois supérieurs à ceux d’une collection traditionnelle. »

«Les véhicules de propreté ont même dû rentrer»

En 2022, la chambre régionale des comptes avait déjà identifié ce système « coûteux et peu efficace » dans un rapport sur la gestion des déchets par la Ville de Paris depuis 2015. Selon les calculs des magistrats, la collecte des pneus s’élevait à 912 euros la tonne. de déchets dans ce quartier, contre seulement 198 euros la tonne pour la collecte traditionnelle dans le reste de Paris.

Et la comparaison défavorable ne s’arrête pas là. « Les performances de tri sont également moins bonnes avec ce système », argumente Antoine Guillou. Environ 50 % des emballages finissent mélangés aux ordures ménagères après avoir été correctement triés, alors que c’est le cas de seulement 20 % des poubelles jaunes. »

Les tuyaux auraient également été sous-dimensionnés, ce qui évite de jeter des emballages d’une certaine taille sans les découper au préalable. Un problème qui aurait conduit à un « dumping sauvage », selon le député. « Les véhicules de nettoyage devaient parfois même revenir pour les enlever. » Comment expliquer une telle situation ? « C’était très innovant à l’époque où ce système a été installé », résume Antoine Guillou. Mais d’autres villes qui ont également fait ce choix comme Romainville (Seine-Saint-Denis) sont également en train d’y revenir. »

Des canalisations servant à faire passer la fibre optique ou à récupérer l’eau de pluie ?

Il ne reste qu’une installation de 20 millions d’euros qui sera au chômage d’ici quelques semaines. « C’est un fiasco écologique et financier, un gâchis », énumère Geoffroy Boulard, le maire (LR) du 17e arrondissement. Même s’il n’est pas inévitable que cela ne fonctionne pas. » Pour preuve, il cite l’exemple d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), où la collecte de pneus existe depuis dix ans dans un des quartiers de la ville.

“Ce qui se passe à Paris est le symbole d’une très mauvaise gestion”, dit-il. J’ai prévenu à plusieurs reprises qu’il fallait investir davantage pour optimiser les performances de ce système sous-exploité. Aujourd’hui, il ne fonctionne qu’à 60 %, même si les immeubles de bureaux auraient également pu y être reliés. » Le maire du district souhaite désormais que « toutes les possibilités de relance d’une procédure soient étudiées ». “On ne peut pas d’un côté dénoncer une mauvaise gestion et de l’autre demander l’extension du système”, rétorque le député socialiste.

En attendant, les habitants s’inquiètent de la transition entre l’ancien et le nouveau système. “Qui va sortir les poubelles à 6 heures du matin”, se demande déjà Anick, qui dénonce aussi “le manque d’information”. Une réunion publique est prévue… Mais seulement le 29 avril. « Trop juste pour s’adapter », s’agace encore cet habitant. Antoine Guillou tente de rassurer : « Nous ferons tout pour bien préparer cette transition. »

Mais une question restera encore sans réponse : que va devenir cet équipement ? Antoine Guillou évoque une possible réutilisation des canalisations pour faire passer la fibre optique ou pour récupérer l’eau de pluie. Des pistes qui devraient être étudiées dans les prochains mois.

 
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